Le pouvoir de la présidente argentine Cristina Kirchner a été mis à mal jeudi par un revers que lui a infligé le Parlement en rejetant un projet qui prévoyait d'augmenter les taxes sur les exportations de produits alimentaires.

Le projet, qui augmentait la pression fiscale sur les exportations de produits alimentaires et agro-alimentaires, a été rejeté grâce au vote du vice-président de la République, Julio Cobos, qui devait départager opposants et partisans de la mesure et dont les votes s'équilibraient (36 à 36).

Julio Cobos, membre dissident de l'Union civique radicale (UCR-social-démocrate), qui assure également, selon la constitution, les fonctions de président du Sénat, s'est défendu d'avoir trahi la présidente.

«Qu'elle envoie un autre projet, l'histoire me jugera», a affirmé M. Cobos qui, par son vote, passe de fait à l'opposition en s'alliant aux firmes agro-alimentaires et aux gros producteurs agricoles pour repousser le projet.

Cette mesure, pour le seul soja, devait générer 11 milliards de dollars de taxes sur une production estimée à 24 milliards de dollars.

L'Argentine est le premier exportateur mondial de farine et d'huile de soja, le quatrième pour le blé et le deuxième pour le maïs, selon le département américain pour l'Agriculture.

Le soja occupe plus de la moitié des terres cultivées en Argentine.

Le rejet du projet a été accueilli par des manifestations de joie et des embrassades par les grands producteurs agricoles qui ont tenu le gouvernement en échec pendant 128 jours en paralysant la distribution alimentaire.

Mme Kirchner et avant elle son mari, l'ex-président Nestor Kirchner, avaient fait de ce projet de loi un thème central de leur gouvernement en faisant valoir qu'il était destiné à une redistribution de la richesse dans un pays qui compte 12 millions de pauvres sur 40 millions d'habitants.