Les deux candidats à la Maison-Blanche, le démocrate Barack Obama et le républicain John McCain, en désaccord sur tout ou presque, souhaitent une augmentation du nombre de soldats en Afghanistan alors que des sondages révèlent que cette «guerre oubliée» reste soutenue par une majorité d'Américains.

Le sénateur de l'Illinois (nord) et celui de l'Arizona (sud-ouest) ont suggéré d'envoyer entre 10 000 et 15 000 soldats supplémentaires en Afghanistan.

Si M. Obama plaide depuis des années pour «recentrer» les ressources américaines sur le «combat contre Al-Qaeda en Afghanistan et au Pakistan» et considère que «la ligne de front centrale de la guerre contre le terrorisme n'est pas l'Irak et ne l'a jamais été», M. McCain a longtemps été réticent à faire de l'Afghanistan une priorité.

Interrogé fin juin pour savoir si les États-Unis avaient assez de forces pour combattre les talibans et Al-Qaeda en Afghanistan, le candidat républicain avait répondu oui. Mardi, pour la première fois, M. McCain a souhaité l'envoi d'au moins trois nouvelles brigades (soit entre 12 000 et 15 000 soldats) en Afghanistan et plaidé pour le doublement des effectifs de l'armée afghane, actuellement forte de 80 000 soldats.

Le candidat républicain qui s'oppose au retrait des troupes américaines d'Irak, est resté vague sur l'origine des renforts qu'il compte envoyer en Afghanistan. Il a indiqué mardi qu'une partie de ces soldats supplémentaires pourraient provenir de pays de l'OTAN engagés en Afghanistan. Des conseillers du sénateur de l'Arizona ont indiqué ensuite que les renforts pourraient venir de brigades qui ont quitté l'Irak ou sont sur le point de quitter ce pays.

M. Obama compte de son côté augmenter la présence militaire en Afghanistan grâce à un désengagement en Irak. Estimant que la «prédominance» de la question irakienne a «distrait» les États-Unis de la véritable menace terroriste, il a promis, s'il est élu président, de rapatrier la plupart des troupes américaines d'Irak avant l'été 2010.

Début juillet, le chef d'état-major interarmées américain, l'amiral Michael Mullen avait estimé que trois brigades supplémentaires seraient les bienvenues en Afghanistan suggérant que ces forces pourraient être disponibles au début de l'année 2009 si la situation continuait de s'améliorer en Irak. Cependant, les attentats suicide comme ceux commis mardi dans deux bastions d'Al-Qaeda en Irak et qui ont fait au moins 37 morts montrent que la sécurité demeure précaire dans ce pays.

M. McCain «doit expliquer comment il compte maintenir un grand nombre de soldats en Irak et en augmenter le nombre en Afghanistan tout en plaidant par ailleurs pour réduire le déficit budgétaire», a dit Susan Rice, la conseillère diplomatique de Barack Obama. «C'est totalement illogique», a-t-elle dit qualifiant le plan de M. McCain de «surréaliste».

Parfois surnommée «la guerre oubliée», l'Afghanistan, contrairement à l'Irak, fait rarement la Une des journaux. Pourtant, le mois dernier, davantage de soldats américains ont été tués en Afghanistan qu'en Irak. Dimanche, au cours de la journée la plus meurtrière de 2008 pour les quelque 70 000 soldats des deux forces multinationales en Afghanistan, l'une de l'OTAN, l'autre sous commandement américain, neuf soldats américains ont été tués dans l'est de l'Afghanistan, dans une région jusqu'alors réputée sûre.

Les Américains continuent majoritairement de penser que la guerre en Afghanistan, déclenchée après les attentats du 11-Septembre, était justifiée. Un sondage publié mardi par le Washington Post indique ainsi que 51% des Américains estiment que cette guerre vaut les sacrifices qui ont été consentis. Le même sondage révèle que 63% des Américains estiment que la guerre en Irak ne valait pas la peine.