Le gouvernement colombien a rejeté toute possibilité d'une médiation du président nicaraguayen Daniel Ortega dans le conflit en Colombie entre la guérilla et les autorités, dans une note de protestation remise jeudi au Nicaragua et rendue publique à Bogota.

Dans cette note, le gouvernement colombien exprime sa «protestation la plus énergique» contre les propos tenus par M. Ortega le 16 juillet, affirmant qu'il était disposé à contribuer à un processus de paix en Colombie, en réponse à une demande de ses «frères des Farc» (Forces armées révolutionnaires de Colombie) d'ouvrir un dialogue en ce sens.

«Le gouvernement colombien n'autorise ni n'avalise aucune démarche que prétend entreprendre M. Ortega en relation avec une organisation terroriste, dans ce cas les Farc, dans la mesure où cela constituerait une violation du principe de non-ingérence dans les affaires intérieures d'un Etat», poursuit la note officielle.

Le président du Nicaragua avait accepté mercredi soir une invitation au dialogue formulée par la guérilla colombienne des Farc pour «apporter la paix en Colombie», selon lui.

«Nous répondons aux frères des Farc que oui, nous sommes disposés a discuter, nous sommes prêts au dialogue, pour apporter la paix en Colombie (...) C'est un bon moment pour travailler pour la paix», avait déclaré M. Ortega.

Pour cette tâche, Daniel Ortega, ex-chef du Front sandiniste de libération nationale (FSLN, gauche), guérilla nicaraguayenne transformée en parti politique, met en avant son expérience au Nicaragua. M. Ortega est passé du statut de guérillero à celui de président constitutionnellement élu et il a lui-même été confronté à une guérilla financée et entraînée par les Etats-Unis, les «Contras», dans les années 1980.

La guérilla du FSLN a chassé du pouvoir en 1979 le dictateur Anastasio Somoza. Transformé en parti, le Front sandiniste a dirigé le pays jusqu'en 1990 avant de passer dans l'opposition jusqu'au retour de M. Ortega à la tête de l'Etat début 2007.

La médiation dans le conflit colombien serait pour Daniel Ortega une manière de s'extirper du contexte nicaraguayen où sa politique est de plus en plus critiquée.

Le président nicaraguayen, 63 ans, et le FSLN ont des sympathies historiques pour les mouvements latino-américains comme la guérilla des Farc, qui s'inscrivent dans le sillage de la révolution cubaine.