Le président français Nicolas Sarkozy, cherchant à sauver la réforme des institutions qu'il présente comme un de ses projets phares, a formulé mercredi de nouvelles propositions pour tenter de convaincre l'opposition socialiste, qui a cependant réitéré son opposition au texte.

Le patron des députés socialistes, Jean-Marc Ayrault, a déclaré mercredi à l'AFP que les propositions de Nicolas Sarkozy n'avaient eu «aucun effet» sur la position des députés socialistes, qui «unanimement voteront contre» la réforme des institutions au Congrès.

«C'est trop peu, trop tard, trop politicien», a-t-il réagi.

Si la réforme échoue, ce sera «un échec pour tout le monde et d'abord pour la démocratie, pour le Parlement, pour les droits des citoyens», a assuré M. Sarkozy dans une interview au quotidien Le Monde daté de jeudi.

Pour lui, cette réforme, qui modifie «quasiment la moitié des articles de la Constitution» actuelle datant de 1958, «vise à faire émerger une démocratie exemplaire».

Le Parlement doit se réunir en congrès à Versailles le 21 juillet pour voter sur ce texte dont l'élaboration a pris plusieurs mois et suscité de vifs débats. Pour passer, il doit réunir les suffrages de 60% des votants, ce qui nécessite les voix de membres de l'opposition.

La réforme vise à renforcer les pouvoirs du Parlement -qui aurait plus de moyens de contrôle et d'initiative- mais aussi ceux du président: celui-ci pourrait notamment s'adresser aux deux chambres réunies en congrès, ce qui lui est actuellement interdit au nom de la séparation des pouvoirs législatif et exécutif.

Alors que le Parti socialiste (PS) a mis, parmi ses demandes prioritaires, un rééquilibrage du temps de parole entre majorité et opposition, M. Sarkozy s'y dit «prêt» via la prise en compte des interventions présidentielles concernant «la politique française».

Mais il n'accède pas à d'autres demandes prioritaires des socialistes, par exemple sur la réforme du mode de scrutin au Sénat (chambre haute du parlement) actuellement très favorable à la droite.

D'une manière générale, M. Sarkozy «espère que les socialistes sincères comprendront qu'il y aurait une certaine forme de ridicule à ne pas voter une réforme dont ils n'ont cessé de rêver les contours sans jamais la mettre en oeuvre».