Téhéran n'acceptera aucune «menace» lors des négociations sur son programme nucléaire avec les grandes puissances à Genève, a averti mercredi le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei.

«L'Iran a décidé de participer aux négociations (sur le nucléaire) mais n'acceptera aucune menace (...), les lignes rouges de l'Iran sont très claires», a déclaré l'ayatollah Khamenei, affirmant qu»«aucune puissance ne pourra priver l'Iran de la technologie nucléaire».

«Si les autres parties respectent le peuple iranien, la dignité de la République islamique et ces lignes rouges, nos responsables négocieront, à condition que personne ne veuille menacer l'Iran», a souligné le guide iranien, dans des déclarations rapportées par la télévision d'État.

Il a également apporté un soutien remarqué à Mahmoud Ahmadinejad en affirmant que le président iranien exprimait la position du pays sur le nucléaire.

«Le Conseil suprême de la sécurité nationale, dirigé par le président de la République, est responsable de la question nucléaire et ce qu'expriment le président et les responsables sur le nucléaire est le fruit d'un consensus de tous les dirigeants du pays», a affirmé le guide suprême.

Le président Ahmadinejad a répété lundi soir que l'Iran n'acceptait pas «la pré-condition de la suspension» de l'enrichissement d'uranium, exigée par les grandes puissances.

Le négociateur nucléaire iranien, Saïd Jalili, qui est également secrétaire du Conseil suprême, doit rencontrer samedi à Genève le chef de la diplomatie de l'Union européenne Javier Solana pour de nouvelles discussions.

Le sous-secrétaire d'État américain pour les Affaires politiques, William J. Burns, N.3 du département d'État, assistera pour la première fois à cette rencontre.

Selon le quotidien américain Washington Post, le président George W. Bush a donné son accord à cette rencontre à Genève alors que les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (Chine, États-Unis, France, Grande-Bretagne et Russie) plus l'Allemagne tentent de trouver un accord avec Téhéran sur la question de son programme nucléaire.

Avant cette décision, Washington répétait depuis des mois que les États-Unis ne négocieraient avec l'Iran que s'il suspendait ses activités d'enrichissement.

Mi-juin, les six pays avaient soumis à Téhéran, par l'intermédiaire de M. Solana, un «paquet» de propositions sur le dossier nucléaire.

Ces propositions visent à engager des négociations sur des thèmes allant de l'énergie nucléaire à la politique, en passant par l'économie et un partenariat énergétique, moyennant des garanties sur l'arrêt par l'Iran de toute activité d'enrichissement d'uranium.

L'Iran a fourni début juillet une réponse à ce paquet de propositions dans laquelle la République islamique considère qu'il existe des «similarités» entre sa position et celle des Occidentaux pouvant «servir de base à des négociations globales».

Dans son discours, l'ayatollah Khamenei a également averti qu'une action militaire contre l'Iran ne restera pas sans réponse.

«Nous avons dit clairement que si on commet un acte stupide contre l'Iran, notre réponse sera frappante», a-t-il ajouté, menaçant directement le président Bush. «Certains disent (...) que Bush mènera une action (militaire contre l'Iran, ndlr) durant les derniers mois de son mandat (...) Si quelqu'un commet une telle action, le peuple iranien le poursuivra et le punira même s'il n'est plus au pouvoir», a-t-il dit. Le mandat de George W. Bush se termine en janvier 2009.

Les États-Unis et Israël, tout en assurant privilégier l'option diplomatique, n'ont pas exclu une action militaire contre Téhéran pour stopper le programme nucléaire de l'Iran, soupçonné de chercher à utiliser son programme d'enrichissement pour la construction de l'arme atomique.