L'Autorité de sûreté nucléaire française a imposé vendredi à Socatri, une filiale du groupe Areva, de suspendre l'activité de l'une de ses deux stations de traitement à la centrale nucléaire de Tricastin (sud-est), après un rejet accidentel d'uranium.

L'Autorité de sûreté nucléaire française a imposé vendredi à Socatri, une filiale du groupe Areva, de suspendre l'activité de l'une de ses deux stations de traitement à la centrale nucléaire de Tricastin (sud-est), après un rejet accidentel d'uranium.

L'ASN a demandé la suspension de l'activité de la plus vétuste des deux stations de traitements de Socatri à Tricastin, qui était en cours de rénovation, et de prendre des «mesures immédiates de mise en sécurité».

Dans la nuit de lundi à mardi, un dysfonctionnement lors d'un transfert entre deux cuves de Socatri a donné lieu à un rejet d'effluents contenant environ 75 kg d'uranium dans les cours d'eau proches du site. L'incident a finalement été déclaré sans risques par les autorités, mais a suscité les protestations des écologistes.

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Le collège de l'ASN, qui s'est réuni vendredi matin, a décidé d'imposer «à Socatri la suspension de l'arrivée d'effluents dans la station de traitement à l'origine de la pollution et des mesures immédiates de mise en sécurité».

Les inspections menées jeudi par l'ASN ont notamment révélé que «la mise en sécurité destinée à empêcher toute nouvelle pollution n'est pas complètement satisfaisante», indique un communiqué de l'ASN.

«Les conditions d'exploitation lors de l'incident présentaient des irrégularités par rapport aux dispositions réglementaires applicables», relève encore l'autorité de contrôle des activités nucléaires en France.

Ces constats donneront lieu à l'établissement d'un procès-verbal qui sera transmis au procureur de Carpentras (sud-est) qui décidera des suites judiciaires à donner à ce dossier, ont précisé des responsables de l'ASN lors d'une conférence de presse.

L'ASN, qui avait déjà signalé en mai que «la canalisation qui évacue les effluents liquides de Socatri a fait l'objet de fuites répétées en 2007», demande également à la filiale d'Areva de mettre en place «un plan de surveillance renforcée».

L'ASN a aussi dénoncé «la gestion de la crise par l'exploitant (Socatri) (qui) a montré des lacunes en matière d'information des pouvoirs publics».

Socatri a déclaré prendre «acte de la décision de l'ASN». «On va faire en sorte que ce genre d'incident ne se reproduise plus, y compris en matière de gestion de crise», a déclaré un porte-parole de la société, parlant au nom du directeur d'Areva au Tricastin, Hugues Blacher.

Selon la société, qui réalise des opérations de maintenance de matériels contaminés par de l'uranium et de traitement d'effluents uranifères, cette fermeture «n'aura pas de conséquences sur le reste de l'activité de la société».

L'incident a été classé au niveau 1 («anomalie») sur l'échelle internationale Ines qui évalue la gravité des événements touchant les installations nucléaires et compte 7 niveaux, a confirmé vendredi l'ASN.

Selon l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), la fuite d'uranium n'a pas contaminée l'eau de la nappe phréatique autour du site.

Un parti écologiste, Cap 21, a estimé vendredi que cet incident montrait qu'il fallait renoncer à «la privatisation de l'atome» projetée selon lui par le président français Nicolas Sarkozy. Les écologistes disent «craindre que les impératifs de rentabilité menacent davantage la sécurité des installations, en particulier celles liées au retraitement des déchets et au stockage».

Une manifestation est organisée samedi à Paris par le réseau Sortir du Nucléaire.