Le chef de l'opposition malaisienne Anwar Ibrahim, qui a passé une nuit en prison après avoir été arrêté mercredi sous l'accusation de sodomie, a été libéré sous caution jeudi, a annoncé son avocat.

«Il a été libéré, il ne se sent pas bien et va rentrer de suite chez lui», a indiqué à l'AFP son avocat Sankara Nair.

Sous le coup d'une accusation de sodomie à l'encontre d'un de ses assistants, M. Anwar a été arrêté mercredi en rentrant à son domicile par une vingtaine de policiers encagoulés, selon son entourage.

La justice de Malaisie, pays à majorité musulmane, réprime la «déviance sexuelle et les pratiques répréhensibles» par de lourdes peines d'emprisonnement.

Selon son avocat, M. Anwar, souffrant du dos, réclame un traitement médical d'urgence en raison d'une douleur qui s'est aggravée alors qu'il a passé la nuit «sur le sol en ciment de sa cellule».

En 1998, M. Anwar, alors vice-Premier ministre, avait été démis de ses fonctions et condamné à une peine de prison à la suite d'accusations de sodomie et de corruption qui avaient, selon lui, des motivations politiques.

Après avoir passé six ans en prison, il avait été libéré en 2004 lorsque sa condamnation pour sodomie avait été annulée.

Il avait effectué un spectaculaire retour sur la scène politique lors des élections législatives du 8 mars dernier, avant d'être une nouvelle fois accusé de sodomie à l'encontre d'un assistant âgé de 23 ans.

M. Anwar a été hospitalisé mercredi soir pour un examen médical lors duquel il a refusé un prélèvement d'ADN. «Nous avons autorisé un rapide examen médical mais nous avons refusé le prélèvement d'ADN, ils (la police) ont déjà son ADN», a expliqué son avocat.

M. Anwar a de nouveau estimé mercredi matin, avant son interpellation, que les accusations à son encontre étaient une tentative pour contrer son retour en politique.

«Il n'y a aucune base pour ces attaques malveillantes et fabriquées de toutes pièces. C'est juste une répétition du scénario de 1998», a-t-il déclaré. «Je les contesterai point par point», a-t-il ajouté.

Le 29 juin, M. Anwar s'était réfugié durant une journée à l'ambassade de Turquie à Kuala Lumpur, indiquant qu'il n'excluait pas une tentative d'assassinat pouvant être commanditée par le gouvernement.

Le chef du gouvernement malaisien, Abdullah Ahmad Badawi, investi pour un second mandat, est sorti fragilisé du scrutin de mars qui a marqué un sérieux revers pour la coalition au pouvoir.

Convoquée après la dissolution du Parlement le 13 février, la consultation a été marquée par le succès du Keadilan, la formation de M. Anwar, qui a remporté 31 sièges, devenant le premier parti d'opposition au Parlement. L'opposition a ravi quatre des douze Etats de la Fédération et en contrôle désormais cinq.

Lors du précédent scrutin de 2004, la coalition au pouvoir, le Barisan, avait raflé plus de 90% des sièges. Il n'en a décroché en mars que 137 sur 222.