«C'est l'économie, imbécile!». La formule employée il y a 16 ans par Bill Clinton lors de sa conquête victorieuse de la Maison Blanche semble plus que jamais d'actualité: c'est bien sur cette question que pourrait se jouer la présidentielle du 4 novembre entre Barack Obama et John McCain, alors que le ralentissement économique actuel aux États-Unis inquiète les Américains.

La signaux négatifs s'accumulent: le marché a dévissé la semaine dernière, le chômage est en hausse, les cours du pétrole atteignent des niveaux records et les prix des logements ont chuté. Des évolutions qui ont relégué au second plan la question de la guerre en Irak, dont beaucoup avaient pourtant prédit qu'elle dominerait la campagne électorale.

Barack Obama utilise le thème du ralentissement de l'économie américaine pour attaquer John McCain. Il décrit le candidat républicain comme s'inscrivant dans la continuité des politiques menées par un président George W. Bush devenu très impopulaire.

De son côté, John McCain joue sur un autre registre, cherchant à mettre en avant ses compétences en matière de sécurité et de politique étrangère. L'ancien héros de la guerre au Vietnam estime que les États-Unis sont en passe de gagner la guerre en Irak et juge imprudente la proposition de son rival de procéder à un retrait des soldats américains déployés dans le pays durant les 16 premiers mois de sa présidence.

Bill Clinton, l'auteur du fameux «it's the economy, stupid!», avait réussi à l'emporter sur le président sortant George Bush père en 1992 alors que l'économie américaine traversait une mauvaise passe, et ce bien que son adversaire jouissait d'une forte popularité au sortir de la guerre du Golfe.

Sa victoire avait révélé l'ampleur de l'inquiétude des Américains sur les questions économiques. Or, à en croire les sondages, l'économie est à nouveau la principale préoccupation des électeurs, devant les dossiers de politique étrangère, en particulier l'Irak.

Les candidats des deux grands partis cherchent par ailleurs à courtiser le vote hispanique avec le dossier de l'immigration. Le sort des clandestins en provenance d'Amérique latine, notamment du Mexique, est un des enjeux clés de la campagne, et une source d'inquiétude pour une classe ouvrière qui craint des pertes d'emplois à cause de la concurrence d'une main-d'oeuvre bon marché.

John McCain fait de la réforme de l'immigration, question ô combien importante pour les Hispaniques, sa «grande priorité». Il a co-parrainé une loi bipartisane au Sénat l'an dernier qui aurait réformé le système d'immigration et amélioré la sécurité de la frontière, un texte qui divisait les républicains, ses détracteurs demandant uniquement un renforcement de la surveillance frontalière.

Mais le texte a été enterré et durant la course à l'investiture républicaine, le sénateur de l'Arizona a souligné la nécessité de renforcer d'abord la frontière avant d'introduire d'autres réformes, qu'il juge toutefois toujours nécessaires.

McCain et Obama se sont exprimés séparément ce week-end devant des participants à la conférence de l'Association nationale des responsables latinos élus et nommés. Il s'agissait de la première des trois apparitions qu'ils doivent faire en un mois devant des organisations hispaniques, signe de l'importance de cet électorat particulièrement influent dans des Etats disputés comme le Nevada, le Colorado et le Nouveau-Mexique.

Durant son discours, Barack Obama a accusé son rival de se détourner d'une réforme globale de l'immigration. Reste que le vote latino est loin d'être acquis au sénateur de l'Illinois. Durant les primaires démocrates, les Hispaniques ont affiché une nette préférence pour Hillary Clinton en votant presque deux fois plus pour elle que pour M. Obama.

De son côté, John McCain espère profiter de la récente poussée du Parti républicain dans l'électorat hispanique. M. Bush a ainsi obtenu environ 40% du vote hispanique en 2004, un chiffre record pour un candidat républicain à l'élection présidentielle.

McCain et Obama sont favorables à la possibilité pour des millions d'immigrés clandestins aux États-Unis d'accéder à la citoyenneté.