La ministre allemande de la Recherche estime que son pays devrait renoncer à sortir du nucléaire et même envisager de construire de nouvelles centrales, afin de lutter contre le changement climatique. La question divise une nouvelle fois la large coalition gauche-droite au pouvoir et pourrait s'imposer dans les élections prévues pour l'an prochain.

Le précédent gouvernement de centre-gauche de Gerhard Schroder s'était engagé à fermer les 17 centrales nucléaires du pays à l'horizon 2021 mais l'actuelle ministre conservatrice de la Recherche ne partage pas son point de vue.

«Nous devons sortir de la décision de sortir» du nucléaire, déclare Annette Schavan, membre de l'Union démocrate-chrétienne (CDU) de la chancelière Angela Merkel, citée dans l'édition dominicale du journal Bild am Sonntag.

Les Allemands, poursuit-elle doivent «d'urgence» prolonger la vie de leurs centrales pour «contribuer à l'effort mondial de protection du climat et à la fourniture d'énergie durable», poursuit la ministre. «Construire de nouvelles centrales nucléaires en Allemagne n'est pas à l'ordre du jour en Allemagne aujourd'hui, mais qui peut dire si ce sera toujours le cas dans dix ans?», souligne-t-elle.

Angela Merkel est elle aussi opposé à la sortie du nucléaire mais elle a accepté de respecter l'engagement du précédent gouvernement lors de la formation de la grande coalition en 2005. Le dossier du nucléaire pourrait faciliter la rupture de l'alliance contre nature au scrutin de l'an prochain.

Peter Struck, chef du groupe socio-démocrate (SPD) au Bundestag, la chambre basse du Parlement, a pour sa part estimé, selon le Tagesspiegel, qu'allonger la durée de vie des centrales serait «irresponsable tant que la question de l'élimination des déchets hautement radioactive ne serait pas réglée». Si Mme Merkel «veut faire du nucléaire une question électorale, je lui dis: 'Allez-y!» Les gens sont conscients de leur responsabilité envers leurs enfants et petits-enfants», a-t-il ajouté.

Mais un sondage publié en milieu de semaine suggère que l'opinion publique pourrait changer d'avis étant donné l'envolée des prix du pétrole. L'enquête Infratest Dimap suggère que 51% des Allemands soutiennent la sortie du nucléaire, alors qu'ils étaient 58% en décembre 2007 (marge d'erreur: plus ou moins 3;1 points de pourcentage).