Nicolas Sarkozy, président en exercice du Conseil européen, se rendra lundi après-midi à Dublin pour rencontrer le premier ministre irlandais Brian Cowen, mais aussi «pour écouter» des personnalités de la société civile et politique afin de «comprendre» pourquoi la majorité des électeurs ont dit «non» au Traité de Lisbonne lors du référendum du 12 juin dernier.

«Le plus important, c'est d'apporter de véritables réponses aux inquiétudes des Irlandais», a assuré le président français dans un entretien publié samedi par l'Irish Times, en disant aussi devoir trouver «une solution qui réconcilie l'ensemble de la famille européenne».

Dans la semaine, des propos attribués à Nicolas Sarkozy, qui aurait jugé devant les députés UMP à l'Élysée que l'Irlande devra revoter, ont été fraîchement accueillis dans le pays. Le chef du Parti travailliste (opposition) Eamon Gilmore avait même estimé que M. Sarkozy avait «sérieusement mis les pieds dans le plat».

Dans le même temps, le président français écarte l'idée d'une nouvelle Conférence intergouvernementale qui renégocierait le texte et explique que «le choix est entre (le traité de) Nice et Lisbonne».

«Cela fait maintenant plus de dix ans que nous débattons des questions institutionnelles. Elles ont été examinées dans le moindre détail. Il est temps d'en finir», estime M. Sarkozy, qui dit ne pas croire «que les 26 partenaires de l'Irlande soient prêts à s'engager dans une nouvelle» CIG.

«Un blocage persistant aurait des conséquences sur l'élargissement mais aussi sur la Commission puisque si l'on en reste à Nice, la Commission sera plafonnée dès l'année prochaine», prévient le président français. Alors que certains électeurs irlandais étaient préoccupés par la perte éventuelle d'un commissaire permanent en 2014, Nicolas Sarkozy estime qu'ils «ont pris le risque de perdre le commissaire irlandais dès 2009 au lieu de 2014».

Le chef de l'État français réitère son souhait de pouvoir proposer une solution ou au moins une méthode lors du Conseil européen d'octobre ou de décembre, car «les Européens doivent savoir sur quelles bases ils éliront leurs représentants au Parlement européen» en juin 2009. «Il faudra bien savoir un peu à l'avance sous quel régime juridique, Nice ou Lisbonne, nous prendrons ces décisions: c'est le rôle de la Présidence que de préparer ces échéances; elle le fera naturellement dans le respect du vote exprimé par les Irlandais».

Le président français se dit convaincu que les électeurs irlandais «n'ont pas simplement voulu garder le traité de Nice», mais pense «qu'ils ont plutôt voulu faire part de leurs inquiétudes et de leurs critiques sur la manière dont l'Europe fonctionne».

Faisant référence au projet de Constitution européenne, rejeté par une majorité des Français lors du référendum du 29 mai 2005, l'entourage de M. Sarkozy note que comme l'Irlande, la France est aussi un pays qui a dit «non», et que «s'il y a un président du Conseil européen qui peut faire preuve de compréhension à l'égard des Irlandais», c'est bien Nicolas Sarkozy.

Sans évoquer directement un possible nouveau vote des Irlandais, l'Élysée remarque aussi que l'Irlande avait rejeté le Traité de Nice en 2001 avant de finalement l'accepter.

Attendu à 13h lundi à Dublin, M. Sarkozy, qui aura un entretien en tête à tête et un déjeuner de travail avec Brian Cowen, souhaite savoir comment ce dernier «voit les choses», précise l'Elysée. Les deux hommes devraient aussi discuter de l'OMC et de divers sujets européens et internationaux.

Selon son entourage, le président français rencontrera ensuite à huis clos les chefs de plusieurs formations politiques, puis des personnalités irlandaises à la Résidence de France à Dublin, «afin de lui permettre de mieux comprendre les raisons du vote du 12 juin».

Enfin, Nicolas Sarkozy et Brian Cowen tiendront une conférence de presse conjointe à 17h.