La chambre haute du parlement allemand, représentant les Lander, a approuvé vendredi une résolution demandant que l'assistance organisée ou commerciale au suicide soit désormais punie par la loi, sur fond de polémique après le suicide médiatisé d'une femme de 79 ans.

Les élus du Bundesrat, qui devaient initialement se prononcer sur une proposition de loi en ce sens, y ont finalement renoncé faute d'accord sur les modalités du texte.

Treize des 16 Etats régionaux ont donc finalement préféré approuver une résolution qui propose que d'ici la fin de l'année la loi punisse d'une peine de prison toute personne créant «une association visant à procurer à autrui l'occasion de se suicider».

«Nous devons mettre fin aux agissements des charlatans de la mort», a expliqué la ministre de la Justice de la très catholique Bavière, Beate Merk. «Nous voulons pénaliser ce commerce cynique avec la mort», a renchéri son homologue de Thuringe, Marion Walsmann.

Le débat, qui couve depuis des années, a été relancé ce week-end par le suicide d'une septuagénaire lasse de la vie mais sans problèmes de santé particuliers. Elle avait été conseillée par un défenseur actif de l'euthanasie, Roger Kusch, ancien ministre de la Justice de l'Etat régional de Hambourg (nord).

Ce dernier -- qui n'était pas présent lorsque la vieille dame a rendu son dernier souffle -- a ensuite diffusé à la presse des extraits des vidéos tournées lors de ses entretiens avec la femme, qui affirmait ne pas vouloir finir en maison de retraite.

L'affaire a suscité une avalanche de réactions dans un pays où le suicide n'est pas interdit, mais que l'expérience du nazisme et de ses pratiques eugéniques -- qui se sont soldées par la mort de quelque 100.000 personnes, notamment des malades mentaux -- a rendu extrêmement méfiant envers l'euthanasie, qui demeure interdite.

La chancelière conservatrice Angela Merkel est intervenue dans le débat mercredi. «Je suis tout à fait contre le suicide assisté, sous n'importe quelle forme,» a-t-elle déclaré à la chaîne N24.

Roger Kusch est un «cynique arrogant», a fustigé de son côté le président de l'Ordre des médecins, Jörg-Dietrich Hoppe.

Les changements de législation envisagés par le parlement ne visent pas, en premier lieu, M. Kusch, qui conseille à titre personnel et gratuitement les personnes voulant en finir avec la vie mais évite de les aider matériellement, ce qui serait illégal.

Les législateurs souhaitent plutôt éviter de voir des organisations comme Dignitas, une association suisse d'aide au suicide, offrir conseils et assistance active.

Dignitas a défrayé la chronique ces dernières années en Allemagne en acceptant d'aider des Allemands à mourir.

En octobre, elle avait notamment aidé deux Allemands à mettre fin à leurs jours dans leurs véhicules stationnés en bordure de route en Suisse.