Rassurée sur son état de santé par les médecins à Paris, l'ex-otage Ingrid Betancourt a pu consacrer dimanche du temps à ses amis et à sa famille, s'écartant un peu du tourbillon médiatique déclenché par sa libération en dépit d'un programme qui s'annonce encore chargé.

Désireuse de se «déconnecter un petit peu», la Franco-Colombienne a déjeuné dimanche dans un restaurant parisien avec l'ancien premier ministre Dominique de Villepin, son «ami» et ancien professeur à Sciences-Po Paris.

Ce dernier, qu'elle avait remercié après sa libération mercredi, n'avait participé à aucune réception officielle en l'honneur de l'ex-otage depuis son arrivée à Paris vendredi.

«Cette joie, si je voulais la partager avec quelqu'un, c'est évidemment avec lui», a déclaré Ingrid Betancourt, avant d'aller prier dans l'église Saint-Sulpice, non loin du restaurant. Une vingtaine de photographes et caméramans étaient présents.

Très pieuse, l'ex-otage a à de nombreuses reprises remercié Dieu pour le «miracle» de sa libération.

En ce dimanche de repos, Ingrid Betancourt a tout de même tenu à s'adresser aux otages détenus par les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) dans la jungle.

«Je sais que la liberté est pour très bientôt», leur a-t-elle assuré depuis l'hôtel Raphael, où elle séjourne avec sa famille.

Elle s'exprimait en direct sur radio Caracol, dans l'émission que les otages peuvent entendre de minuit à cinq heures du matin et grâce à laquelle elle a pu recevoir quotidiennement, durant six ans et quatre mois de captivité, des messages de sa mère.

Ingrid Betancourt affirme désormais vouloir passer plus de temps «toute seule» avec ses enfants, Mélanie, 22 ans, et Lorenzo, 19 ans.

«On a soif d'être ensemble pour avoir des heures devant nous, à nous raconter plein de choses», a-t-elle assuré samedi soir à la télévision.

Déclarations publiques, multiples interviews, réceptions officielles: depuis qu'elle a quitté la jungle grâce à une opération de l'armée colombienne, l'ex-otage ne cesse de raconter sa détention, sa joie face à la liberté retrouvée, et de remercier ceux qui l'ont soutenue.

«Dans un état second», Ingrid Betancourt expliquait ce week-end avoir eu «besoin» de ce contact avide avec le monde extérieur.

«Je voulais dire aux Français combien je les aime, pouvoir physiquement être là avec eux. J'en avais besoin, tout autant que de repos», a-t-elle confié.

Les médecins, qui l'ont examinée samedi à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce à Paris, lui ont fortement recommandé de se reposer.

Pour le reste, ils «m'ont comblée de bonnes nouvelles», a assuré Ingrid Betancourt, «très surprise» de ne pas avoir de séquelles physiques après les maladies à répétitions et les «sévices» qu'elle a subis.

Mais l'emploi du temps d'Ingrid Betancourt, qui pense «rentrer en Colombie dans quelques jours», devrait rester chargé. Elle pourrait être notamment reçue rapidement à l'Assemblée nationale.

L'ex-otage a également émis le souhait de se rendre la semaine prochaine au Vatican et d'aller au site marial de Lourdes (sud-ouest de la France).

Elle a également été conviée par le président Nicolas Sarkozy à assister au défilé du 14 juillet, la fête nationale, sur les Champs Élysées, et devrait être décorée ce jour-là de la Légion d'Honneur.

À plus long terme, Ingrid Betancourt assure vouloir en priorité «lutter pour faire libérer les otages en Colombie et dans le reste du monde».

L'ex-otage pense également à l'écriture d'une pièce de théâtre «pour que les gens comprennent (...) ce que nous sommes au fond de nous. Nous pouvons être des anges mais nous pouvons aussi être des démons pour l'autre», a-t-elle expliqué.