L'état d'urgence a été levé samedi à minuit (midi, heure de Montréal) en Mongolie où le président Nambariin Enkhbayar a lancé à la télévision un appel au calme après des violences post-électorales qui avaient fait cinq morts.

«Nous pouvons discuter de la situation mais loyalement et sans violence», a déclaré M. Enkhbayar au cours d'une conférence de presse retransmise par la télévision nationale pour la fin des mesures d'exception comme le couvre-feu décrétées mardi soir.

Des soupçons de fraude électorale aux législatives organisées dimanche en Mongolie avaient déclenché de violentes manifestations mardi à Oulan Bator.

«Tout le monde doit travailler pour le pays. Si vous pensez que quelque chose va mal, vous devez en discuter pacifiquement», a poursuivi le président Enkhbayar.

«Nous ne devrions pas résoudre la crise à travers des combats. Nous devrions travailler ensemble et résoudre le problème par des moyens légaux», a-t-il souligné.

Oulan Bator avait entamé son retour à la normalité dès le lendemain des manifestations et les militaires appelés en renfort avaient disparu dès jeudi des rues de la capitale mongole.

Pour tenter de prévenir toute nouvelle flambée de violence, les principaux responsables politiques se sont réunis samedi pour aplanir leurs différends, a indiqué Yondon Otgonbayar, secrétaire général du Parti populaire révolutionnaire mongol (PPRM, anciens communistes), vainqueur des élections.

«Ils se sont mis d'accord pour soumettre à une commission parlementaire permanente les soupçons selon lesquels la commission électorale n'a pas fonctionné correctement», a-t-il déclaré.

Les secrétaires généraux des différents partis ont prévu de se rencontrer à nouveau dimanche pour étudier leurs griefs concernant le scrutin et décider quelles plaintes valaient la peine d'être poursuivies, selon M. Otgonbayar.

Les partis s'étaient déjà entendus vendredi sur une déclaration commune appelant la population au calme et à la résolution des conflits par la voie pacifique.

Certains habitants restaient toutefois inquiets. «Mon pays traverse un moment important et la situation politique n'est pas stable. Si des manifestations devaient se reproduire, des tas de gens pourraient être blessés ou tués», a souligné samedi Naraa Baatar, 19 ans.

Outre les cinq morts, les manifestations de mardi avaient fait plus de 300 blessés. 8.000 personnes avaient manifesté dans le centre d'Oulan Bator après que le PPRM eut revendiqué la victoire aux législatives sans attendre les résultats officiels.

Des centaines de manifestants s'étaient violemment opposés à la police anti-émeutes avant d'incendier le siège du PPRM.

Jeudi, la Commission électorale a confirmé la victoire du PPRM et affirmé que le scrutin avait été honnête mais n'a pas levé tous les doutes sur le déroulement du scrutin, notamment au sein du parti des Démocrates, principal opposant aux anciens communistes.

«Je pense qu'il va y avoir d'autres manifestations parce que les élections ont été malhonnêtes», a affirmé Bayanbat Ganba, un employé de banque de 21 ans.

Beaucoup de Mongols ont été choqués par les violences, alors que le pays était passé au multipartisme en 1990 sans la moindre effusion de sang, tournant pacifiquement la page de 70 ans de communisme.