Le candidat démocrate à la présidentielle américaine, Barack Obama, entre mardi dans le champ de mines du Proche-Orient, la partie la plus risquée de sa tournée internationale où toute erreur pourrait lui coûter l'élection de novembre.

Après une escale à Amman où il doit être reçu par le roi Abdallah II de Jordanie, il se rendra en soirée en Israël et dans les territoires palestiniens, dont les habitants ont été choqués par ses déclarations sur le statut de Jérusalem.

«La Jordanie est un pays très important de la région, elle a joué un rôle important dans le processus de paix» israélo-palestinien, estime l'un des conseillers du sénateur de l'Illinois, sous couvert de l'anonymat.

Mais pour ce conseiller, M. Obama n'agira pas comme un président américain en puissance et sera en Jordanie pour écouter. «Nous avons un président, le sénateur Obama n'est pas là pour conduire une politique ou négocier, mais pour avoir un échange de vues très utile», dit-il.

Lundi, lors d'une allocution aux États-Unis, le roi Abdallah II a appelé à un rôle accru de Washington dans l'avenir.

«La paix au Moyen Orient est possible (...) mais pour faire bouger les choses dans la bonne direction, nos pays doivent diriger la volonté d'agir, et les États-Unis ont un rôle crucial», a affirmé le souverain hachémite.

En Israël, Barack Obama rencontrera les principaux responsables politiques, du premier ministre Ehud Olmert au chef du Likoud (opposition de droite) Benjamin Netanyahu. A Ramallah, il sera reçu par le président palestinien Mahmoud Abbas.

Il visitera également la ville de Sdérot (sud d'Israël), cible régulières d'attaques de roquettes palestiniennes avant l'entrée en vigueur d'une trêve le 19 juin entre l'État hébreu et le Hamas.

En mars, son concurrent républicain dans la course à la Maison-Blanche, John McCain, s'était rendu en Israël mais pas dans les territoires palestiniens.

Les responsables israéliens ont fait preuve de réserves sur les propositions de campagne de M. Obama, notamment sur le dossier du nucléaire iranien dans lequel il préconise un dialogue direct avec Téhéran.

«Il y a une certaine crainte en Israël car Obama représente surtout le changement, et Israël n'aime pas le changement», a affirmé un haut responsable israélien à l'AFP sous couvert de l'anonymat.

«Nous étions très satisfaits de la politique de l'administration Bush envers Israël, spécialement sur le dossier iranien. Je doute qu'Obama sera suffisamment agressif face à la menace nucléaire iranienne», a-t-il ajouté.

A Ramallah, le sénateur noir sera attendu au tournant après ses déclarations début juin devant le principal lobby pro-israélien aux États-Unis.

Il avait estimé que Jérusalem devait «rester la capitale d'Israël» et «demeurer indivisible», suscitant la satisfaction d'Israël mais provoquant le mécontentement de l'Iran et des Palestiniens, qui veulent en faire la capitale de leur futur État alors que sa partie Est est annexée par l'État hébreu depuis 1967.

«Il a répété que Jérusalem doit être l'un des points du statut final négocié par les deux parties, que Jérusalem restera la capitale d'Israël mais qu'elle ne doit pas être divisée par des barbelés et des points de passage», a indiqué mardi un autre conseiller de M. Obama pour clarifier ses propos.

Côté palestinien, le message sera clair. «Nous lui dirons: assez des communiqués de la communauté internationale» et «pas de paix sans Jérusalem comme capitale des deux États», a indiqué le conseiller politique de M. Abbas, Nimr Hamad.

Cette tournée internationale, qui se poursuit en Europe avec des étapes en Allemagne, en France et en Grande-Bretagne, est destinée à prouver que M. Obama, 46 ans, a l'étoffe d'un commandant en chef, l'un des rares domaines où il est devancé par John McCain.

A Bagdad, M. Obama a reconnu ne pas avoir anticipé l'effet combiné de l'envoi de renforts en Irak en 2007, auquel il s'était opposé, et des facteurs locaux dans la baisse des violences.