Bruxelles a demandé mercredi aux pays européens d'interdire l'importation des peaux de phoques pour protester contre les «pratiques répugnantes» constatées au Canada et dans les autre pays pratiquant cette chasse.

«L'objectif principal de cette proposition est d'interdire les méthodes de chasse cruelles et ce dès la prochaine campagne de chasse», a expliqué à la presse le commissaire européen à l'Environnement, Stavros Dimas.

La mesure vise essentiellement le Canada, où les chasseurs ont été autorisés ce printemps à tuer 275.000 phoques sur la façade atlantique du pays, soit près du tiers des jeunes phoques abattus chaque année, sur une population de 16 millions.

Le gouvernement canadien a averti qu'il ne resterait pas «les bras croisés» si la Commission européenne demandait cette interdiction.

Les autres pays où cette chasse est pratiquée sont le Groenland, l'Islande, la Namibie, la Norvège, la Russie, les États-Unis, et au sein de l'UE, la Suède, la Finlande et le Royaume-Uni, précise la Commission.

Cette interdiction, si elle est approuvée, «aura un impact considérable» car un tiers des peaux de phoques sont destinées à l'Union européenne (UE) ou transitent par elle, a assuré M. Dimas.

«Je suis convaincu que nous avons pris la bonne décision», a affirmé le commissaire. Des amendes sont prévues pour non respect de l'interdiction.

Stavros Dimas espère une approbation rapide de cette proposition par le Parlement européen et les États. Il compte sur le soutien du président français Nicolas Sarkozy, dont le pays préside l'UE jusqu'au 31 décembre, et des pays désireux de mettre un terme à ces pratiques.

L'ancienne star du cinéma français Brigitte Bardot, pionnière de la lutte contre la chasse aux jeunes phoques, a appelé mercredi M. Sarkozy à soutenir cette proposition.

«Monsieur le président, cher Nicolas, lorsqu'on a le pouvoir de mettre fin à un massacre qui écoeure le monde, ce pouvoir devient un devoir», écrit-elle dans une lettre dont l'AFP a obtenu une copie.

Brigitte Bardot proteste toutefois contre «la possibilité de poursuivre les massacres s'ils sont faits humainement».

«Le commerce des produits dérivés du phoque sera uniquement autorisé lorsqu'il sera démontré que les méthodes de chasse n'ont pas provoqué de douleurs ou de souffrances inutiles», a expliqué M. Dimas.

«Un système de certification sera mis en place» dans les pays qui poursuivront la chasse, a-t-il indiqué.

Le commissaire a toutefois reconnu que de telles «pratiques humaines seront difficiles à définir».

Mais cette disposition était nécessaire pour ne pas contrevenir aux règles de l'Organisation du commerce mondial (OMC).

Une dérogation est par ailleurs prévue pour la chasse traditionnelle au phoque pratiquée par les communautés Inuit en Sibérie, en Alaska (États-Unis), au Canada et au Groenland.

De difficiles négociations sont en vue pour obtenir l'accord des États de l'UE pratiquant la chasse au phoque. La Suède va chercher à modifier la proposition, comme a tenté de le faire la commissaire européenne chargée de la Communication, la Suédoise Margot Wallström, a-t-on appris de sources de l'UE.

M. Dimas compte sur l'opinion publique, choquée par les images de jeunes phoques sanguinolents achevés à coup de bâtons ou plus simplement crocheté à la tête encore vivants, puis écorchés par les chasseurs.