Le patron de l'antiterrorisme français Bernard Squarcini assure que la menace d'un attentat sur le sol français «n'a jamais été aussi grande», citant comme principale source d'inquiétude Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), dans une interview ce week-end accordée au Journal du dimanche.

«Nous sommes aujourd'hui au même niveau de menaces qu'en 1995», année marquée par une vague d'attentats en France, estime le chef de la Direction centrale du renseignement intérieur. «Tous les clignotants sont dans le rouge», ajoute-t-il. «Aujourd'hui, compte tenu des signalements qui nous sont transmis par nos partenaires étrangers et de nos propres observations, il y a des raisons objectives d'être inquiets. La menace n'a jamais été aussi grande».

Selon M. Squarcini, «la menace en France est triple: le Français converti qui se radicalise et monte son opération seul; Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), qui dépêche un commando pour commettre des attentats en France; et les djihadistes, ces Français qui partent en Afghanistan ou au Yémen, demain en Somalie et qui reviennent clandestinement, aguerris, pour poursuivre leur combat sur le sol français».

Interrogé plus précisément sur AQMI, le responsable répond: «on s'attend à avoir des attentats sur notre territoire». AQMI «est une franchise d'Al-Qaïda: ils essaient de suivre les mêmes objectifs que la maison mère», explique-t-il. «Il y a 15 ans, quand nous avons subi la série d'attentats de 1995, la menace nous arrivait uniquement de l'est d'Alger. Elle s'est considérablement étendue.»

Six membres d'AQMI avaient été tués pendant un raid en juillet au Mali pour libérer l'otage français Michel Germaneau. L'AQMI a annoncé ensuite avoir exécuté le Français le 24 juillet pour venger la mort de ses membres et a appelé à des représailles contre la France.

Mais M. Squarcini dément toute radicalisation significative des musulmans de France. «Sur six millions de musulmans en France, il y a peut-être 300 individus qui posent problème» et une «trentaine» de lieux de culte sur quelque 1800, dit-il.