Le restaurant Mon Lapin poursuit son irrésistible ascension. L’établissement installé depuis 2018 dans la Petite Italie trône désormais au sommet du palmarès Canada’s 100 Best, la référence canadienne en la matière, un bond de cinq places par rapport à 2022.

C’est d’abord avec une certaine dose d’incrédulité que l’équipe de Mon Lapin a réagi à la nouvelle. « On est super contents, mais on ne s’attendait pas à ça. On souffre un peu du syndrome de l’imposteur, nous dit le chef et copropriétaire Marc-Olivier Frappier. On ne travaille jamais pour ces prix-là, mais ça fait vraiment plaisir. »

Le plus récent palmarès des 100 meilleurs restaurants au pays témoigne en effet de la direction que prend la restauration au Canada, mais aussi du fait que les juges doivent voter, depuis l’an dernier, pour la qualité de la nourriture avant tout, plutôt que de juger, comme par le passé, de l’expérience complète au restaurant, qui comprenait le service, le décor ou la carte des vins. On tient encore compte de ces éléments, mais ils sont dorénavant répertoriés au sein de palmarès secondaires. « La cuisine de Mon Lapin est très disciplinée, le service est impeccable, mais c’est tout sauf prétentieux, on injecte une dose de plaisir dans la cuisine gastronomique, c’est la voie du futur », soutient Jacob Richler, éditeur en chef de Canada’s 100 Best.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Le chef Marc-Olivier Frappier, l’un des copropriétaires de Mon Lapin

On a ainsi droit à un palmarès de plus en plus hétérogène où se côtoient des tables comme Mon Lapin et Alo, établissement haut de gamme torontois qui arrive cette année en deuxième place — le restaurant étoilé Michelin de la rue Spadina est un abonné du top 10 du Canada’s 100 Best. « On est toujours un peu mitigés quand on parle de récompenses, souligne Marc-Olivier Frappier. Comme dans la musique ou dans l’art, donner un grade à quelque chose comme la cuisine est extrêmement suggestif. Aussi, mettre tous les restos dans le même bateau est quelque chose d’abstrait. Mais ça vient avec une reconnaissance qui représente quelque chose de très rassembleur pour l’équipe. Et le palmarès Canada’s 100 Best s’est positionné comme la liste que les gens regardent le plus au pays, alors on est vraiment contents. »

Plaisir et dynamisme

« C’est certainement un beau coup de chapeau pour ce que l’on accomplit, un énorme merci à une échelle un peu différente, ajoute de son côté le sommelier Alex Landry. On prend plaisir à faire ce qu’on fait, le fun dining est désormais quelque chose que les gens reconnaissent et qu’ils prennent plaisir à découvrir. »

Pour Jacob Richler, la réussite de Mon Lapin tient d’abord et avant tout dans l’assiette. Elle témoigne du dynamisme de la cuisine québécoise, qui compte, selon lui, sur la gamme de produits la plus diverse au pays. « Quand je suis chez Mon Lapin, je sais exactement où je me trouve et quel mois on est, explique le Montréalais d’origine — il est le fils du romancier Mordecai Richler. Plusieurs restaurants se réclament du mouvement ‟de la ferme à la table », mais l’affirmation est parfois un peu ténue. Chez Mon Lapin, on n’a absolument pas l’impression que l’on a rempli un cahier des charges. »

C’est le Québec qui compte cette année le plus de restaurants au sein du palmarès Canada’s 100 Best, avec 34. Beba, de l’arrondissement de Verdun, se classe au 8rang, alors que Pichai arrive au 15rang, tout juste devant le Monarque. Montréal Plaza (21e), Joe Beef (24e), Moccione (28e), Salle Climatisée (30e), Gia (36e), Cabaret l’Enfer (39e), Mousso (41e), Toqué ! (45e), Paloma (48e) et Île Flottante (50e) ont aussi réussi à s’inscrire dans le top 50. Soulignons aussi au passage que c’est Véronique Dalle, du restaurant montréalais Foxy, qui a reçu le titre de meilleure sommelière de l’année.

Deux fois plus de juges en 2024

Le palmarès Canada’s Best 100 a été établi cette année par 135 membres, qui comptent des chefs, des consommateurs avisés ainsi que des critiques culinaires — notre collègue Ève Dumas est du nombre. L’an prochain, Jacob Richler compte doubler ce nombre, toujours en respectant la proportion de la population de chaque province. Par ailleurs, chaque juge doit consacrer 30 % de ses votes à des restaurants qui ne se trouvent pas dans sa province d’origine.

Consultez le site de Canada’s 100 Best

Rectificatif
Dans notre nomenclature des restaurtants québécois qui figurent au top 50 du Canada’s 100 Best, nous avons malencontreusement oublié d’inclure le Paloma, qui figure au 48
rang.