À travers les bons coups et, parfois, les moins bons, nos critiques de restaurants vous racontent leur expérience, présentent l’équipe en salle et en cuisine, tout en expliquant ce qui a motivé le choix du restaurant. Cette semaine : le bar à vin Nolan, dans Griffintown.

Pourquoi en parler ?

Pour commencer l’année en beauté, nous sommes retournés à un restaurant de quartier qui semblait rempli de belles promesses lors d’une première visite l’été dernier : Nolan, dans Griffintown. Légumes locaux et de saison apprêtés avec créativité et cocktails invitants sont offerts dans ce joli espace accueillant qui fonctionne sans réservation.

Qui sont-ils ?

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Julien Bétancourt et Abel Garcia, copropriétaires, avec le chef Tyler Flamand, au centre

Nolan est né de la rencontre entre deux groupes. D’un côté, Matthew Shefler et le chef Vincent Lévesque Lepage, duo connu pour le restaurant Knuckles, dans Villeray ; de l’autre, Julien Bétancourt et Abel Garcia (Clandestino), qui ont accumulé plusieurs années d’expérience en restauration, ainsi que leur bon ami Paul Aoun, grand voyageur qui sert d’œil critique extérieur. Peu après l’ouverture, ce dernier trio a finalement racheté les parts des deux autres partenaires et mène désormais le bateau. Julien signe la carte des vins et Abel, celle des cocktails. En cuisine, c’est Tyler Flamand (Foxy) qui porte la toque de chef.

Notre expérience

Première semaine de janvier, moment où plusieurs restaurateurs choisissent de fermer afin de souffler un peu. Heureusement, en ce samedi soir glacial, Nolan brille tel un phare dans la nuit à l’angle des rues Notre-Dame Ouest et Saint-Martin. L’endroit est plein comme un œuf, l’ambiance est déjà animée et la soirée, bien entamée. Comme il est impossible de réserver, nous devons patienter un peu avant d’obtenir une place. En attendant, chéri et moi nous réfugions au bar caché Henden du Bird Bar, juste à côté. Un verre plus tard, nous avons déjà notre place au bar ; un petit cocon confortable où nous prenons tout de suite nos aises, déjà convaincus que la soirée sera belle et bonne.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Il faut essayer les Nolan Rolls !

Car Nolan est ce genre d’endroit où la magie opère dès le pas de la porte. Tous les éléments participent à ce sentiment : le lieu, joli et accueillant, décoré avec goût (on ne reconnaît plus la trace de l’ancien Nini Meatball) ; le service, absolument impeccable tout en restant décontracté et amical (mention spéciale à Alexis, le barman, qui nous a servis) ; et finalement la courte carte, inspirante et inventive, mettant en valeur les produits locaux et de saison.

En quelques mois d’existence seulement, Nolan a réussi à construire et affirmer sa personnalité. Même si le bar à vin est sans conteste dans l’air du temps avec ses petits plats et son menu locavore, on est loin de nous servir du réchauffé.

Les petites assiettes se posent devant nous, en deux services, et font notre bonheur sans nuage à l’horizon. Les « Nolan Rolls », plat signature, sont un plaisir empreint d’une touche de nostalgie à ne pas bouder. Version élevée et à la montréalaise du « cheese stick », les dodus bâtonnets sont enrobés d’une panure panko légère et croustillante, qui révèle sous la dent un assemblage d’emmental fondant, de viande fumée et de choucroute, à tremper sans se priver dans l’onctueuse sauce au poivron rouge, qu’on pourrait manger à la cuillère !

Le gravlax de truite, travaillé et élégant, est apprêté de façon créative. Le goût prononcé de la truite sauvage du Québec est rafraîchi par une brunoise de concombres vinaigrés et d’échalotes marinées ; des chips sucré-salé tapioca et érable et des morceaux de peau du poisson, séchés puis caramélisés à la torche (pas de gaspillage !), viennent ajouter de l’agréable croquant à l’ensemble.

Les légumes sont très bien représentés. Les pleurotes frits façon tempura, nappés d’une émulsion de moutarde « baseball » maison et d’une autre à l’échalote verte, sont une réussite absolue — on en rêve encore ! Tout en subtilité et bien équilibré, le plat de betteraves rouges et jaunes s’amène avec une ricotta fouettée maison, une pimpante huile d’oignon vert et mélisse et un granola de graines de citrouille. « Un jeu de textures autour de la betterave », résume l’amoureux (et critique resto en herbe).

Très al dente (peut-être un peu trop à notre goût), les courges sont servies froides (une bonne idée ?), avec de la poudre de tomate fumée, du beurre de pommes fumé et une compotée d’oignons caramélisés. Beaucoup d’éléments dans ce plat plutôt déstabilisant qui fait moins l’unanimité à notre table. Ce qui ne fut aucunement le cas des cavatelli maison, un coup de cœur instantané, d’inspiration cacio e pepe. Un plat enveloppant et charnu, mettant en valeur du kale, des cubes de panais rôtis fondants et des shiitakes du Québec, enveloppés d’une riche sauce au beurre brun et de fromage Clos des Roches, par la ferme des Grondines.

Dans notre verre

  • La carte des vins est remplie de trouvailles.

    PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

    La carte des vins est remplie de trouvailles.

  • Les cocktails valent le détour ! Sur la photo : un cocktail au miel, camomille, gin Aquavit et poire au cognac et le Luberon.

    PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

    Les cocktails valent le détour ! Sur la photo : un cocktail au miel, camomille, gin Aquavit et poire au cognac et le Luberon.

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La carte des vins est remplie de trouvailles et fait souvent place aux nouveautés. En apéro, les bulles ultrafines en méthode traditionnelle du vigneron Franck Peillot (Bugey Montragnieu Brut) étaient parfaites pour ouvrir l’appétit. Le Quai à raisin, un blanc suggéré par Julien, offrant une belle minéralité et légèrement noisetté, assemblage de macabeu et de grenache, était un très bon compagnon à ce repas plus que satisfaisant. Seul bémol : difficile d’y trouver des bouteilles à moins de 65 $.

Mention spéciale à la très inspirante carte des cocktails de l’endroit, qui travaille beaucoup autour de l’amertume, de la fraîcheur et de l’acidité — pensez amaro, vermouth, cynar, campari, etc. En digestif, le Child’s, un « dirty martini inversé » où les vermouths blanc et rouge volent la vedette, arrosés de gin Citadelle et de jus d’olive, offrait une conclusion parfaite à la soirée.

Prix

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Un plat plus copieux : la morue charbonnière

Les petits plats vont de 12 $ à 21 $ ; les cavatelli se détaillent à 27 $ et vous débourserez en moyenne 40 $ pour les plats plus copieux (omble chevalier et contre-filet lors de notre passage). Les cocktails tournent autour de 15 $.

Bon à savoir

Le menu est très à l’avenant pour les végétariens ; les véganes devront s’informer, car beurre et fromage sont bien présents. L’endroit n’est pas particulièrement indiqué pour les personnes à mobilité réduite, car les toilettes sont au sous-sol.

Information

Nolan est ouvert tous les jours, sauf les mardis, de 16 h à 23 h.

1752, rue Notre-Dame Ouest, Montréal

Consultez le site du restaurant