À travers les bons coups et, parfois, les moins bons, nos critiques de restaurants vous racontent leur expérience, présentent l’équipe en salle et en cuisine, tout en expliquant ce qui a motivé le choix du restaurant. Cette semaine : la chaleureuse cuisine ouïghoure d’Urumqi Ozgu uyghur cuisine.

Pourquoi en parler ?

On ne trouve pas les spécialités ouïghoures à tous les coins de rue ! Mais la communauté s’élevant désormais à quelques centaines de familles, il y a, à Montréal et en banlieue, quatre bons restaurants servant la cuisine de cette minorité musulmane et turcophone de la province du Xinjiang, dans le nord-ouest de la Chine. Deux d’entre eux sont dans l’arrondissement de LaSalle, dont celui qui nous intéresse cette semaine. Pour tout dire, nous l’avons choisi au hasard. Un ami blogueur qui s’y connaît bien en trésors cachés avait apprécié Miran, dans l’arrondissement de Saint-Laurent. Aussi avons-nous eu envie d’en tester un autre, avec succès. Le Taklamakan (arrondissement de LaSalle) et le Dolan (Brossard) suivront un jour.

Qui sont-ils ?

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Tursun Ablikim (à droite) possédait trois restaurants en Chine. Son frère Elyas est un chef d’expérience.

Les frères Tursun et Elyas Ablikim sont d’abord passés par Mississauga, à l’ouest de Toronto, avant de s’installer à Montréal. Ils étaient déjà au Canada quand la Chine a commencé son génocide et ont pu obtenir le statut de réfugiés. En Chine, Tursun possédait deux restaurants dans la capitale ouïghoure d’Urumqi et un autre à Ghulja. Elyas a appris la cuisine traditionnelle, qui, là-bas, se transmet de chef en chef. Lors de notre deuxième visite, avec photographe, une des filles de Tursun, Sabiha, aidait avec la traduction. Elle étudie le droit à l’Université McGill. Sa sœur Dilraba travaille aussi au restaurant, ainsi que sa tante Miyassar et sa cousine Dilziba.

Notre expérience

  • Les samsas, petits pâtés d’agneau et d’oignon, sont nouvellement au menu du restaurant de l’arrondissement de LaSalle.

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    Les samsas, petits pâtés d’agneau et d’oignon, sont nouvellement au menu du restaurant de l’arrondissement de LaSalle.

  • Les kebabs d’agneau se font bien lécher par les flammes.

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    Les kebabs d’agneau se font bien lécher par les flammes.

  • Ces leghmen tirées à la main sont recouvertes d’une sauce à l’agneau qui peut rappeler la bolognaise. Comme quoi cette préparation est universelle !

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    Ces leghmen tirées à la main sont recouvertes d’une sauce à l’agneau qui peut rappeler la bolognaise. Comme quoi cette préparation est universelle !

  • Le plat de nouilles sautées aux « poireaux » est un grand classique.

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    Le plat de nouilles sautées aux « poireaux » est un grand classique.

  • Zoom sur le « poulet à grande assiette », un plat incontournable

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    Zoom sur le « poulet à grande assiette », un plat incontournable

  • Les rayons de soleil pénètrent dans la salle à manger du restaurant qui se trouve dans un petit centre commercial linéaire de l’arrondissement de LaSalle.

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    Les rayons de soleil pénètrent dans la salle à manger du restaurant qui se trouve dans un petit centre commercial linéaire de l’arrondissement de LaSalle.

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C’est un samedi soir de novembre et la salle à manger est vide. Mais les coulisses un peu bordéliques du restaurant — rien de choquant, on vous rassure – laissent croire que l’après-midi a été fort occupé. Notre gentille et aidante serveuse, Dilziba, confirme que ça se passe souvent le jour, ici, pour une ambiance plus festive.

Cela dit, on n’est pas là pour faire la fête — et encore moins pour s’alcooliser, puisqu’il n’y a rien qui ressemble à une bière ou à une bouteille de vin ici —, mais bien pour découvrir. Mon amoureux, ayant vécu en Chine pendant plusieurs mois, a des souvenirs réconfortants de nouilles ouïghoures à Shanghai. Charles, l’ami blogueur qui avait recommandé le restaurant Miran, est bien placé pour donner ses impressions. Il nous accompagne.

Pour le choix des plats, nous suivons les recommandations de la maison ; le « poulet à grande assiette » — c’est ainsi qu’il est nommé dans la plupart des restaurants ouïghours de la métropole — est un incontournable. En effet, l’immense assiette — et nous avons commandé le plus petit des deux formats ! — déborde de grosses nouilles plates tirées à la main, de rondelles de pommes de terre fondantes et de volaille. Attention aux petits os. Les parfums qui se dégagent de ce beau plat fumant sont absolument enivrants : gingembre frais, anis étoilé, poivre de Sichuan, ail. Les ingrédients sont d’abord sautés, puis la cuisson se termine à l’autocuiseur pour une tendreté optimale.

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Tursun Ablikim étire les nouilles.

Un autre format de nouilles de blé tirées, les leghmen, se trouve sous une généreuse portion de sauce à l’agneau haché et aux jalapenos. Ça a un peu l’aspect d’une bolognaise (ou plutôt de sa version québécoise : la sauce à spag !), mais avec un goût de cumin et un bon score sur l’échelle pimentée de Scoville.

Pour adoucir ces deux plats de résistance, les œufs avec poireaux (de la ciboule de Chine et non les gros poireaux auxquels on a l’habitude) sont d’une redoutable efficacité. Et s’agissant de « poireaux », les « stir fried noodles », les préférées de Sabiha, en contiennent. Ces nouilles ont l’aspect d’une belle udon dodue. À une prochaine visite, on se promet d’essayer aussi les pâtes coupées qui ressemblent à des mini-gnocchis de blé.

Les frères Ablikim proposent également des grillades. Nous essayons les cubes d’agneau qui sont tout simplement embrochés, passés sur le gril, puis saupoudrés d’un mélange de piment et de cumin. Charles les trouve plus secs que ceux de chez Miran. Les rognons sont rustiques, mais ont bon goût.

On peut décider d’être plus aventureux, que ce soit chez Urumqi Ozgu ou chez Miran, par exemple, avec des spécialités comme les pieds d’agneau épicés et les salades de tripe ou de langue. Nous avons aussi gardé ces plats pour une prochaine visite.

Il va sans dire que la cuisine ouïghoure est le résultat d’un grand nombre de métissages au fil des siècles. Les influences viennent autant de l’ouest (Tadjikistan, Ouzbékistan, Kazakhstan, etc.) que des autres provinces chinoises et même de l’Inde. L’identité et le caractère semblent néanmoins très forts.

Prix

Les plats sont faits pour être partagés. Il y a parfois un format moyen et un grand. Les nouilles coûtent autour de 15 $. Vous aurez quatre kebabs d’agneau pour 13,99 $. Le poulet moyen coûte 34,99 $. À trois, nous avons dépensé une centaine de dollars, avant taxes et pourboire, pour un très copieux repas et trois contenants à emporter.

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Le restaurant se trouve dans un petit centre commercial linéaire de l’arrondissement de LaSalle.

Information

Urumqi Ozgu uyghur cuisine est ouvert du lundi au vendredi, de 13 h 30 à 22 h, et le samedi, de midi à 22 h, au 1617, avenue Dollard, dans l’arrondissement de LaSalle. Il est aussi possible de commander pour emporter.

Consultez le site d’Urumqi Ozgu uyghur cuisine (en anglais)