La critique de restaurants prend un nouveau virage à La Presse. Comme toujours, nos critiques vous racontent leur expérience en soulignant les bons et, parfois, les moins bons coups. Mais nous vous expliquons désormais le choix d’un restaurant ou d’un autre. Nous vous présentons aussi l’équipe en salle et en cuisine. Cette semaine : Fleurs & Cadeaux

Pourquoi en parler ?

  • C’est dans cette iconique maison rose du Quartier chinois que s’est installé le Fleurs & Cadeaux.

    PHOTO PHILIPPE BOIVIN, COLLABORATION SPÉCIALE

    C’est dans cette iconique maison rose du Quartier chinois que s’est installé le Fleurs & Cadeaux.

  • La majeure partie de l’espace du Fleurs & Cadeaux est occupée par un long bar rectangulaire.

    PHOTO PHILIPPE BOIVIN, COLLABORATION SPÉCIALE

    La majeure partie de l’espace du Fleurs & Cadeaux est occupée par un long bar rectangulaire.

  • À l’avant de la salle, un petit coin avec banquettes et tables.

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    À l’avant de la salle, un petit coin avec banquettes et tables.

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Il y a de ces endroits qui ne ressemblent à aucun autre, impossibles à imiter tant ils sont uniques en leur genre. C’est le cas de Fleurs & Cadeaux, un projet assez funky. Le restaurant a ouvert il y a tout juste un an (oui, en pleine pandémie) rue Saint-Urbain, dans cette petite maison rose emblématique du Quartier chinois, qui a abrité des années durant une boutique d’art chinois nommée… Fleurs & Cadeaux ! Même l’ancienne enseigne a été conservée, ajoutant au côté saugrenu de cet endroit qui se décrit comme un « snack-bar » japonais. Le petit local est toujours rempli et animé d’une énergie très vibrante. On a voulu comprendre pourquoi l’endroit soulève autant l’enthousiasme.

Qui sont-ils ?

  • Une partie de l’équipe du Fleurs & Cadeaux

    PHOTO PHILIPPE BOIVIN, COLLABORATION SPÉCIALE

    Une partie de l’équipe du Fleurs & Cadeaux

  • Le restaurateur David Schmidt, un des copropriétaires

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    Le restaurateur David Schmidt, un des copropriétaires

  • Hideyuki Imaizumi et Tetsuya Shimizu, du Marusan, sont des partenaires, ainsi que Sébastien D. Langlois (au centre), qui possède l’agence d’importation de sakés et vins Bacchus76.

    PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

    Hideyuki Imaizumi et Tetsuya Shimizu, du Marusan, sont des partenaires, ainsi que Sébastien D. Langlois (au centre), qui possède l’agence d’importation de sakés et vins Bacchus76.

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David Schmidt est un restaurateur à la feuille de route solide. Avec d’autres partenaires, qui varient au gré de ses projets, il est derrière plusieurs établissements qui se sont rapidement démarqués par leur originalité, leur décor et leur ambiance, comme le Mal Nécessaire, un bar tiki, le Tiradito, axé sur la cuisine péruvienne ou encore le Bar Pamplemousse, aux influences caribéennes. Pour mener à bien ce projet, il s’est allié notamment à Hideyuki Imaizumi et à Tetsuya Shimizu, du Marusan, qui apportent leur touche japonaise, ainsi qu’à Sébastien D. Langlois, propriétaire de l’agence d’importation privée Bacchus76, spécialisée en vins et sakés. Sur place, une équipe jeune, dynamique et diversifiée s’occupe de la bonne marche de la cuisine (sous la direction du chef de cuisine Xavier Larivière) et du service.

Notre expérience

  • Au menu, quelques entrées froides comme les légumes verts ohitashi+goma-e, des brocolis chinois, lors de notre passage

    PHOTO PHILIPPE BOIVIN, COLLABORATION SPÉCIALE

    Au menu, quelques entrées froides comme les légumes verts ohitashi+goma-e, des brocolis chinois, lors de notre passage

  • De mignonnes et goûteuses aubergines yakibitashi et leur miso épicé

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    De mignonnes et goûteuses aubergines yakibitashi et leur miso épicé

  • Un réconfortant plat de nouilles porc tantan udon

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    Un réconfortant plat de nouilles porc tantan udon

  • Le bol chirashi est sans contredit une des étoiles du menu, et sa composition de poisson frais style sashimi varie selon les arrivages.

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    Le bol chirashi est sans contredit une des étoiles du menu, et sa composition de poisson frais style sashimi varie selon les arrivages.

  • En finale sucrée, des mochis frits enrobés de sucre et de juteuses canneberges macérées dans le saké

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    En finale sucrée, des mochis frits enrobés de sucre et de juteuses canneberges macérées dans le saké

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Dès qu’on franchit la porte, on a l’impression d’être happé par un autre monde tant l’espace ne ressemble à rien d’autre et qu’il contraste avec la façade extérieure. C’est jeudi soir et l’endroit est bondé, animé ; la clientèle est jeune et variée. On est ici en terre d’inclusion ; tous s’y sentiront les bienvenus, ce qui est rapidement confirmé par notre serveuse, chaleureuse, amicale et de bon conseil.

Dans l’assiette, la cuisine japonaise est à l’honneur ; si on ne s’éloigne pas trop des ingrédients et des techniques traditionnelles, l’amalgame des saveurs et les présentations ne font aucun doute : nous sommes bien en 2021.

Le menu se décline en quatre sections (froid, gril, frit, nouilles) ; de petits plats qui vont de pair avec l’idée du « snack-bar ». À cela s’ajoutent quelques options comme le chirashi sushi, sans contredit l’étoile du menu. C’est que le bol qui se pose devant nous est absolument splendide, avec son assemblage d’arrivages du moment, servis en sashimi qui fondent dans la bouche (thon rouge, dorade royale, pétoncles…), accompagnés d’ikura (œufs de saumon), de shari (riz vinaigré), de tsukemono (légumes marinés, comme le lotus), de gari (gingembre mariné) et de wasabi. Un seul mot : wow !

En attendant, nous avions dégusté deux plats de légumes, à la fois étonnants et réussis. Les légumes verts, d’abord, se présentent comme une fusion de deux recettes traditionnelles : ohitashi (marinade à base de sauce dashi et soya) et goma-e (sauce sésame). Ce soir, le brocoli chinois, blanchi mais encore croquant sous la dent et joliment présenté sous une forme pyramidale, repose dans un dashi végane à base d’algue kombu, et vient avec une sauce crémeuse à base de sésame, hyper goûteuse.

L’aubergine yakibitashi est frite, puis macérée dans le dashi végé, cette fois assaisonné d’une sauce soya âgée de deux ans. Sur le dessus des morceaux, une sauce de miso épicée orangée et des tiges d’oignons verts grillés donnent de l’éclat au plat et éveillent les papilles.

En finale, le bol de porc tantan udon offre un contraste apprécié avec les plats froids dégustés précédemment. Ici, un bouillon dashi traditionnel (à base de bonite séchée katsuobushi et kombu) et d’huile de sésame accueille des nouilles udon charnues et du porc haché assaisonné au miso et à l’huile épicée, le tout complété par quelques garnitures (échalotes grises, algues nori, ail frit). C’est plein de punch, ultraréconfortant, et on aspire jusqu’à la dernière goutte le bouillon au fond du bol.

La panse rebondie, nous nous laissons tenter par les kirimochi, une pâte de riz gluant (mochi) découpée en rectangles, puis frite et enrobée de sucre, où trônent de juteuses canneberges macérées dans le saké. C’est assez simple, mais cela conclut de belle façon une soirée sans fausse note.

Dans notre verre

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, COLLABORATION SPÉCIALE

Fleurs & Cadeaux offre une sélection inédite de sakés.

Si vous avez de mauvais souvenirs de saké chaud imbuvable, c’est ici que vous pourrez revisiter vos a priori. Car comme dans l’univers du vin avec le boom des vins nature, il y a actuellement un mouvement au Japon pour un retour vers des sakés plus artisanaux, non pasteurisés, non filtrés, reprenant des techniques de brassage ancestrales. La sélection au verre vous permettra de goûter sans trop vous engager. Plusieurs produits sont aussi exclusifs à l’établissement. Promis : vous ne verrez plus jamais le saké de la même façon.

Le programme liquide est par ailleurs convaincant : des cocktails intégrant alcools et ingrédients asiatiques comme le shiso, le sirop de pandam, les graines de sésame noires, le yuzuchu (alcool à base de yuzu) et, bien sûr, le saké. Côté vin, on trouve une belle sélection axée autour du vin nature, avec un accent sur les jus produits par des vignerons japonais, en sol nippon ou ailleurs dans le monde.

Combien ?

La carte est accessible, avec des petits plats qui commencent à 6 $, jusqu’à 16 $ pour les nouilles udon. Le bol chirashi vous coûtera 31 $ et le temakizushi pour deux, 79 $.

Bon à savoir

Une table de DJ, où tournent des vinyles le vendredi soir, témoigne de l’amour des propriétaires pour ce support musical analogique. D’ailleurs, tout comme il l’a fait avec le Club Pelicano (situé dans le sous-sol du Tiradito), David Schmidt travaille à l’ouverture imminente du Sans Soleil, un bar à vinyles situé dans le sous-sol du Fleurs & Cadeaux.

Les végétariens et végétaliens trouveront de quoi se sustenter ici, avec plusieurs plats de légumes et le dashi végane utilisé dans plusieurs préparations.

Par son étroitesse, ses hauts tabourets et ses banquettes, le Fleurs & Cadeaux n’est pas l’endroit le plus accessible aux personnes à mobilité réduite, mais l’avant de la salle, plus aéré, offre quelques options.

Information

Fleurs & Cadeaux est ouvert tous les jours, sauf les lundis, à partir de 17 h jusqu’à tard. Réservations fortement recommandées.

1002, rue Saint-Urbain, Montréal

Visitez le site de Fleurs & Cadeaux