Pas toujours facile de s’attabler avec un pitou à ses côtés. Nous avons donc fait confiance au flair d’Egypt, une chienne d’expérience âgée de 12 ans, pour établir un mini-parcours où les poilus sont les bienvenus. Elle nous raconte sa journée gourmande et, accessoirement, celle de ses accompagnateurs.
Ruby Café, pour les raffinés
Ça a commencé fort avec un brunch au tout nouveau Ruby Café, niché (ha ! ha !) à Saint-Henri. Pendant que je me régalais avec une portion de yogourt grec glacé (banane et arachides ou cheddar et bacon) et un muffin au miel, à l’avoine et à la patate douce, mes comparses humains se pourléchaient les babines avec des assiettes bellement composées et goûteuses, tels le Sloppy Dog (pain brioché au porc effiloché, chorizo, cheddar, œuf miroir et sauce barbecue) ou le bagel au saumon fumé à la sauce tzatziki, classique et raffiné. Le Berger QC Cheese avait l’air tentant également, à base de pesto, chèvre, pistache et épinards. Je me suis contentée d’un bol d’eau, mais les boissons destinées à mes accompagnateurs semblaient inventives et colorées : frappé betterave et framboise, ou soda yuzu, gingembre et coriandre, pour ne citer qu’eux. Les concepteurs du menu ont une sacrée patte !
Et tout ça, dans un cadre épatant : en fait, le Ruby Café est l’extension gourmande de Doggieville, un complexe hôtelier de luxe pour canidés, avec piscine pour apprendre la natation, logements de vacances de diverses tailles (37 « condos » et 11 « suites », adaptés à notre taille), salles d’exercice, de toilettage, grande boutique… J’ai pu rencontrer les femmes derrière ce projet, Tatiana Custode et sa chienne Ruby. Pendant quatre ans, elles ont rénové cette écurie abandonnée pour en faire un paradis pour chiens chics très gâtés. Certains trouveront cela excessif, mais rien n’empêche de profiter seulement de la pause brunch au menu et au service soignés, pour profiter de la spacieuse terrasse et du parc à chiens privé à deux pas. On a vu plusieurs clients venir sans chien, c’est vous dire.
Ruby Café, 3824, rue Saint-Patrick, Montréal.
Consultez le site du Ruby CaféCafé Arthur, sans démesure
Nom d’un chien, tout un changement d’ambiance en nous rendant au Café Arthur, à Laval. Sébastien Bourget, Lula Bermudez et Olivia (leur Goldendoodle) ont monté par eux-mêmes ce sympathique café canin sans prétention. Ouvert en 2020 et secoué par la pandémie, il vient tout juste de rouvrir ses portes cet été. « On s’est dit que ce serait bien d’avoir une place comme le Doggy Café de Montréal [qui a fermé], mais à Laval », m’ont confié les propriétaires. Ici, on trouve une terrasse et une salle avec tables et enclos pour les quatre pattes. Au menu des humains, c’est dans un autre style que l’accent 100 % végé du regretté établissement montréalais : paninis, ailes de poulet et frites, risotto aux champignons, poutine au canard, tacos ou enchiladas — tous faits maison. Des produits pour pitou ? Collations au foie de bœuf ou à la citrouille. Côté boissons, si on vient pour un simple café, les choix restent simples et convenus (latte, espresso, cappuccino, chaï, etc.), et peuvent s’accompagner d’une pâtisserie (fondant au chocolat, gâteau au fromage, viennoiserie).
Je ne suis pas du genre joueuse, mais l’enclos a semblé chouette, surtout que le gazon synthétique peu hygiénique a été enlevé, même si la supervision de mes propriétaires reste de mise. Il paraît que le plancher est chauffant en hiver, ça, c’est bon pour les coussinets ! Des évènements sont organisés régulièrement, comme des soirées de rassemblements de races spécifiques les mardis. Mais en tant que croisée chow-chow/berger des Pyrénées, je devrai passer mon tour. Les propriétaires prévoient aussi un espace séparé par baie vitrée pour ceux qui aimeraient s’isoler de mes congénères un peu trop agités ou bruyants.
Café Arthur, 880, boulevard Arthur-Sauvé, Laval.
Consultez le site du Café ArthurWild Willy’s, péché canin
Les humanoïdes ont tendance à nous narguer avec leurs crèmes glacées estivales, alors ma truffe reste à l’affût du moindre morceau de gelato tombant par terre. Tellement irrésistible. Certaines crémeries l’ont bien compris et ont ajouté à leur menu une collation spéciale pour les poilus de mon genre. C’est le cas de Wild Willy’s, situé dans un secteur charmant de Pointe-Claire. Bon, la file qui s’était formée ce dimanche ensoleillé était plus grande que ma queue, ce qui nous a donné du temps pour choisir les parfums. Mes accompagnateurs avaient une quarantaine d’options (caramel fleur de sel, beurre de pacanes, orange réglisse, en plus des classiques) et ont mis la patte sur une crème glacée matcha et tarte aux pommes. Quant à moi, je n’ai qu’une seule option, une petite assiette canine de molle à la vanille agrémentée de bacon émietté, d’un petit cornet et d’un biscuit en forme d’os. Je ne me suis pas fait prier pour laper le tout avec ma langue, tandis que les humains étaient un peu sceptiques : leur commande a été mal prise et ils se sont retrouvés avec une boule au parfum gomme balloune peu appétissante à la place de celle à la tarte aux pommes (la commise aurait-elle compris « bubble gum » ?).
Avant de me lancer, j’ai quand même sollicité l’avis de la médecin vétérinaire Lucie Hénault. « Les produits laitiers sont sur la liste des allergènes pour les animaux. Certains chiens tolèrent très bien d’en manger, d’autres pas du tout. Alors si on donne de la crème glacée pour la première fois à son chien, il vaut mieux y aller mollo et commencer par une très petite quantité. Rappelons que les gâteries ne devraient pas représenter plus de 10 % de son apport calorique quotidien », m’a-t-elle glissé à l’oreille. Rassurée, j’ai tout dévoré et je me suis offert une belle balade digestive le long du fleuve, avec une petite trempette !
Wild Willy's, 20, avenue Cartier, Pointe-Claire.
Consultez le site de Wild Willy’sMa Brasserie, terrasse pour toutes races
Pour terminer cette petite tournée, rien de tel qu’un petit rafraîchissement et une sieste à l’ombre d’une table en bois. Vous savez, des fois, c’est un peu chien : je ne suis pas toujours la bienvenue dans les bars et restos, même en terrasse. Mais quand nous avons téléphoné à la coopérative rosemontoise Ma Brasserie pour savoir si je pouvais me pointer le museau, l’affaire a vite moussé : « Mais oui, les chiens sont acceptés en terrasse, on vous attend ! »
L’endroit n’est certes pas prévu expressément pour les canidés, mais le terrain extérieur m’offre un espace confortable. Pas de gâteries ici (j’en ai eu assez pour la journée, merci), mais une gamelle d’eau servie pendant que mes accompagnateurs parcourent la carte où roulent les lagers, ales, houblonnées et belges brassées sur place. Ils ont dit adorer la saison au thé Darjeeling et ses accents fruités et poivrés, offerte lors de notre passage. Pour ceux qui y vont mollo sur la mousse, il y a aussi un kombucha maison (mangue, curcuma et ananas). Si vous avez l’estomac dans les talons comme moi, des collations peuvent agrémenter les boissons : un hambourgeois de patate douce ou des guédilles de crevettes de Matane, par exemple. N’oubliez pas de m’en glisser un morceau sous la table !
Ma Brasserie, 2300, rue Holt, Montréal.
Consultez le site de Ma Brasserie