Le local du 361, rue Bernard Ouest a vu bien des concepts passer en ses murs depuis quelques années : un café italien (Della Posta), un bar à vin (Anabel), un restaurant de poissons et fruits de mer (Pier66). Depuis le printemps dernier, c’est Radis, un restaurant italien végane, qui y a pris racine.

Le concept semble plaire : lors de notre passage, vendredi soir dernier, le restaurant était plein, et fort animé, les groupes, petits et grands, s’y succédant. Le local, qui a peu changé depuis l’époque du Pier66, est charmant avec ses petits vases de fleurs fraîches sur les tables, et la banquette de velours sur laquelle nous nous installons, très confortable.

Ce resto de quartier est le projet d’un couple : la chef, Ève-Marie Gobeil-Beaucage, avait son entreprise de traiteur avant d’ouvrir le Radis ; son conjoint, Dominic St-Pierre, s’occupe notamment de la carte des vins, intéressante, qui mise sur des jus en biodynamie.

PHOTO BERNARD BRAULT, LA PRESSE

Le restaurant est installé dans l’ancien local qu’occupait le Pier66, et la décoration a peu changé.

Ils proposent au Radis un menu entièrement végétalien — sans aucun produit d’origine animale, donc — qui se déploie sur le thème de la cuisine italienne. En vedette : des pizzas et des pâtes fraîches, inscrites à l’ardoise, qui changent souvent, nous indique notre jeune serveuse, un brin inexpérimentée mais gentille.

Le court menu est complété par une sélection de « cicchetti » (l’équivalent italien des tapas espagnoles). Ce soir-là, de la focaccia maison y côtoyait des champignons frits façon « frito misto », des artichauts frits, une « toast » aux champignons, un tartare de betteraves, ou encore une entrée de mozzarella tomates, un plat qui n’est pas du tout de saison, où la tomate aurait pu être remplacée par un légume plus à propos en cette période de l’année.

À la recherche de fraîcheur

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Le Radis propose une cuisine végane à l’italienne.

En somme, la sélection offerte penche davantage vers la lourdeur que la fraîcheur, les glucides que le végétal. Et c’est notre principale déception à cette table somme toute sympathique : en dépit de son nom, Radis ne met pas vraiment les légumes au premier plan, et les propositions ne sont pas toujours créatives.

Malgré la saison hivernale qui réduit évidemment le choix en aliments frais, on aurait aimé voir plus de créations mettant en vedette des légumes, des verdures, de la légèreté, bref, des plats moins roboratifs qui permettraient d’offrir une contrepartie aux pizzas et aux pâtes.

En entrée, nous avons jeté notre dévolu sur un plat d’artichauts frits et sur une « toast des sous bois » [sic]. Cette dernière, très savoureuse avec son carré de polenta bien frit et croustillant, sur lequel était déposé un beurre de champignons et diverses variétés de champignons poêlés, nous a plu davantage que les artichauts frits, farineux, qui venaient avec une purée de noix de cajou et épinards assez dense, et des morceaux de betterave cuite, une combinaison plutôt lourde et terreuse, qui manquait d’acidité, et d’assaisonnement.

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Les pizzas de l’endroit sont réussies, et délicieuses.

Délicieuses pizzas

Trois choix de pizzas, de type napolitaine, nous font de l’œil : la classique Margherita, une autre aux champignons sauvages et la « Di Eva », que notre serveuse nous recommande chaudement et que nous choisissons. Sur une pâte mince et moelleuse à la croûte croustillante juste comme il faut, cohabitent sauce tomate, tranches de saucisses « Beyond Meat », olives noires charnues, oignons et de la mozzarella végane maison franchement bien réussie. Pas de doute : les pizzas de l’endroit sont délicieuses, et expliquent sans aucun doute le succès du Radis.

Les « faux-mages » maison, de la mozzarella à la ricotta, sont d’ailleurs vraiment à s’y méprendre. Sans nous renverser, les énormes tortellinis, fourrés de ricotta et d’épinards, et baignant dans une sauce tomate bien relevée, sont réussis et satisfaisants, même si nous avons peine à les terminer après ce repas somme toute copieux.

Cela ne nous empêche pas de commander les desserts du jour, un cannoli à la pistache, à la pâte un peu trop coriace, ainsi qu’un tiramisu bien exécuté, mais où l’imitation de crème au mascarpone, vraisemblablement réalisé à partir de noix de cajou, offre une texture légèrement granuleuse qui plaît moins en bouche.

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Le Radis offre une sélection de ciccheti, dont cette assiette d’artichauts frits.

Notre verdict

On paie : De 5 $ à 12 $ pour les entrées, de 15 $ à 22 $ pour les pizzas et les pâtes, de 4,75 $ à 9 $ pour les desserts.

On boit : La carte des vins, assez courte, offre une belle sélection, quoique quelque peu onéreuse. D’ailleurs, on est plutôt déçu de boire une bouteille de vin orange à 75 $ dans des verres à vin de piètre qualité.

On se sent : L’espace est joli et accueillant, l’ambiance, animée. Quand même avenant, le service, par contre, est à peaufiner : les serveurs ne connaissent pas la carte des vins, déposent les plats à la table sans en faire la description et ont de la difficulté à le faire lorsqu’on leur demande des explications.

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Les plats de pâtes fraîches occupent aussi une place au menu.

On aime : Les pizzas, l’espace, la carte des vins.

On aime moins : Des assiettes qui ne sont pas en saison, un menu qui manque de légumes, d’équilibre et parfois d’inventivité.

On y retourne ? En compagnie d’amis véganes, peut-être. Lorsque le beau temps reviendra.

Radis. 361, rue Bernard Ouest, Montréal, 514 379-6678. https://restaurantradis.com/fr