Je suis une fan de Marc-André Royal depuis longtemps. De Marc-André Royal l’entrepreneur, le citoyen responsable. Parce que certes, il est chef, mais c’est aussi quelqu’un qui se sert de ses restaurants pour changer les choses.

Je me rappelle quand il a ouvert Le St-Urbain, il y a 10 ans, rue Fleury, ce secteur d’Ahuntsic n’avait pas de bonne table, pas de commerces de proximité intéressants. Mais il allait là pour changer la vie de quartier, justement. Et son restaurant, à l’époque, se préoccupait de l’origine des poissons servis. Il ne voulait pas vider les océans ou encourager la pisciculture industrielle irresponsable. Il était pionnier avec ça aussi. C’était rare à l’époque. 

Depuis, son restaurant a bel et bien changé le quartier, a fait venir d’autres petits commerces. J’ai lu dans une entrevue accordée ailleurs qu’il croit que cette effervescence n’est pas à étrangère à la fermeture d’une grande enseigne, pas loin de chez lui. Le restaurateur a aussi ouvert une autre adresse à quelques portes, toujours rue Fleury, La Bête à pain, qui propose des repas décontractés, du pain, de quoi manger pour emporter.

Cette Bête à pain s’est aussi installée à Griffintown et plus récemment à Laval, dans un centre commercial, en bordure de l’autoroute.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Le restaurant, annexé à une immense boutique Must, la petite sœur des meubles Corbeil, a été aménagé par Paprika. Tout est blanc, vitré, lumineux.

Et savez-vous quel est mon rêve ?

Que ce nouveau commerce montre la voie, là aussi. Qu’il montre comment ces espaces de banlieue, essentiellement des blocs de béton avec stationnement, peuvent être aménagés pour leur donner de la vie, de la verdure, de l’humanité.

Je rêve que dans quelques années, il y ait des arbres et d’autres verdures pour boucher la vue, la poussière, le bruit de l’autoroute, qu’il y ait une piste cyclable pour s’y rendre, des tables dehors, un potager ou des fleurs à la place de l’asphalte. 

Imaginez…

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La Bête à pain est un lieu de lunchs, avec des salades, sandwichs et compagnie, et de brunchs aussi, le week-end.

En attendant, on y va en voiture et on se réfugie à l’intérieur, à la climatisation. 

L’espace y est fort joli. 

Le restaurant, annexé à une immense boutique Must, la petite sœur des meubles Corbeil, a été aménagé par Paprika. Tout est blanc, vitré, lumineux. On profite bien des hauts plafonds qui donnent à tout l’espace un sentiment d’être dans un loft post-industriel. 

Des classiques

La Bête à pain est un lieu de lunchs, avec des salades, sandwichs et compagnie, et de brunchs aussi, le week-end. C’est pour essayer ça que je m’y suis rendue.

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La Bête à pain est aussi une sorte d’épicerie fine où l’on va se ravitailler en produits fraîchement cuisinés avant de rentrer chez soi.

Au menu, on retrouve les classiques : du pain perdu à la tartine à l’avocat, mais il y a aussi du homard, de la morue, un vol-au-vent au canard. Lors de notre visite, on s’en est tenu aux classiques du petit-déjeuner.

J’ai pris l’œuf de cane bio poché sauce forestière. On le sert déposé sur de la brioche, avec des oignons caramélisés, un peu de pancetta croquante, des champignons et une garniture d’asperges sauvages. J’ai été surprise d’apprendre que celles-ci venaient de France. Le plat était équilibré, riche, réconfortant, avec tout ce brioché, ce caramélisé, l’onctueux de l’œuf et de la sauce.

Ma fille, de son côté, a opté pour le pain perdu aux fraises et au basilic, qui est servi avec de la rhubarbe et de la ricotta fouettée au citron. 

J’ai aimé les fraises fraîches et la ricotta fouettée, mais on aurait dit que ces ingrédients ne s’intégraient pas impeccablement dans les bouchées avec le pain perdu, plus lourd, plus dense. Et je ne suis pas grande amatrice du sucre en poudre saupoudré sur les desserts, dont la texture un peu poussiéreuse me dérange. 

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Comme c’est sur le bord de la route, peut-être que bien des gens profiteront de cet établissement.

On a aussi goûté au canelé, qui est impeccable, avec ce contraste de fermeté extérieur et de moelleux intérieur, ainsi qu’à la saucisse de veau et pistache, un boudin blanc savoureux que j’ai mangé à moitié et rapporté à la maison pour la terminer le lendemain, en salade, froide, où elle fut parfaite. En accompagnement, la salade de betteraves jaunes, avec radis et fenouil, haricot plat et ricotta apportait juste assez de fraîcheur et de croquant au reste du repas.

Qu’avons-nous bu avec ça ?

De l’eau et du café, puisque c’était l’heure du petit-déjeuner, mais la maison a aussi une carte des vins. On a fini par partir avec des viennoiseries en plus, et du pain. Parce que c’est ça, aussi, La Bête à pain : une sorte d’épicerie fine où l’on va se ravitailler en produits fraîchement cuisinés avant de rentrer chez soi.

Comme c’est sur le bord de la route, peut-être que bien des gens en profiteront. Reste juste à la cacher, cette route, pour ceux qui veulent aller manger à La Bête à pain pour s’y poser et y passer un bon moment.

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Une saucisse de La Bête à pain

Notre verdict

On paie : De 6 $ à 24 $ pour les plats du brunch ; de 4 $ à 11 $ pour les à-côtés.

On boit : La carte est courte. On est dans un resto de brunch et de lunch. Il y a toutefois des bulles nature, des vins au verre, des prix raisonnables. On a pris du café, fort bien fait.

On se sent : On est dans un grand espace. C’est aéré, lumineux, tout blanc. De grandes tables permettent de manger en famille, en groupe. Le lieu a déjà été bien investi par les Lavallois.

On aime : Qu’un commerce de cette qualité s’installe dans ce coin.

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Un dessert de La Bête à pain

On aime moins : Que l’autoroute ne soit pas encore cachée avec des arbres.

On y retourne ? Oui. 

La Bête à pain. 1969, Autoroute des Laurentides, Laval. 450 663-4330. https://www.labeteapain.com