Dans la cuisine de la Torteria Lupita, Sandra, Elsa et Maria rigolent tout le temps. Elles blaguent sur les tranches de tomates de Sandra, sur la vie trop rangée d’Elsa ou sur le caractère de Maria. Les trois sont bien plus que des collègues de travail. Maria Gonzalez est la maman d’Elsa et de Sandra Soto.

Maria se sent privilégiée d’être à la tête d’un restaurant avec ses deux filles. Comparativement à la plupart des mères, elle passe beaucoup plus de temps avec ses enfants. Bien sûr, les trois femmes vivent parfois des tensions, admettent les Gonzalez-Soto, mais le plus souvent, le boulot se fait dans l’harmonie. Dans la joie, même !

« Quand on arrive le matin, on met de la musique, on chante, on effectue nos tâches et la première chose que l’on sait, c’est qu’il est midi et que les premiers clients se mettent à arriver. Ça passe vraiment vite », raconte la matriarche, surnommée Lupita.

L’une des choses qui facilitent leurs relations au travail, c’est que les trois entrepreneures connaissent les tâches qu’elles doivent accomplir. Sandra s’occupe du service en salle, Elsa est responsable de la table froide de la cuisine tandis que Lupita… exécute tout le reste !

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, LA PRESSE

Sandra, Elsa et Lupita ont du plaisir au travail. Elles se taquinent, rient, s’amusent en cuisine.

« On sait ce qu’on doit faire quand on entre ici, explique Sandra. On pourrait ne pas s’adresser la parole de la journée et on saurait quand même ce qui doit être fait. »

Le fait d’être un trio contribue aussi à la bonne dynamique. Quand Sandra s’obstine avec sa mère, c’est Elsa qui doit faire pencher la balance.

« C’est vrai que des fois, on se met Elsa et moi contre maman, dit Sandra. Mais des fois, ça arrive aussi qu’elles se mettent contre moi. Ça finit toujours par s’équilibrer. »

De Mexico à Saint-Henri

La cuisine a toujours eu une place importante dans la famille Gonzalez-Soto, qui est arrivée au Canada il y a 20 ans. Petite, Lupita aidait sa mère à cuisiner les repas pour ses 10 frères et sœurs, au Mexique.

« Chez ma mère, c’était comme un petit restaurant. On faisait à manger pour 20 personnes matin, midi et soir parce qu’on avait toujours des invités. Ça faisait quand même 60 repas par jour », se souvient Maria Lupita Gonzalez.

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Pour Elsa et Sandra, Lupita est plus qu’une mère et une collègue de travail. C’est aussi une amie qui leur parle d’égal à égal.

Elsa et Sandra se rappellent quant à elles avoir grandi dans une grande famille qui affectionnait la nourriture. Parmi leurs meilleurs souvenirs du Mexique, elles évoquent les festins qui avaient lieu chaque samedi chez leurs grands-parents, avec leur vingtaine d’oncles et de tantes et leur soixantaine de cousins et cousines.

« Je pense que ce qui nous a poussées à la restauration, c’est l’amour de la fête. Chaque fin de semaine, chez mes grands-parents, c’était une fiesta. En grandissant, je me suis dit qu’on pourrait faire de l’argent comme ça, à recevoir des gens, à les asseoir, les faire chanter, manger, boire et danser », raconte Sandra, avec des airs de cumbia en bruit de fond.

Aujourd’hui, si leur restaurant est l’un des plus populaires du quartier Saint-Henri, c’est parce qu’elles partagent ce souvenir de délicieux repas avec des êtres chers.

« Les trois, on a le même intérêt pour que ça fonctionne, que tous les clients mangent bien et qu’ils soient heureux de leur visite chez nous, dit Lupita. Les trois, ensemble, on marche dans cette direction. »

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