Pour se croire en vacances et manger des guédilles en pleine ville.

Comment expliquer à des gens qui n’ont pas grandi en français, au Canada, le sens de l’expression « le party est pogné » ?

Personnellement, j’aime bien l’analogie du Jell-O. À un moment c’est liquide, puis ça devient solide, et personne ne peut vraiment dire quand le changement a eu lieu. Mais on sait qu’il a eu lieu. C’est la même chose avec l’atmosphère d’une fête. Ou d’une soirée dans un resto animé.

Il y a des restos où le party « pogne » sans qu’on sache précisément quand ni comment. Mais l’atmosphère a cette énergie.

Et quand je suis arrivée au Fricot, un jeudi soir de mai, alors qu’il faisait finalement assez chaud pour qu’on puisse manger dehors, c’était bien arrivé. C’était animé, joyeux, souriant, détendu.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Le menu n’est pas strictement acadien, mais solidement basé sur cette cuisine qu’on rend encore plus savoureuse.

En norvégien, on aurait dit qu’il s’y buvait des utepils, le mot précis pour parler de la toute première bière bue dehors quand il fait assez chaud…

Fricot, c’est le nom d’un ragoût typiquement acadien et celui, donc, d’un petit restaurant de la Petite-Bourgogne, pas très loin du marché Atwater, qui met au menu la cuisine acadienne. Le propriétaire, Simon Dunn, aussi copropriétaire de la Drinkerie, adjacente, est originaire de Shédiac. Il fait équipe avec le chef Alain Gauvin, un ancien de l’Oregon à Laval, né à Caraquet.

Un déco de bord de mer

On entre dans leur resto et s’y sent donc en vacances, quelque part pas loin de la plage.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

La déco ressemble à celle d’un troquet de bord de mer, avec du bois et des fanions vintage.

Le menu n’est pas strictement acadien, mais solidement basé sur cette cuisine qu’on rend encore plus savoureuse. La déco ressemble à celle d’un troquet de bord de mer, avec du bois et des fanions vintage.

Pour manger, on choisit, évidemment, des plats au homard, comme la guédille Shediac classic, qui arrive dans un bon pain au lait bien moelleux, avec une dose solide de chair de homard. Une mayonnaise à l’estragon lie tout et on enveloppe cette salade dans une feuille de laitue avant de la déposer dans le pain. C’est frais et franchement bien savoureux, juste assez salé, on mord dans l’océan. La guédille Caraquet special combine quant à elle homard, crevettes, maïs et poireau grillés, coriandre et légumes-racines du moment. Un repas copieux. On peut choisir d’accompagner le tout de laitue ou de frites.

Mon plat préféré, juste un peu au-dessus de la guédille au homard, est la salade Parlee, qu’on prépare avec de la laitue romaine grillée, encore beaucoup de homard et une sauce vierge, donc combinant huile d’olive, jus de citron, ail, tomates et basilic.

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Fricot, c’est le nom d’un ragoût typiquement acadien.

Ça ne prend pas grand-chose pour faire quelque chose de léger et rempli de saveurs franches, exprimant autant la joie verte du jardin que les profondeurs du golfe. J’ai adoré. Surtout avec la laitue grillée et les haricots verts frais en prime.

Autre plat sympathique : le fricot à Ulysse, soupe typique préparée avec un bouillon de poulet à la sarriette, des lardons, des morceaux de poulet et des « pâtes » acadiennes, donc de la pâte en mini-mottes, cuite dans le bouillon. C’est réconfortant et intéressant, pas le moindrement banal, grâce à la présence bien marquée de la sarriette qui montre, une fois de plus, à quel point des petits secrets parfumés du potager peuvent complètement changer l’allure d’un plat sans immensément d’efforts.

Évidemment, on ne pouvait pas ne pas essayer la poutine râpée, un plat qui n’a rien à voir avec la poutine à base de fromage et de frites. Il s’agit plutôt de boules de pâtes de pommes de terre crues et en purée, farcies de viande et panées. La version du Fricot est servie avec de la roquette et légèrement sucrée par de la mélasse. C’est costaud, disons-le. Et la description des ingrédients annonce pas mal le résultat, qui plaira aux amateurs d’authenticité roborative.

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Pour manger, on choisit, évidemment, des plats au homard, comme la guédille Shediac classic, qui arrive dans un bon pain au lait bien moelleux, avec une dose solide de chair de homard.

Pour le dessert, on a essayé les trois options : une poutine sucrée et des pets-de-sœur qui ressemblaient à deux versions remaniées d’un thème connu autour du sucre et de la pâte. Ce n’est pas super léger ni fin. Par contre, le gâteau aux carottes, très dense, très moelleux, avec des épices et beaucoup de carottes râpées et une large dose de crème au fromage blanc, était, lui, spectaculaire. J’en ai mangé la moitié et je l’ai fini le lendemain et il était toujours aussi bon. Et s’ils ouvraient le midi, j’aurais envie d’aller me chercher des guédilles tous les jours.

Notre verdict

On paie : Entrées de 8 $ à 16 $. Guédilles de 14 $ à 26 $. Plats 17 $ ou 18 $.

On boit : La carte des vins, pas trop compliquée ni longue, a été sélectionnée par une sommelière qui aime le nature, le bio et la biodynamie. La maison offre aussi des cocktails et des bières artisanales qui vont très bien avec cette cuisine.

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DU FRICOT

Les guédilles Shediac Classic et Caraquet Special du Fricot

On se sent : Atmosphère bruyante et joyeuse. Service relax et sympa. 

On aime : Le homard, l’atmosphère.

On aime moins : C’est ouvert uniquement le soir et fermé le lundi et le mardi. 

On y retourne ? Oui !

Le Fricot. 2661, rue Notre-Dame Ouest, Montréal. 514 419-1683. https://www.facebook.com/lefricotrestaurant/