On prévoit passer plusieurs belles soirées sur la terrasse du restaurant haïtien Agrikol, cet été. L'endroit a un charme tropical fou, et tout ce qu'on y sert est d'un sans chichi exquis. Le bonheur est simple quand rhum, grillades et lanternes ananas sont de la partie!

Ouvert à compter de 18 h, le joli jardin était déjà plein à 18 h 15 par un beau vendredi soir. Mais nombreux étaient les clients venus tout simplement prendre un apéro rapide, avant le théâtre ou le prochain resto.

Or, si Agrikol se prête vraiment bien au ti-ponch jeté en douce derrière la cravate, il est également tout indiqué pour commander un repas complet en prenant le temps qu'il faut.

Rattachée au restaurant, qu'il faut traverser, la terrasse est une entité quasi autonome du navire amiral. Elle a son propre bar, sa propre «cuisine» extérieure (deux grils!) et ses jolis cabinets à elle, au rez-de-chaussée de l'édifice voisin. Aussi les choix sont-ils différents et un peu plus limités qu'à l'intérieur, question de simplicité estivale.

Côté vin, on est loin de la piquette! Lorsqu'on sait que la copropriétaire des lieux, Jennifer Agg (épaulée par son mari, le peintre Roland Jean, par les musiciens Win Butler et Régine Chassagne et par une solide équipe en salle et en cuisine), est aussi propriétaire du Black Hoof, du Cocktail Bar et du Rhum Corner, à Toronto, on se sent en confiance. Le Black Hoof, ouvert depuis bientôt huit ans, est l'un des premiers restaurants de la Ville Reine à avoir servi des vins de petits producteurs, parfois entièrement naturels.

Le serveur ou la serveuse vous proposera donc le «bon blanc» (8 $) et le «meilleur blanc» (12 $). À notre passage, le «bon rouge» était un gamay du jeune vignoble Le Sot de l'ange, en Loire. Le «meilleur rouge» était un délicieux sangiovese, servi un peu trop chaud - unique bémol de la soirée! Une ou deux petites bulles refroidissent également dans le «bain» à glace.

Côté cuisine, on retrouve la même simplicité, qui facilite la commande. Le menu est composé de protéines diverses - poulet, poisson, saucisse, porc, short ribs - et de quelques accompagnements, dont le classique riz aux pois et le divin plantain frit. Toutes les grillades sont servies avec un bon pikliz, la salade de chou épicée que préparent les Haïtiens pour «couper dans le gras». On vous les apporte dans des barquettes de carton, façon cuisine de rue.

Tables à pique-nique jaune banane et ensembles en fer forgé blanc composent le mobilier de l'élégante terrasse. L'exubérant mur couvert de feuillage exotique, peint à la main, n'a jamais autant eu sa place. Bref, il est difficile de ne pas être dépaysé, souriant et heureux dans ce jardin des délices.

Et si la terrasse est pleine? On s'installe à l'intérieur, où le menu de cocktails est plus élaboré, la cuisine aussi, mais toujours dans cet esprit de savant métissage entre authenticité haïtienne, savoir-faire torontois et «branchitude» montréalaise.

Ouverture

Ouvert du jeudi au lundi (fermé mardi et mercredi), à compter de 18 h. On peut y manger jusqu'à minuit et y boire jusqu'à environ 1 h. On prévoit éventuellement ouvrir la terrasse plus tôt les week-ends. Sans réservations.

À boire

Ici, le rhum est roi. Et c'est en ti-ponch que vous voudrez le boire. On le prépare au verre, mais si vous êtes en groupe, c'est beaucoup plus amusant de le commander au quart, à la demi-bouteille ou à la bouteille (de rhum) complète. Votre serveur ou serveuse apportera glaçons, limes et sirops (dont un jus de canne pressé sur place !) pour que vous assembliez votre propre cocktail.

À manger

Attention! Les bananes pesées créent la dépendance. Mais il ne faut pas s'en passer. Les plantains frits, bien dorés et croustillants, sont saupoudrés de sel puis servis avec une mayonnaise. On allège le tout avec une petite grillade de poisson plus sage ou on y va à fond, comme nous l'avons fait à quatre, en commandant le menu en entier.

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Agrikol. 1844, rue Ahmerst, Montréal. www.agrikol.ca

photo andré pichette, la presse