Juste avant Noël, trois institutions du centre-ville de Montréal ont fermé. Guy et Dodo, la Rapière, les Chenets. Trois restaurants français qui ont connu de très beaux jours à une autre époque mais qui, pour des raisons incluant les piètres pronostics économiques, ont préféré mettre la clé sous la porte.

Au même moment, ou à peu près, la Montée de lait a décidé de devenir La Montée, en quittant son Plateau pour déménager rue Bishop. Et Myriade, un minuscule café parti de rien mais dédié aux connaisseurs, a ouvert parmi la faune de Starbucks, Nespresso et autres points de vente de multinationales aux reins plus que solides.

 

Bref, le centre-ville change.

Il évolue. Il s'adapte.

Il se tasse autour de Concordia, où circulent des milliers d'étudiants chaque jour grâce aux nouveaux pavillons. Il se transforme autour du Centre Bell, où les foules demandent à boire et à manger et pas juste des ailes de poulet dans les bars sportifs. Il accueille des jeunes professionnels qui aiment cuisiner, manger sainement, découvrir, goûter.

Bref, les bars à sushis se multiplient et les adresses qui ont connu leur apogée à l'époque où les hommes d'affaires, avocats et autres courtiers allaient luncher avec leurs clients pour enfiler deux martinis, du vin et trois grappas à la fin du repas, façon Mad Men, elles, cherchent une raison d'être.

«Les jeunes sont tough», résume le chef Daren Bergeron du Decca 77, à l'angle de la rue Drummond et du boulevard René-Lévesque, une des adresses qui illustrent le mieux le visage de ce centre-ville nouveau. Gourmet et moderne, soucieux de l'environnement, ayant beaucoup voyagé, ce nouveau monde apprécie les prix raisonnables de la cuisine recherchée qui met en vedette les produits régionaux offerte par le restaurant. «Et même dans les cinq à sept, c'est rare qu'ils prennent plus que deux verres», ajoute M. Bergeron.

Le nouveau défi des restaurants du centre-ville est donc de suivre la modernité des autres villes d'Amérique du Nord et d'offrir une cuisine à la fois légère et raffinée qui ne coûtera pas une fortune et qui se démarquera des ersatz de restaurants fusion si communs dans les années 90 et connus pour leurs ridicules portions d'oiseaux.

Avec son rapport qualité-prix spectaculaire et son allure à la fois sophistiquée et décontractée, pas trop «nappe-blanche-coincée», La Montée, nouvellement installée rue Bishop, répond tout à fait à ce genre de demande.

Mais si l'équipe formée par le chef Martin Juneau et par Hugo Duchesne a déménagé au centre-ville, c'est aussi un peu par hasard. Ils ont aimé la maison qu'ils ont trouvée près de Concordia, avec ses hauts plafonds et son style brownstone new-yorkais. «Pour le moment, on a surtout des clients qui nous ont suivis du Plateau, explique Juneau, qui s'attendait d'entrée de jeu à voir plus d'anglophones. «Mais ce que je découvre surtout, c'est que le centre-ville, ce ne sont pas juste des gens de passage, des touristes ou des gens qui magasinent. Il y a aussi une vraie vie de quartier.»

Le nouveau centre-ville, c'est aussi le Laurie Raphaël, à l'hôtel Germain, rue Mansfield, avec sa cuisine haut de gamme offerte le midi à un prix qui en fait l'une des meilleures affaires en ville.

C'est M: BRGR, rue Drummond, le restaurant de hamburgers ouvert par des gens de chez Moishe's, où on sert des hamburgers de qualité, apprêtés au goût du jour, fût-ce avec des poivrons grillés ou des asperges, du boeuf de Kobé ou une mayonnaise à la truffe.

C'est le café Holt, avec ses tartines de chez Poilâne et ses salades créatives et fraîches, servies dans un décor hyper moderne. C'est aussi Vasco da Gamma et ses sandwichs de grande qualité, c'est la Brasserie Brunoise, rue de la Montagne, version montréalaise avec télés accrochées aux murs d'une brasserie à la française, et c'est le café Myriade, rue MacKay, qui nargue les grandes chaînes avec son café provenant de petites plantations, dont on sait presque qui en a cueilli les grains.

Ce qui demeure difficile, toutefois, au centre-ville, c'est de trouver la perle parmi les tonnes de restaurants pas chers. Pour la cuisine coréenne, il y Manna, rue Bishop, ou alors Towa, sur Sainte-Catherine. Pour la cuisine de Hong Kong, plusieurs ne jurent que par Prêt-à-manger, sur Sainte-Catherine, où la platitude du décor n'a d'égal que la qualité des nouilles. Les gars de La Montée, eux, aiment bien aller manger parfois le midi chez Ferrari, en face de chez eux, rue Bishop, où la cuisine italienne est souvent très bonne, familiale. Et Hugo Duchesne est aussi un amateur des caris de la Maison du cari, rue Bishop.

Et que fait-on si on a une envie de bavette ou de cassoulet comme en faisaient tous ces restaurants d'une autre époque qui ferment les uns après les autres?

On va au très vénérable, classique et intact Paris, rue Sainte-Catherine, qui a fermé, puis a été racheté et est maintenant rouvert, géré par de plus jeunes!Quelques adresses

Quelques adresses:> Decca 77

1077 Drummond

Montréal

514 934 1077

www.decca77.com

> La montée

1424 Bishop

Montréal

514 289 9921

www.lamontee.ca

> Brasserie Brunoise

1012 rue de la Montagne

Montréal

514 933 3885

www.brunoise.ca

> Café Myriade

1432 McKay

Montréal

514 939 1717

> M :BRGR

2025 Drummond

Montréal

906 2747

www.mbrgr.com

> Café Holt

Sous-sol du Holt Renfrew

1300 rue Sherbrooke ouest

Montréal

514 842 5111

www.holtrenfrew.com

 

Photo Bernard Brault, La Presse

Le restaurant La Montée, nouvellement installée rue Bishop.