Attention! Cette chronique n'est pas pour tout le monde. Si vous êtes frileux dans les restos ethniques, si vous ne reconnaissez pas les ingrédients à première vue, si l'ambiance est plus importante que la nourriture et que vous ne tolérez pas que les rideaux détonnent avec les nappes ou que les toilettes ne répondent pas aux critères habituels, alors prenez la poudre d'escampette.

En revanche, si vous cherchez à vous mettre à l'épreuve, si vous êtes curieux et aventurier, vous trouverez dans ce petit troquet sri lankais de quoi vous secouer un peu. Les braves immigrés viennent ici chercher un peu de leur cuisine nationale et écouter les patrons, les cuisiniers et les serveurs parler leur langue.

Au menu, la maison propose des massala dosa, ces crêpes géantes et minces comme une feuille de papier, faites de farine de riz fermentée et farcies de curry de pommes de terre. Ou des thali, une sorte de TV dinner servi sur une assiette d'acier inoxydable à compartiments dans laquelle on trouve trois sortes de curry végétarien autour d'un plat de curry au poulet, au poisson, au mouton ou même aux crevettes. Le nôtre comportait un curry de poulet goûteux et parfumé, un autre de lentilles, et puis d'une sorte de poireau tropical, et enfin un dernier curry d'okras si pimenté que je me suis mis à voir double. Heureusement, en plongeant la cuillère dans le riz vapeur qui accompagne tout ça, on met fin à l'incendie dans sa bouche.

Il y aussi les khottu rôti, une spécialité sri lankaise faite d'une sorte de crêpe, la godhamba, hachée au tranchoir et sautée avec des légumes, et de la viande coupée en très petit morceaux et allongée d'un peu de sauce au curry. On pourrait croire que c'est la version tamoule d'un hachis, d'un jambalaya ou même d'une paella. Avec cette différence qu'on semble avoir échappé une dizaine de chilis frais et un peu de poudre de chili dans chaque assiette! En un mot, ça arrache. Assoyez-vous bien sur votre chaise.

Autre spécialité offerte ici, les pittu kotthu (prononcez «pitou»), une sorte de beignet moulé de farine de riz et de noix de coco cuit à la vapeur, coiffé d'un hachis de viande ou de poulet et qu'on peut tremper dans une sauce au curry. Encore un plat exotique et relevé à coup de massue. En somme, on ne peut pas dire que la cuisine du Sri Lanka est délicate. En fait, elle serait même la plus pimentée au monde selon plusieurs amateurs d'émotions «chaudes». Les peureux choisiront plutôt les byriani, (du riz sauté aux légumes et au boeuf) plus doux et délicieux tout de même. Les amateurs eux, n'auront aucune crainte: ici ils seront ébranlés à coup de chilis. Paraît même que c'est comme une drogue, une fois qu'on s'y est mis!

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Varsha

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