Des « kickass pancakes aux myrtilles », des barres au citron et à la pistache, un « cookie géant aux cranberries »… Est-ce que ce sont des recettes canadiennes ? Selon le ELLE France, oui. Après un article paru en 2016 sur Ricardo Larrivée qui le décrivait en « gentleman trappeur », le magazine a publié cette semaine une vision décalée et — selon beaucoup — folklorique du Québec.

Contactée mardi par La Presse au sujet de l’article, la rédactrice en chef du digital d’ELLE France a présenté des excuses. « Nous sommes sincèrement désolés que nos recettes et notre présentation du chef [Ricardo Larrivée (en 2016)] aient pu heurter nos amis québécois. Nous allons dépublier l’article de ces recettes sur le site ELLE. fr dans les prochaines heures, pour ne pas davantage alimenter la polémique », a réagi mardi matin, par écrit, la rédactrice Julie Dessagne.

L’article « 12 recettes canadiennes autres que la poutine » , publié le 13 octobre — et dépublié ce mardi matin — sur le site web ELLE à table , fait un petit résumé des origines de la cuisine canadienne où « beaucoup de recettes […] retracent leur origine en France, en Angleterre ou en Écosse, mais aussi plus récemment en Asie de l’Est ».

On parle ensuite des plats traditionnels canadiens, en mentionnant la « fameuse » poutine, la tourtière, le pâté chinois, mais aussi le Johnny cake.

Douze recettes sont ensuite présentées comme étant canadiennes et parfaites « pour célébrer la saison automnale » : du risotto à la butternut caramélisée au sirop d’érable de Trish Deseine (une autrice de livres culinaires irlandaise), une terrine québécoise porc et cranberries, des kickass pancakes aux myrtilles, un hachis parmentier québécois végétarien, du ketchup aux cranberries, des barres au citron et à la pistache, une tarte aux raisins secs et aux noix de pécan, un cake noix de pécan et sirop d’érable, une glace chicorée-café, des haricots au lard, un cookie géant aux cranberries et au sirop d’érable et un pumpkin pie au spéculoos.

  • CAPTURE D’ÉCRAN TIRÉE DU SITE WEB ELLE À TABLE

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Selon Michel Lambert, auteur du livre Histoire de la cuisine familiale du Québec, les recettes sélectionnées représentent plutôt une cuisine canadienne-anglaise et « contemporaine ». « Les termes utilisés sont destinés aux Français », ajoute-t-il.

Réactions et réflexion

L’article a fait réagir plusieurs internautes, dont la chroniqueuse culinaire Allison Van Rassel. « Chère ELLE France, on dit canneberge en français, pas cranberry. Au Canada ce sont des bleuets, pas des myrtilles. Pacane est pas mal plus d’usage que noix de pécan et le spéculoos n’a absolument rien de canadien », a-t-elle écrit sur sa page Facebook.

Caroline Décoste et Mathieu Charlebois, du blogue culinaire Vas-tu finir ton assiette, ont aussi partagé l’article sur leur page Facebook. « On a vraiment ri, parce qu’on voit la France comme notre ancienne patrie et nous avons un syndrome du cousin, mais on réalise qu’ils connaissent peu de choses sur nous », affirme Caroline Décoste.

Le texte a peut-être occasionné une « blessure légère ou même pas, une égratignure » aux Québécois, suppose Mathieu Charlebois, mais il invite ceux-ci à une réflexion plus grande. « Je crois que c’est un bon moment pour comprendre les fois où d’autres personnes ont dénoncé de l’appropriation culturelle en cuisine », dit-il.

Le magazine ELLE France avait déjà suscité la controverse au Québec en 2016 après la publication d’un article consacré à Ricardo Larrivée qui était ponctué de clichés. Le journaliste s’était défendu par la suite en disant qu’il avait utilisé certaines expressions puisqu’elles « font rêver » en France. L’article a été retiré mercredi matin de leur site web.