Vingt ans après les débuts de son émission au petit écran et presque autant depuis la sortie de son premier livre vendu à plus de 200 000 exemplaires, Josée di Stasio persiste et signe un sixième ouvrage en carrière. Avec Mes carnets de saison – Printemps-été, auquel succédera un volet automnal, la communicatrice fait le pari de la fidélité aux ingrédients qui ont contribué à son succès, dont le papier : « Oui, on trouve maintenant des recettes partout sur le web, mais le livre a toujours sa place. » Josée di Stasio aussi.

En 2002, l’animatrice faisait timidement ses débuts à la barre de sa propre émission de cuisine avec un timing on ne peut plus à point. « Ces années ont été un moment de révolution où tout s’est mis à bouger rapidement sur le plan culinaire, particulièrement au Québec, parce qu’on n’avait pas une histoire culinaire très ancrée, note-t-elle. Il y avait une ouverture sur le monde et la cuisine d’ailleurs. Soudainement, on entendait parler d’alimentation partout. »

L’époque a généré un bouillon de créativité : les premières moutures de jeunes chefs, dont plusieurs femmes, l’arrivée massive de nouveaux artisans, de restaurants, de livres de recettes et d’émissions de cuisine. Là où les acteurs étaient peu nombreux à ses débuts, on fait maintenant la file. « Ça oblige à être plus authentique, plus personnel. Et c’est là que ça devient intéressant. Chacun arrive avec son bagage, sa personnalité et ses intérêts personnels. »

Josée di Stasio est restée fidèle à son mandat de rendre la cuisine plus accessible, sans accessoire particulier et sans brigade, tout en y ajoutant sa touche infaillible : à la di Stasio ! « C’est pas moi qui ai inventé le carbonara, mais je le fais de même, mon carbonara » : un partage d’astuces, de découvertes culinaires, de rencontres gourmandes qui ont contribué à l’éclosion de la gastronomie d’ici. Deux décennies plus tard, la dame a toujours cette étincelle dans le regard, cette curiosité inassouvie, cette faim de découvertes.

« Est-ce que je suis toujours la même ? Oui… non… Ça dépend de quoi on parle.

« Il y a 20 ans, j’avais de la misère à regarder une caméra. Je suis un peu plus à l’aise, sans être devenue kid kodak. Mais sur le plan personnel et dans ma façon de cuisiner, je dirais que oui. »

J’ai toujours cette affinité avec les cuisines méditerranéennes, simples, réconfortantes. Ce même intérêt pour la fraîcheur et la traçabilité des ingrédients.

Josée di Stasio

  • Sandwichs aux concombres

    PHOTO DOMINIQUE T. SKOLTZ, TIRÉE DU LIVRE MES CARNETS DE SAISON

    Sandwichs aux concombres

  • Croustillant à la polenta, aux fraises et à la rhubarbe

    PHOTO DOMINIQUE T. SKOLTZ, TIRÉE DU LIVRE MES CARNETS DE SAISON

    Croustillant à la polenta, aux fraises et à la rhubarbe

  • Crème froide de petits pois

    PHOTO DOMINIQUE T. SKOLTZ, TIRÉE DU LIVRE MES CARNETS DE SAISON

    Crème froide de petits pois

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Son terrain de jeu s’est en revanche agrandi et est plus fertile que jamais.

À la rencontre de l’autre

Simplicité et souci de perfection viennent à l’esprit en observant le parcours de Josée di Stasio et son dernier livre de recettes qui sonne le début du printemps. Toujours le même désir d’accessibilité et cette minutie dans la présentation. « Ça me fait vraiment plaisir que vous parliez de simplicité, dit-elle. Pour le perfectionnisme, c’est sûr que c’est moins léger. Je me rappelle avoir eu des angoisses existentielles avec mes premiers livres. Je me demandais quels genres de plats [les lecteurs] allaient prendre, quel genre de four ils avaient… Il n’était pas question que ça ne marche pas. »

Ça marche, justement. Le sceau di Stasio vient avec une certaine garantie de réussite et la confiance qu’on nous tient la main jusqu’à ce que le plat soit sorti du four.

On parle de toutes sortes de concepts ces temps-ci, mais on ne parle presque plus de goût. C’est niaiseux, mais c’est tout de même ça : il faut que ce soit bon.

Josée di Stasio

Et pour être bon, ça prend les bons ingrédients. « Manger local et en saison, c’est tellement évident que ça semble redondant d’en parler. C’est juste le gros bon sens ! »

Les premiers jours où les marchands commencent à sortir leurs étals, Josée di Stasio est au rendez-vous. Pour le « coup d’énergie », pour les scènes grouillant de vie, pour la connexion à l’autre.

Faire ses courses en ne parlant à personne, c’est pratico-pratique, mais c’est au marché public que ça se passe pour moi. Ça enjolive le quotidien et ça humanise. J’aime connaître la personne derrière.

Josée di Stasio

Nous aussi.

Au cours de notre entretien, on apprendra que ce fin palais peut descendre un sac de chips d’un trait, vider un pot de P’tit crémeux, dormir sur ses deux oreilles malgré la quantité de chocolat engloutie chaque jour. Mieux : qu’elle mangerait des toasts et des tartines trois fois par jour. Quand on lui demande de cibler sa recette préférée du livre, elle hésite et s’abstient. « On a parlé de pâtes au homard et c’est ça que j’ai envie de vous répondre. Mais si on parle de salade à la mangue, je vous dirai autre chose ! C’est pour ça que, lorsque je vais au restaurant avec quelqu’un, je commande environ la même chose. Parce que sinon…. » Tout semble bon. Et « une p’tite pâte » est si vite arrivée.

C’est avec la même incertitude qu’elle parle de son avenir. Ses plans de carrière n’ont jamais été très définis, avoue-t-elle. Elle a eu la chance et l’immense privilège de travailler dans ce qui l’allumait. Quelques projets sont déjà en branle pour les prochains mois – un livre, une émission de télé –, puis après… « Une pause serait bienvenue, réfléchit-elle. J’aimerais bien travailler avec les enfants, mais je me vois bien agencer des fleurs aussi. Fleuriste, factrice, libraire… Y a plein de choses qui m’intéressent ! » Qui sait où sera Josée di Stasio dans cinq ans ? Mais entre nous, le monde culinaire est vaste.

Mes carnets de saison – Printemps-été

Mes carnets de saison – Printemps-été

KO éditions

256 pages

La belle saison dans un doux farniente

Urbaine assumée, Josée di Stasio trouve sa dose de nature en ville ainsi qu’une grande partie de son inspiration. L’essentiel de sa jeunesse s’est toutefois égrainé sur le bord du fleuve, où ont d’ailleurs été prises plusieurs photos du livre. Cet univers bucolique met la table à plus de 100 recettes tirées, pour la plupart, de son site internet. L’autrice nous sert ici ses classiques de la belle saison et les plats frais, gourmands et sans prétention qu’on aura envie de reproduire été après été dans un doux farniente.

Consultez le site de Josée di Stasio

Pizza aux asperges

PHOTO DOMINIQUE T. SKOLTZ, TIRÉE DU LIVRE MES CARNETS DE SAISON

Pizza aux asperges, de Josée di Stasio

À servir en bouchées à l’apéro ou avec une salade composée pour le dîner.

Rendement 4 portions (pour le dîner)

Ingrédients

300 g (10 1/2 oz) d’asperges (de taille moyenne)

4 c. à soupe d’huile d’olive, et un peu plus pour la finition

1/2 oignon blanc ou rouge, coupé en demi-rondelles très fines

1 pincée de flocons de piment fort ou de piment d’Espelette (ou 1 trait d’huile pimentée)

4 pains naans d’environ 10 × 20 cm (4 × 8 po)

200 g (7 oz) de fromage de chèvre frais, émietté

330 ml (1 1/3 tasse) de mozzarella râpée

Sel et poivre du moulin

Préparation

1. Préchauffer le four à 375 °F.

2. Retirer la partie fibreuse des asperges en coupant le bout des tiges, puis couper les tiges tendres en biseau, en morceaux de 8 cm (3 po) de longueur. (Si les asperges sont grosses, mieux vaut les couper dans le sens de la longueur.)

3. Dans une casserole d’eau bouillante salée, blanchir les morceaux d’asperges 2 minutes ou jusqu’à ce qu’ils soient al dente, selon leur grosseur. Refroidir sous l’eau froide, égoutter et bien assécher.

4. Dans un bol, mélanger les asperges, 2 c. à soupe d’huile, les demi-rondelles d’oignon et les flocons de piment fort. Saler et poivrer. Badigeonner les pains du reste de l’huile et couvrir des fromages et du mélange d’asperges.

5. Déposer les pains garnis sur 2 plaques tapissées de papier parchemin. Cuire au centre du four de 12 à 14 minutes ou jusqu’à ce que les pizzas soient légèrement colorées et que le dessous de la croûte soit bien doré. Intervertir les plaques à mi-cuisson.

6. À la sortie du four, arroser d’un filet d’huile d’olive.