Encore méconnue au Québec, la camerise se prépare à sortir de l'anonymat. Ce petit fruit de la couleur du bleuet mais de forme plus allongée semble promis à un bel avenir.

Plus de 700 000 plants de camerises sont actuellement en production au Québec et ce chiffre devrait dépasser le million d'ici la fin de l'année, ce qui fera de la province le plus important producteur au Canada.

Son nom, typiquement québécois, a même été inventé récemment par des producteurs et agronomes pour faciliter sa commercialisation. En anglais, elle s'appelle « haskap », un terme japonais qui signifie « baie de longue vie ». La camerise est produite par un chèvrefeuille comestible que l'on retrouve à l'état sauvage un peu partout dans l'hémisphère nord. Les variétés cultivées au Québec sont cependant toutes de nouvelles créations réalisées par les chercheurs de l'Université de la Saskatchewan à partir de lignées provenant de Russie, du Japon et des îles Kiroulines, au nord de l'empire du Soleil levant.

Le fruit est légèrement sucré, souvent acidulé, sa saveur unique marie le cassis, le bleuet et la framboise. Il est plus riche en vitamines C et A que la plupart des petits fruits et dépasse largement le bleuet et la canneberge quant au pourcentage d'antioxydants. On peut le servir de mille manières, soit à l'état frais, surgelé, en accompagnement (crème glacée, yogourt, smoothies, etc.) ou transformé en jus et autres produits. D'ailleurs, la camerise figure déjà parmi les produits du terroir dans plusieurs régions du Québec. Pour sa part, la firme Fruit d'Or a fait des tests encourageants avec la camerise séchée, mais la production n'est pas encore assez importante pour permettre la commercialisation du produit comme elle le fait pour la canneberge, par exemple.

Pour un producteur commercial, le camerisier offre aussi plusieurs autres avantages importants, explique l'agronome André Gagnon, de Desbiens, au Lac-Saint-Jean, un des pionniers de la camerise au Québec.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

« C'est un des premiers fruits cueillis en saison, parfois même avant les fraises. » Mieux encore, l'arbuste est peu sujet aux maladies.

Les plants en champs sont encore jeunes, mais on s'attend néanmoins à une cueillette de 15 000 à 20 000 kg de fruits cette année, une récolte qui sera écoulée en partie dans les marchés publics à l'état frais ou transformé. Une certaine quantité sera aussi traitée à l'usine de congélation de Saint-Bruno, au Lac-Saint-Jean, en vue du marché international.

Les Petits fruits du clocher, à Sainte-Cécile-de-Milton, commercialise aussi des camerises surgelées sous le nom Indigo Superfruit. Elles sont en vente dans les supermarchés santé Avril.

Quelques producteurs offrent même la possibilité de faire de l'autocueillette. Dans le sud du Québec, la récolte commence à la mi-juin alors qu'il faut attendre le début juillet dans les régions plus au nord.

Membre du conseil d'administration de Camerise Québec, l'association des producteurs, et propriétaire de la Camerisière Granbyenne, à Granby, Francine L'Heureux a fait un retour à la terre en 2002. Elle a été séduite par la camerise. Aujourd'hui, sa camerisière compte 8000 plants qui donneront leur plein potentiel en 2017. Mais déjà, Francine L'Heureux ne cache pas son enthousiasme. Elle attend sa certification bio d'ici peu et compte offrir l'autocueillette dès que possible. Elle vend des produits à base de la petite baie bleue, souvent considérée comme le fruit de la longévité au Japon en raison de ses propriétés bénéfiques pour la santé. « Vous verrez, on ne fait que commencer à parler de la camerise ! », lance-t-elle.

DES CAMERISES CHEZ SOI

L'agronome André Gagnon conseille d'utiliser le cultivar « Borealis » si on veut planter des camerisiers au jardin. Le fruit est excellent, sa production abondante et les camerises restent attachées aux branches un bon moment, ce qui permet une récolte facile, plus étalée dans le temps. Le plant atteint de 1,5 m à 2 m. Attention ! Il faut absolument planter deux ou trois variétés pour obtenir une récolte, pollinisation oblige. Idéalement, on doit aussi couvrir les plants d'un filet pour éviter que les oiseaux ne se servent avant vous.

RECETTES

Choucroute à la camerise

Recette de la maison Camerises Mistouk, Alma

4 portions

INGRÉDIENTS

6 saucisses (merguez, italiennes, chorizo ou autres)

400 g de choucroute

2 carottes râpées

1 pomme râpée

1 oignon coupé en petits cubes

125 ml de jus de pomme

Huile d'olive ou de canola

30 ml de moutarde à la camerise Mistouk (en vente dans les marchés publics)

30 ml de tartinade de camerise Mistouk

PRÉPARATION

1. Préchauffer le four à 375 °C.

2. Cuire les saucisses à la vapeur ou dans l'eau bouillante.

3. Dans un poêlon, sauter dans l'huile carottes, pommes et oignons.

4. Bien rincer la choucroute dans l'eau et essorer. Mélanger avec les ingrédients sautés, la moutarde, le jus de pomme et la tartinade.

5. Déposer les saucisses sur le mélange, couvrir d'un papier d'aluminium. Cuire au four 20 minutes.

Vinaigrette onctueuse à la camerise

Recette de La Camerisière Granbyenne

INGRÉDIENTS

1/4 de tasse de yogourt nature

1 c. à soupe (15 ml) de tartinade de camerises

1 c. à soupe (15 ml) de sirop d'érable

1 c. à thé (5 ml) de vinaigre de vin rouge

PRÉPARATION

1. Mélanger tous les ingrédients et servir.

Suggestion : servir avec une salade de chou, de pommes et de canneberges.