Une tourniquette pour faire la vinaigrette, un éventre-tomates, un écorche-poulet, un coupe-friture... Boris Vian exagérait à peine: on trouve dans le commerce une panoplie de gadgets de cuisine, certains peu (ou pas) utiles, d'autres très pratiques. Coup d'oeil sur le marché actuel et recommandations de Ricardo, d'Elena Faita et de Bob le Chef.

«Avez-vous vraiment besoin de ça?»

Propriétaire de la Quincaillerie Dante, une boutique d'articles de cuisine de la Petite Italie, Elena Faita ne peut s'empêcher de se poser cette question tout bas lorsqu'elle voit des clients se diriger vers la caisse avec certains articles de cuisine. Parfois, elle leur pose la question directement, avoue-t-elle.

Avant d'acheter une machine à espresso à 500 $, un presse-agrumes de nouvelle génération à 20 $ ou tout autre article de cuisine, les gens devraient se poser une question simple, selon Elena Faita: «Vais-je l'utiliser?»

«Il ne faut pas acheter tout ce qui sort sur le marché. Moi, je suis très honnête avec mes élèves, et je leur dis toujours: "Vous n'avez pas besoin de beaucoup de choses en cuisine. Vous avez besoin de petites affaires que vous allez utiliser, mais n'achetez pas quelque chose juste pour l'acheter."»

«Il y a de bons gadgets, convient Elena Faita, qui donne l'exemple du dénoyauteur d'olives, de la râpe Microplan ou du coupe-spirales. Mais il y a aussi des gadgets qui ne roulent pas.»

Bob le Chef abonde. Des gadgets, il en reçoit souvent, que ce soit de ses amis qui lui en offrent à Noël ou d'entreprises qui lui en envoient dans l'espoir qu'il en parle sur son blogue. Il s'étonne parfois de l'inutilité (ou de la piètre qualité) de certains d'entre eux...

«Souvent, les gadgets, c'est pour prendre un raccourci qui n'en est pas un, finalement», souligne Bob le Chef, qui pense au «bol à bacon», un récipient destiné à faire cuire du bacon en forme de bol ou encore au «farcisseur» de boulettes à hamburger.

«Mais le plus insensé de toute l'humanité, c'est le Rotato Potato, ajoute Bob le Chef. Si tu dis Rotato Potato à tout le monde entre 30 et 40 ans, on sait de quoi tu parles: un truc qui épluche plus mal et moins rapidement tes patates que la vraie technique. Pour moi, le Rotato Potato, c'est LE gadget qui a lancé la mode des gadgets de cuisine.»

Utilité variable

Les gens à qui nous avons parlé s'entendent: le marché des gadgets de cuisine a grandement évolué depuis les années 80 et 90.

Pour en discuter, nous avons rencontré Philippe Trudeau, vice-président principal de Trudeau, et sa soeur Anne-Marie Trudeau, vice-présidente (ventes Canada), au siège social de l'entreprise à Boucherville. Trudeau se spécialise dans les articles de cuisine et de table depuis 1995. Ses produits sont aujourd'hui distribués dans 75 pays.

«Une des évolutions de notre industrie, c'est qu'il y a beaucoup plus de gens qui font ces produits-là qu'avant, souligne d'emblée Anne-Marie Trudeau. Pourquoi? Parce que les gens aiment manger, aiment faire de la bouffe. C'est tendance, faire de la bouffe, prendre des photos de la bouffe, du gâteau que tu as fait...»

Il y a aussi eu l'influence des grandes boîtes allemandes et françaises de produits de cuisine haut de gamme, qui a incité le marché nord-américain à offrir des produits plus esthétiques et de meilleure qualité, constate Philippe Trudeau, dont l'entreprise vise un bon rapport qualité-prix.

«Notre défi, c'est de réinventer des produits qui existent déjà, continuellement», explique Anne-Marie Trudeau.

«De la vraie innovation, il n'y en a pas beaucoup. Ce qui est fait, c'est des ajustements. On trouve des défauts ou des problèmes d'utilisation dans les produits existants et on les améliore à notre façon», précise Philippe Trudeau.

Pour plaire, un gadget ne doit pas nécessairement être conçu pour durer éternellement, souligne Ricardo Larrivée, qui a lancé sa gamme d'accessoires de cuisine il y a six ans: il doit avant tout faire ce qui est écrit sur la boîte. S'il promet d'éplucher en carré, il doit éplucher en carré, illustre-t-il.

«Quand bien même que moi, demain, je dirais que je ferais uniquement des affaires éternelles, ce n'est pas ça que le client veut à 100 %, dit-il. Il veut mettre de l'argent sur une patente. À un moment donné, il va acheter un couteau qui a du bon sens, mais la plupart du temps, les gens achètent un couteau qui ne coûte pas très cher et ils vont le changer dans trois, quatre ans...»

Ricardo donne l'exemple d'un thermomètre qu'il a mis sur le marché, «qui coûtait super cher, qui était super bon et dont personne ne voulait». À l'inverse, la spatule-thermomètre de Ricardo, plus simple et plus abordable, est un grand succès, dit-il.

«J'aurais pu dire: je vais inventer les 70 affaires que j'aime, et that's going to be it, poursuit Ricardo. Mais ça ne marche pas comme ça. Si pendant des mois tu n'as pas de nouveautés, les gens passent devant tes tablettes et ne regardent plus. Les gens veulent de la nouveauté, tout le temps.»

Les gadgets de cuisine constituent souvent des achats non planifiés ou encore des objets qu'on offre en cadeau, indique Philippe Trudeau.

«Les gens achètent, ils se font donner des choses, mais ils ne se souviennent pas toujours de ce qu'il y a dans leurs tiroirs. C'est pour ça qu'il faut rester très centrés sur l'utilisation que les gens vont en faire et essayer de faire des produits utiles et qui fonctionnent bien», dit Philippe Trudeau, qui convient en toute sincérité qu'il peut être plus rapide d'agripper un économe pour couper son avocat que de trouver le tranche-avocat au fond du tiroir.

Recommandations de cuisiniers aguerris

À quels gadgets devrions-nous réserver une place dans nos armoires sans risque de les y abandonner jusqu'à notre prochaine livraison chez Renaissance? Les recommandations d'Elena Faita, de Bob le Chef et de Ricardo Larrivée.

Elena Faita: Propriétaire de la Quincaillerie Dante et de l'école de cuisine Mezzaluna

Mini-mandoline

«Je n'utilise pas le presse-ail, parce que je trouve qu'on perd beaucoup de jus. La mandoline est fantastique - je l'utilise tous les jours», nous dit Elena Faita, qui coupe son ail avec la mini-mandoline, mais aussi son gingembre et ses radis. (OXO, 12,97 $)

Mezzaluna

Elena Faita aime non seulement ce nom (elle a nommé son école ainsi), mais aussi le couteau qui le porte. La mezzaluna est composée d'une lame en demi-lune fixée à deux manches. «Tu coupes les herbes, les oignons, l'ail, la pizza... énumère Mme Faita. Elle coupe vite et tu ne peux pas te couper les mains.» (Tramontina, 27,97 $)

Grattoir

«Avec le grattoir en métal, on ramasse tout. Quand on coupe sur une planche, on ramasse et on met dans le chaudron. Quand on fait de la pizza, on ramasse la farine. Quand on fait des pâtes, on ramasse. Pour moi, c'est un must», résume Elena Faita. (6,97 $)

Bob le Chef: «Anarchiste culinaire» et animateur de Bob le Chef LIVE

Tranche-ananas

Bob le Chef ne jure pas par les gadgets, mais «il n'y a rien qui marche mieux que le tranche-ananas pour couper un ananas», dit-il en riant. Cet outil, qu'on visse dans l'ananas, permet de faire des tranches circulaires. «En plus, tu peux te servir ton cocktail du jour dans l'ananas, ajoute Bob le Chef. C'est complètement malade.» (thinkkitchen, 9,99 $)

Magic Bullet

«Tout ce que la publicité dit que le Magic Bullet fait, il le fait», résume Bob le Chef, qui considère le Magic Bullet comme le «gadget ultime». Il s'en sert pour broyer de la glace, faire des smoothies, des mélanges d'épices, des émulsions, des vinaigrettes... «Ça fait cinq ans que je l'ai et il fonctionne toujours à merveille.» (39,99 $)

Coupe-haricot

Bob le Chef a acheté son coupe-haricot dans le quartier chinois. Le concept est simple: on insère les haricots dans une fente dotée de six lames, ce qui permet de faire des juliennes de haricot. «Quand tu pognes le rythme, tu es capable d'aller vite; tu peux en faire un paquet en une minute», résume Bob le Chef, qui souligne qu'il est ardu et risqué pour les doigts de couper des haricots sur la longueur avec un couteau. (Fox Run, 4,99 $)

Ricardo Larrivée: Chef cuisinier, animateur et entrepreneur (il a sa propre collection d'accessoires de cuisine)

Ciseaux à pizza

Quand Ricardo achetait de la pizza, il avait l'habitude de subtiliser les ciseaux de couture de sa femme Brigitte pour couper les pointes (même si Brigitte craignait qu'il n'émousse ses précieux ciseaux). D'où l'idée de lancer un ciseau à pizza, dont la forme triangulaire permet de servir les pointes. (Ricardo, 24,99 $)

Spatule-thermomètre

La spatule-thermomètre est l'un des plus grands succès de la gamme d'accessoires Ricardo, nous indique le principal intéressé. Cet outil permet de brasser une sauce, un sirop ou tout autre liquide et de prendre simultanément la température. Le thermomètre est amovible. «C'est un de nos plus grands succès», résume Ricardo. (Ricardo, 28,99 $)

Cuiseur à riz

Comme le cuiseur à riz a une fonction précise, Ricardo se permet de le mettre dans la catégorie des gadgets. Son premier, il l'a acheté dans le quartier chinois il y a une quinzaine d'années. Le cuiseur à riz est simple à utiliser et on réussit à tout coup. Ricardo explique que celui de sa collection d'accessoires est plutôt compact et qu'on peut y programmer la cuisson de sept variétés de riz et de grains. (Ricardo, 59,99 $)

Bottin d'adresses 

Quincaillerie Dante: www.quincailleriedante.com

Ricardo cuisine: www.ricardocuisine.com

Stokes: www.stokesstores.com/fr

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Merci à la boutique La Soupière (1272, avenue du Mont-Royal Est à Montréal) pour le prêt de gadgets de cuisine.

Photo fournie par le fabricant

La mini-mandoline d'Elena Faita, 12,97 $