Les experts ne l'attendaient pas celle-là. Le Concours international du meilleur fromager n'a pas consacré un Français, un Suisse ni même un Européen... mais une femme venant d'un pays où le lait de soya et le tofu supplantent le lait de vache: le Japon.

C'est après une série d'épreuves très techniques que Miyuki Murase a remporté le titre, le 3 juin dernier, aussi prestigieux dans le domaine que celui de Meilleur sommelier du monde peut l'être dans le domaine de l'oenologie.

La Japonaise a dû notamment surmonter l'épreuve de la découpe - sans balance bien sûr - celle de la dégustation à l'aveugle, et la composition d'un plateau susceptible de plaire aux gamins, étape où elle s'est particulièrement distinguée en recréant avec des fromages, taillés, un parc et sa forteresse, roi, reine et souris-soldats inclus. Elle a aussi surpris en présentant son fromage coup de coeur, un bleu nippon fabriqué par une petite famille qui ne possède que 15 vaches, et avec ses compositions froides, alliant une tomme basque à des ingrédients davantage associés au terroir japonais, dont le gingembre et le thé vert. Ce titre ne récompense pas les fabricants de fromage.

Ce n'est pas au Japon, mais plutôt en travaillant comme hôtesse de l'air que Miyuki Murase a découvert le fromage, qu'elle devait servir dans l'avion aux passagers, rapporte un journaliste du site français rue89.com qui l'a rencontrée à Paris juste après sa victoire.

Miyuki Murase est d'abord devenue sommelière avant de se tourner vers le métier de fromager, encore assez inusité au Japon aujourd'hui. Elle espère d'ailleurs ouvrir très bientôt une boutique de vins et fromages à Tokyo, qui pourrait faire des petits rapidement, car Miyuki Murase enseigne aussi l'art délicat d'être marchand de fromages.