Le fameux coup de barre de 15 h, la fringale de fin de soirée et l’abonnement aux collations pourraient être évités si l’on comprenait mieux comment s’alimenter. Dans une approche qui combine la non-restriction et l’éducation, Hubert Cormier met l’accent dans un nouvel ouvrage sur l’énergie et sa maximisation par l’alimentation.

Docteur en nutrition, Hubert Cormier travaille à ce projet depuis deux ans. Auteur de sept livres, il en publie un huitième, Chargé à bloc : finis les coups de barre, bonjour l’énergie. Un ouvrage dense, voire aride par moments, mais fort d’explications sur le rôle de l’alimentation, surtout des macronutriments qui la composent (lipides, glucides, protéines). La sortie de cet ouvrage s’accompagne du lancement d’une application payante baptisée Swiitch, qui offre un plan alimentaire personnalisé.

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Dans son nouvel ouvrage, Hubert Cormier met l’accent sur l’énergie et sa maximisation par l’alimentation.

Bien que l’on pourrait croire qu’il a de l’énergie à revendre, Hubert Cormier a lui aussi été récemment rattrapé par la fatigue. En introduction de son livre, celui qui se qualifie de workaholic raconte comment la surcharge de travail a récemment miné son énergie. Lui dont les réseaux sociaux regorgent d’idées de plats à cuisiner en était venu à réduire la préparation des siens au minimum, ce qui lui a certainement permis de gagner du temps, mais pas de l’énergie.

« Le problème n’est pas nécessairement qu’on manque de temps dans une journée, c’est souvent qu’on manque d’énergie », expose celui que nous avons joint à Toronto, où il s’est installé temporairement pour des raisons familiales et, pourquoi pas, percer le reste du Canada (sa nouvelle application est aussi offerte en anglais).

Une ressource renouvelable

À la base de Chargé à bloc, il y a ce constat : contrairement au temps, l’énergie est une ressource renouvelable que l’on peut réellement augmenter en ayant une alimentation équilibrée qui va au-delà de la simple ingestion de calories.

Cette approche centrée autour de l’énergie est trop peu présente dans le monde de la nutrition, constate Hubert Cormier. « Je pense que cela devrait toujours être la motivation principale de manger. Lorsqu’on n’a pas d’énergie, on n’a pas envie de faire du sport, on va être plus amorphe et avoir un mode de vie plus sédentaire. » Or, ajoute-t-il, on sous-estime l’influence de l’alimentation sur notre niveau d’énergie.

« Il y a le domaine du visible et l’invisible, explique le fondateur du site internet Bon pour toi. On voit notre corps et ses réactions à ce qu’on mange, mais il y a aussi plein de trucs qui se passent à l’intérieur. » Les glucides simples, par exemple, comme les bonbons, les jus et les pâtisseries, créent rapidement une poussée d’énergie, alors que les glucides complexes contenus dans les fruits ou le pain à grains entiers fournissent de l’énergie sur une plus longue période, en raison de leur teneur élevée en fibres.

Lorsqu’on consomme des glucides simples, on embarque dans des montagnes russes où l’augmentation rapide de la glycémie est suivie d’une chute tout aussi abrupte. Fatigué, on cherche alors à grignoter, souvent des collations trop sucrées.

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Des pankakes protéinés style gâteau aux carottes

Les lipides aussi sont une source d’énergie. Quant aux protéines, elles sont surtout essentielles au maintien des tissus musculaires et squelettiques, mais ce sont aussi elles qui procurent la sensation de satiété la plus durable, ce qui est important quand on vise l’équilibre.

Une question d’équilibre

« Tout part de l’équilibre alimentaire. Il y a différentes études qui suggèrent que notre régime quotidien devrait être composé d’environ 50 % de glucides, 20 % de protéines et 30 % des lipides. Manger équilibré, ça ne veut pas simplement dire manger un fruit le matin ou un légume le midi. »

Or, la nouvelle mouture du Guide alimentaire canadien manque de précision à cet égard, croit Hubert Cormier. « Il y a des personnes pour qui de grandes orientations vont suffire, mais beaucoup ont besoin d’un peu plus d’encadrement. C’est comme ça qu’on est arrivé à créer Swiitch. »

À l’aide d’un questionnaire de base, l’application génère un plan d’alimentation personnalisé adapté au profil de l’utilisateur. Un nombre d’unités est rattaché à chacune des sept catégories d’aliments. L’utilisateur se retrouve chaque jour devant une assiette à remplir pour atteindre l’équilibre ; les unités peuvent également être reportées au lendemain, l’objectif étant de viser un équilibre sur une semaine.

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Pour la plupart des gens, le plus gros défi dans l’atteinte de cet équilibre, c’est la répartition des protéines, constate Hubert Cormier : « Souvent, les protéines sont consommées en soirée, lors du souper, en très grande proportion, puis au dîner, dans une plus petite proportion. On retrouve peu ou pas de protéines le matin. Il faut renverser ce modèle et aller chercher plus de protéines au déjeuner pour passer une meilleure matinée sans qu’il y ait une grosse fluctuation de la glycémie. » Une fringale avant l’heure du dîner ou un coup de barre à 15 h peut être le reflet d’un repas précédent trop pauvre en protéines.

Pour s’inspirer, on peut compter sur les 25 « recettes énergisantes » colorées, proposées dans Chargé à bloc. On y trouve des déjeuners et des collations classiques repensés comme les boules d’énergie (aux fraises), le pain aux bananes (avec haricots blancs), le gruau « à la pâte à gâteau » et les pancakes protéinés style gâteau aux carottes, mais aussi quelques petits plats franchement appétissants comme la salade caprese au cantaloup et le parfait aux légumes à la grecque.

Quelle place pour l’intuition ?

Alors que l’alimentation intuitive, une approche nutritionnelle qui repose sur l’écoute et le respect de son corps, prend du galon, on a l’impression que celle que nous présente Hubert Cormier, avec ses calculs et sa catégorisation, laisse bien peu de place à l’intuition. « On ne va pas contre l’alimentation intuitive, affirme-t-il. Je pense que c’est complémentaire. C’est important de connaître les bases de l’alimentation et comment ça va affecter notre quotidien, avant de conserver le message plutôt simpliste de l’alimentation intuitive qui est d’écouter son corps. » Il répète que la flexibilité est à la base de Swiitch qui, contrairement à d’autres applications proposant des plans alimentaires restrictifs, s’adapte à l’alimentation de base de l’utilisateur.

Mais pour lui, la qualité et la quantité restent des variables importantes. Et relativement payantes pour un créateur d’application ? « Ma mission est vraiment éducative. Je veux montrer comment l’alimentation a un rôle important sur votre énergie, ce qu’on arrive moins à faire avec une approche plus intuitive. Swiitch, ça se peut que tu l’essaies juste pendant deux mois pour voir ce que c’est, de manger équilibré, qu’après tu te désabonnes et que tu continues d’appliquer ces conseils. » Un repas (ou une collation) à la fois.

Swiitch est offerte sur Android et iOS, entre 20 $ et 60 $ par mois selon le type d’abonnement.

Consultez le site de Swiitch

Recette : pouding bananes-arachides

Chargé à bloc : finis les coups de barre, bonjour l’énergie

Chargé à bloc : finis les coups de barre, bonjour l’énergie

Cardinal

320 pages

Ce pouding aux bananes et aux arachides attend seulement d’être dégusté. Dès la première bouchée, vous en voudrez plus ! Le tofu soyeux lui procure une onctuosité sans pareille.

Portions : 4
Préparation : 5 minutes

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Ingrédients

Pouding

  • 1⁄2 tasse (100 g) de tofu soyeux
  • 2 bananes de taille moyenne (235 g)
  • 1⁄2 tasse (125 ml/135 g) de beurre d’arachide crémeux

Garniture

  • 1⁄2 tasse (125 ml/65 g) (et plus au service) de granola
  • 1 c. à soupe (15 ml/6 g) (et plus au service) d’éclats de cacao

Préparation

1. Réduire tous les ingrédients du pouding au mélangeur en purée lisse, à l’exception d’une des bananes.

2. Couper la banane restante en rondelles. Diviser le pouding dans le fond de quatre verres. Ajouter les tranches de banane. Garnir de granola et d’éclats de cacao.

Le conseil d’Hubert

Il est possible de choisir un autre beurre de noix. Soyez créatif et osez de nouveaux mariages de goûts. Les garnitures aussi sont innombrables : fruits frais, copeaux ou coulis de chocolat, pour ne nommer que celles-là.

Batman et Robin, collations et vampires

La combinaison gagnante

Les protéines et les fibres sont un duo redoutable qu’Hubert Cormier compare à Batman et Robin. On devrait consommer en moyenne 30 g de protéines par repas et 5 à 10 g de fibres. À titre d’exemple, un filet de porc de 60 g contient 20 g de protéines et deux tranches de pain de blé entier, 5 g de fibres.

Êtes-vous collationneur ou super-collationneur ?

Qu’on la prenne pour combler la faim, se gâter ou se désennuyer (bonjour, le télétravail !), la collation (pas toujours santé) est bien ancrée dans nos habitudes. On pourrait s’en passer, dit Hubert Cormier, si l’on prend trois repas équilibrés. Mais si l’heure du repas est reportée ou si on part en randonnée, la collation est tout indiquée.

Les vampires qui sucent notre énergie

À l’instar de la psychologie, l’alimentation connaît les vampires suceurs d’énergie. Il s’agit d’aliments riches en sucres qui, consommés en grandes quantités, entraîneraient de la fatigue. Parmi eux, les friandises, les boissons gazeuses et les aliments ultratransformés. Des habitudes comme la sédentarité, une hydratation quotidienne limitée et un faible apport en fer, en potassium et en vitamine B12 ont aussi une influence sur le niveau d’énergie.

Rectificatif
Une version antérieure de l’article présentait erronément Hubert Cormier comme nutritionniste, un titre réservé aux membres de l’Ordre des diététistes-nutritionnistes du Québec. Hubert Cormier est docteur en nutrition.