(Montréal) Bien manger est une affaire de famille, prévient une nouvelle étude réalisée à l’Université Laval, et ceux qui désirent y parvenir auraient tout intérêt à s’assurer de la collaboration de leurs proches.

Les chercheurs de l’École de nutrition et de l’Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels de l’université québécoise ont demandé, entre 2015 et 2017, à un millier de sujets provenant de cinq grandes régions de la province de remplir de multiples questionnaires portant sur leurs habitudes alimentaires, notamment en ce qui concerne leur adhésion aux recommandations du Guide alimentaire canadien.

« Par exemple, est-ce que vos proches vous ont encouragé à manger plus sainement ? Est-ce que vos proches ont fait des commentaires positifs par rapport à votre consommation d’aliments sains ?, a illustré la première auteure de l’étude, la doctorante Élise Carbonneau. Ou au contraire, est-ce vos proches vous ont encouragé à consommer des aliments de type malbouffe, même quand vous ne vouliez pas en manger ? Est-ce que vos proches ont fait des commentaires positifs ou négatifs par rapport à l’alimentation ? »

De tous les facteurs identifiés comme ayant une influence sur la qualité de l’alimentation, ce sont les commentaires — positifs ou négatifs, encourageants ou décourageants — de ceux avec qui on vit, et avec qui on partage donc la majorité de nos repas, qui semblent avoir le plus de poids.

Les commentaires d’autres gens avec qui on casse occasionnellement la croûte, comme des amis et des collègues, n’auraient en revanche pratiquement aucun effet.

« C’est probablement parce qu’à la maison il y a plus d’interactions concernant les repas, a expliqué Mme Carbonneau. On consomme souvent plus de repas avec les gens avec qui on habite. On planifie aussi l’alimentation avec les gens avec qui on habite. Il y a plus d’interactions concernant les choix alimentaires à la maison qu’au travail ou avec les amis. »

Il est aussi probable que l’importance relative dans nos vies des auteurs des commentaires y soit pour quelque chose. On accordera ainsi plus d’importance aux commentaires de nos enfants qu’à ceux d’une collègue qu’on salue à peine.

« Si un enfant fait un commentaire, c’est aussi parce qu’il veut que son alimentation soit d’un tel type, a dit Mme Carbonneau. On va être influencé et on va finir par faire un repas pour combler tous les membres de la famille. Alors que les gens au travail, on mange en leur compagnie, mais on partage moins souvent un repas avec eux. Il y a moins de décisions à prendre avec les gens au travail. »

Différence entre hommes et femmes

Les chercheurs ont par ailleurs constaté que les gens ayant un plus faible niveau d’éducation risquent d’être plus négativement influencés par les gens avec qui ils habitent ; en d’autres mots, si leurs proches mangent davantage de malbouffe, ils risquent de suivre leur exemple et de faire de même.

Lors d’autres études réalisées auprès de couples hétérosexuels, les hommes rapportaient souvent plus de support de leur conjointe face à leurs bonnes habitudes de vie que les femmes en rapporteraient de la part de leur conjoint. Le même phénomène a été constaté cette fois-ci.

« Les femmes avaient rapporté un peu moins d’actions de soutien de la part de leurs proches à domicile, et un peu plus d’actions de non-soutien, a révélé Mme Carbonneau. Il y avait quand même une différence qui était significative. »

En conclusion, ceux qui souhaitent profiter du Nouvel An pour prendre la résolution de mieux s’alimenter maximiseront leurs chances de succès s’ils en font un projet familial auquel tous adhèrent.

« C’est facilitant d’embarquer dans une démarche d’amélioration des habitudes alimentaires si les gens autour de nous, et particulièrement les gens avec qui on habite, s’engagent dans une démarche semblable, ou du moins sont aidants dans cette démarche-là, a dit Mme Carbonneau. Mais si les gens à la maison ne sont vraiment pas prêts à s’engager là-dedans, que leurs habitudes sont loin de ce qu’on vise, peut-être que ça va nous mettre plus de bâtons dans les roues.

« Je ne voudrais quand même pas dire à quelqu’un de ne pas essayer parce que ses proches ne sont pas soutenants, mais il faut être conscient que le défi sera peut-être un peu plus difficile et qu’il faudra peut-être aller chercher des ressources ailleurs. »

Les conclusions de cette étude sont publiées par la revue scientifique Nutrients.