Pâtes fraîches faites à la main sur place, burgers aux champignons cuisinés avec finesse, ailes de poulet véganes dont les effluves ouvriraient l’appétit des plus grands carnivores : il ne s’agit pas d’un festival de cuisine de rue, mais de l’Artist World, énorme buffet à volonté destiné aux artistes invités de festivals comme Osheaga ou Heavy Montréal, conçu par Chuck Hughes et Danny Smiles, deux figures de proue du monde culinaire montréalais.

Déjà 10 ans que Chuck Hughes, cuisinier vedette et copropriétaire des restaurants Garde Manger et Le Bremner, et Danny Smiles, chef du Bremner, rehaussent d’une touche gastronomique les festivals musicaux montréalais comme Heavy Montréal et Osheaga. Sur scène, les artistes invités offrent des performances vibrantes, mais c’est à l’Artist World qu’ils prennent le temps de décompresser et de manger. Ce festin à volonté situé en retrait des scènes principales du parc Jean-Drapeau est réservé aux musiciens invités aux festivals et à leur entourage. Matin, midi et soir, ils viennent s’y ravitailler.

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, LA PRESSE

Des employés à l'œuvre derrière le bar à salades 

L’ambiance est animée et empreinte de camaraderie, alors que les équipes de cuisiniers s’affairent à préparer des mets simples qui sauront conquérir les palais les plus exigeants. « Chaque année, on s’amuse et on vit des moments inoubliables, on a tissé des liens avec de nombreux musiciens », ont expliqué Danny et Chuck. Ils pourront difficilement oublier un Marilyn Manson qui, l’année dernière, les a gentiment interpellés passé minuit, affamé, en exigeant « un cheeseburger, s’il vous plaît, maintenant ! »

On n’a pas une entreprise de traiteurs, on est restaurateurs. Donc on crée une ambiance, on parle à tout le monde, on a du fun.

Danny Smiles

Les artistes sont souvent surpris de pouvoir se servir autant qu’ils veulent. « À Coachella, il y a cette ambiance plus stricte, tu peux te servir une seule fois. Ici, c’est à la bonne franquette », ajoute Danny.

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Les artistes et leurs invités peuvent se servir à volonté.

La Presse a visité les kiosques. L’un d’entre eux offre une sérieuse sélection de pointes de pizza façon new-yorkaise. Des cavatellis maison saupoudrés de parmesan sont offerts au comptoir suivant, qui a des allures de sympathique café italien, avec ses fanions rétros d’équipe de soccer. « Vous seriez surpris à quel point les gens veulent manger des pâtes, même à 30 degrés ! », s’est exclamé Danny Smiles, rieur. Chuck Hughes, lui, a admis avoir un faible pour le kiosque des déjeuners à volonté, servis toute la journée. 

Le végé a la cote

Un immense barbecue trône derrière le kiosque des viandes. Il y a deux jours, le chanteur du groupe The Exploited, que Chuck Hughes admirait dans sa jeunesse, a couru vers le barbecue, pour ensuite l’ouvrir et crier : « This is for all the vegans ! »

« Même si nous ne sommes jamais spectateurs, les festivals nous font vivre des moments drôles et inoubliables », confie-t-il.

J’aime l’aspect créatif et un peu camping de ce mandat. C’est génial de pouvoir monter de toutes pièces le branding et les recettes et de pouvoir l’améliorer chaque année.

Chuck Hughes

Le Vegan Deli, c’est l’incontournable dont les gens raffolent. Aucune surprise, puisque la gastronomie végétalienne est en plein essor et que de nombreuses célébrités ont adopté ce régime. Au menu : « carrot-dogs » (hot-dogs de carottes) et burgers végétaliens rehaussés de « fauxmage » fondant.

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Hot-dogs végétariens

Un immense effort est déployé par le duo et ses équipes pour créer un environnement décontracté et esthétiquement plaisant. Tout y est : du design graphique des petits kiosques au choix d’ingrédients locaux, quand c’est possible.

À l’intérieur, une cafétéria de luxe dispose d’un comptoir à salades complet. Devant, le comptoir à desserts propose des options simples et alléchantes : pâtisseries fourrées au Nutella, biscuits au citron et à la ricotta, authentiques cannoli italiens et cake parfumé à l’orange.

La recette du succès, selon Chuck, c’est de sortir des sentiers battus en matière de nourriture de festival. « Tout le monde s’attend à voir de simples hot-dogs, mais du saumon fumé le matin ou un bar à huîtres, on en voit moins dans ces évènements. Il faut savoir surprendre », explique le chef.