Améliorer son alimentation de façon «aussi simple et agréable que de créer un post Instagram», c'est ce que promet Keenoa. L'application lancée par deux jeunes Québécois permet de tenir un journal alimentaire avec de simples photos de ce qu'on boit et mange.

Comment ça marche? Dès qu'on a un petit creux, on photographie ce qu'on compte grignoter - une pomme, par exemple. Keenoa nous demande: «Pourquoi vous apprêtez-vous à manger?» en offrant un choix de réponses (ennui, stress, fatigue, faim, etc.). L'appli nous interroge aussi sur notre niveau de faim, pour nous aider à manger en pleine conscience.

Keenoa décrypte ensuite ce qu'il y a sur l'image - une pomme, en l'occurrence. «Le but de faire appel à l'intelligence artificielle, c'est vraiment pour simplifier l'entrée de données», dit Anne-Julie Tessier, nutritionniste et cofondatrice de Keenoa avec son conjoint Anthony Garant, ingénieur logiciel. Pas besoin de noter «pomme à 10 h 30» dans un journal alimentaire en papier ou dans un logiciel.

Lire les codes-barres

Dans le cas de plats composés - par exemple, votre salade du midi -, l'utilisation de Keenoa est moins conviviale. L'appli reconnaît «salade», et offre des choix à personnaliser soi-même (salade de chou, César, jardinière, etc.). On peut également scanner les codes-barres des aliments - disons vos céréales du matin -, ce qui est rapide et précis. Il faut ensuite évaluer la quantité consommée (pas toujours avec justesse, c'est l'une des limites de l'exercice).

«La base de données de Keenoa inclut un total de 600 000 aliments avec codes-barres, que l'on retrouve dans les épiceries au Canada et aux États-Unis», indique Anne-Julie Tessier. Au Québec, le taux de reconnaissance des codes-barres est d'environ 80 %, précise-t-elle.

Après le repas, Keenoa s'intéresse à notre niveau de satiété, à notre satisfaction et à notre état général (se sent-on heureux, coupable, satisfait, déçu?). C'est tout. On ne sait pas combien de calories, de gras ou de sucre on a consommé. C'est prévu comme ça.

Rendez-vous avec un vrai nutritionniste

Les outils existants - comme MyFitnessPal, LoseIt! ou Foodvisor, testé récemment par La Presse - tentent «de remplacer le professionnel», au risque d'encourager les troubles alimentaires, fait valoir Anne-Julie Tessier. Si on veut en savoir plus, Keenoa fonctionne plutôt en partenariat avec des nutritionnistes (des vrais, pas des avatars sur une appli), qui reçoivent le journal alimentaire détaillé de leurs clients. Lors de rendez-vous, ils peuvent en discuter ensemble, les photos sous le nez. Keenoa est gratuite pour le patient; c'est le nutritionniste qui paie (25 $ par mois en pratique privée).

«Ça révolutionne la qualité de la consultation, assure Guillaume Couture, président d'Équipe Nutrition, où les 25 nutritionnistes utilisent Keenoa depuis six mois. Avec cette application, on voit quelle est l'alimentation de base de la personne et on bâtit à partir de son style de vie. On peut aussi voir si nos recommandations sont prises en compte.» Keenoa y est toujours utilisé pour un temps limité, pour éviter de virer à l'obsession.

Une appli pour l'épicerie

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Plus de 3000 personnes ont utilisé jusqu'à maintenant l'application québécoise Keenoa, lancée en mai par Anne-Julie Tessier, nutritionniste, et Anthony Garant, ingénieur logiciel. «Notre but, c'est que tous les nutritionnistes l'utilisent à travers le monde», dit la jeune femme.

Zoom Nutrition est une autre application nutritionnelle québécoise. «C'est comme faire l'épicerie avec une nutritionniste», illustrent ses conceptrices, les soeurs Melissa et Sonia Lachance. Le principe est simple: une fois Zoom Nutrition téléchargée dans son téléphone, il suffit de photographier le tableau de valeur nutritive d'un produit pour qu'il soit analysé.

Les céréales Shreddies sont, par exemple, jugées un «Excellent choix». Trois pastilles de couleur s'affichent pour évaluer les taux de lipides (feu vert), de sodium (feu vert) et de sucres (feu jaune dans le cas des Shreddies). «Si vous respectez la portion suggérée, ce produit peut être consommé régulièrement», indique Zoom Nutrition. C'est simple et clair, mais limité - aucune solution de remplacement n'est proposée en cas de mauvais choix.

Le concept de Zoom Nutrition est né «lors d'un brainstorm dans un chalet», raconte Melissa Lachance, qui est enseignante - sa soeur est nutritionniste. «Notre idée était de proposer quelque chose qui ressemble à un scanneur de prix, à utiliser chez soi ou dans les commerces», explique-t-elle.

Gratuite, l'appli fonctionne par reconnaissance de texte. «On aimerait la développer davantage, par exemple avec une alerte aux gras trans et en distinguant les sucres ajoutés et naturels, dit Melissa Lachance. Pour cela, il nous faut un plus grand bassin d'utilisateurs.» Avis aux intéressés: à vos téléphones, prêts, scannez!

Assez intelligent ou pas?

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Le principe est simple: une fois Zoom Nutrition téléchargée sur son téléphone, il suffit de photographier le tableau de valeur nutritive d'un produit pour qu'il soit analysé.

L'intelligence artificielle sera-t-elle bientôt suffisamment développée pour analyser parfaitement notre assiette, même si elle contient un plat complexe, comme un chili? «Honnêtement, c'est juste une question d'entraînement, répond Arsene Fansi Tchango, scientifique en recherche appliquée à l'Institut québécois d'intelligence artificielle Mila. La technologie existante permet de faire des trucs vraiment intéressants, vraiment bluffants.»

Rouge et ronde, la tomate entière est facile à identifier sur une photo. «Dans un plat cuisiné, la tomate peut avoir une texture et une forme beaucoup plus complexes, ce qui n'est pas évident», reconnaît Arsene Fansi Tchango. Mais la tomate cuite n'est pas impossible à détecter. Il suffit de se constituer une grosse banque d'images identifiant plusieurs plats tomatés, puis d'expliquer en détail à la machine ce qui se trouve sur chacune de ces images, pour l'entraîner à bien reconnaître les divers ingrédients. Un travail colossal, toujours à affiner.

«Comme nous avons des nutritionnistes qui valident les données de nos utilisateurs, on est capable d'entraîner de plus en plus nos algorithmes, fait valoir Anne-Julie Tessier, cofondatrice de l'application Keenoa. On améliore donc constamment nos probabilités et nos résultats.»

Liens de téléchargement

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Après le repas, Keenoa s'intéresse à notre niveau de satiété, à notre satisfaction et à notre état général (se sent-on heureux, coupable, satisfait, déçu?).

Pour télécharger Keenoa dans l'App Store: https://itunes.apple.com/fr/app/keenoa/id1337262735?mt=8

Pour télécharger Keenoa dans Google Play: https://play.google.com/store/apps/details?id=co.keenoa.app&hl=en_US

Pour télécharger Zoom Nutrition dans l'App Store: https://itunes.apple.com/ca/app/zoom-nutrition/id1242838087?l=fr&mt=8

Pour télécharger Zoom Nutrition dans Google Play: https://play.google.com/store/apps/details?id=com.MelissaLachance.zoomnutrition&hl=en

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Keenoa permet également de scanner les codes-barres des aliments - disons vos céréales du matin - ce qui est rapide et précis.