Vous voulez perdre des kilos? Eh bien, essayez donc de manger. C'est ce que préconisent des scientifiques britanniques qui travaillent sur une nouvelle méthode en expérimentant des aliments qui donnent l'impression de ne plus avoir faim.

À l'Institut sur la recherche alimentaire (IFR) de Norwich (Angleterre), l'expert en diététique Peter Wilde et ses collègues s'intéressent aux aliments qui ralentissent le système digestif. Celui-ci lance ensuite un signal au cerveau qui supprime l'appétit.

«Cela fait penser à tort que l'on a trop mangé, alors que ce n'est vraiment pas le cas», explique M. Wilde. D'après ses études sur la digestion des aliments gras, il devrait être possible de fabriquer des produits, du pain aux yogourts, qui facilitent le suivi d'un régime.

Si ces recherches en sont au stade préliminaire, l'approche de Peter Wilde pour limiter l'appétit pourrait, selon certains médecins, avoir un impact très important pour combattre l'obésité.

«Le fait de pouvoir couper l'appétit serait d'une grande aide pour les gens qui ont du mal à perdre du poids», relève Steve Bloom, professeur de médecine à l'Imperial College de Londres, qui n'a pas participé à ces recherches.

En Amérique du Nord et en Europe, d'autres scientifiques tentent aussi de contrôler l'appétit, notamment par des injections chimiques de produits qui agissent sur le système digestif.

Selon M. Bloom, le fait de contrôler l'appétit à travers des aliments modifiés est théoriquement possible, mais difficile à concrétiser. «Le corps contient beaucoup d'éléments pour empêcher ses mécanismes autorégulateurs de se faire rouler», note-t-il.

Par exemple, alors que certains hormones régulent l'appétit, le cerveau compte aussi sur des récepteurs nerveux dans l'estomac pour détecter la présence d'aliments et le prévenir quand l'estomac est rempli.

Les recherches de M. Wilde reposent sur les mécanismes du corps dans la digestion des lipides. Normalement, cette graisse est décomposée dans la première partie de l'intestin grêle. Quand on mange un repas très gras, toutefois, le corps ne peut digérer le gras que lorsqu'il est entièrement passé à travers les intestins. Cela déclenche alors une libération d'hormones qui supprime l'appétit.

L'approche de M. Wilde copie ce qui se passe avec un repas très gras. Il enrobe les gouttelettes de gras dans les aliments avec des protéines modifiées des plantes. Il faut donc plus longtemps pour que les enzymes qui décomposent la graisse l'atteignent.

Cela signifie que la graisse n'est pas digérée avant d'atteindre l'extrémité des intestins. A ce moment-là, les cellules intestinales envoient un signal avertissant le cerveau que le corps est rempli.

Même si le corps n'a pas ingurgité un repas très gras, cela supprime l'appétit comme si cela avait été le cas. Si la graisse avait été digérée plus tôt dans les intestins, un tel signal n'aurait pas été envoyé.

Selon Peter Wilde, la technique devrait être efficace avec tous les aliments contenant de la graisse, comme les produits laitiers, les sauces précuites, la mayonnaise, les pains et les pâtisseries, et le goût ne serait probablement pas affecté. Si tout va bien, précise-t-il, les produits adéquats pourraient être commercialisé d'ici quelques années.