Je n'ai jamais vu autant d'excellents nouveaux pinots noirs américains, australiens et néo-zélandais arriver sur notre marché au même moment. L'occasion est trop belle pour ne pas s'étendre sur quelques principes harmoniques avec les vins de ce grand cépage bourguignon, qui se pare d'éclatants habits, sous ces cieux baignés d'abondante lumière.

Commençons avec l'un de mes coups de coeur de l'année dernière, qui fait un retour, et ce, dans le même millésime qui lui a donné son éclat et son charme. Surtout si vous avez la bonne idée de cuisiner avec la tomate séchée, l'un des ingrédients de liaison harmonique par excellence pour le pinot noir, courrez acheter une bouteille de Pinot Noir Waimea 2005 Nelson, Nouvelle-Zélande (23,90$; 10826447).

 

De la couleur, du fruit à revendre (cerise noire, framboise), ainsi que des notes de réglisse, de tomate séchée et de grenadine, sans oublier la fraîcheur, l'ampleur, les tannins très fins, la générosité et la prestance des pinots vendus habituellement plus cher. Alors, sortez vos recettes de bruschetta à la tapenade de tomates séchées, de pâtes aux tomates séchées, de pizza aux tomates séchées et au fromage de chèvre ou d'un épais filet de saumon généreusement beurré d'une tapenade de même origine.

Sachez que le pinot noir, spécialement lorsqu'il provient du Nouveau Monde, s'acoquine avec maestria des mets un brin épicés par l'anis étoilé, la cardamome, le girofle ou le quatre-épices chinois. Pour preuve, l'union vibrante entre un poulet au soja à l'anis étoilé, servi avec riz sauvage, et le tout nouveau Pinot Noir Rex Hills 2006 Willamette Valley, États-Unis (32,75$; 10947855), disponible depuis le 6 novembre par la nouvelle publication du magazine SAQ Cellier. Ce pinot de l'Oregon se montre des plus engageants, plein, généreux et franchement nourri. Belle matière, aux tannins qui ont du grain et aux saveurs d'une grande allonge, laissant deviner de subtiles notes de cassis, de violette, de framboise et de vanille.

Vous pourriez aussi découvrir le très réussi Pinot Noir Akarua «Gullies» 2006 Central Otago, Bannockburn Heights Winery, Nouvelle-Zélande (36,25$; 10947960), aussi introduit par le magazine SAQ Cellier. Vous y dénicherez un vin coloré, très aromatique et complexe, aux envoûtants parfums d'épices et de giroflée, à la bouche gorgée de saveurs, pleine et fraîche, d'une superbe harmonie d'ensemble, aux tannins extrafins et aux saveurs longues et éclatantes, laissant des traces de muscade, de pivoine, de cerise et de fraise. Du sérieux, aux notes franchement épicées, qui seront en pâmoison devant des mets comme le classique et automnal hachis Parmentier, composé de viande de canard parfumée aux quatre-épices, ainsi que devant le steak de saumon grillé au pimentón et tomates séchées.

Toujours dans l'esprit des épices, partez vers l'Afrique du Sud, afin d'être agréablement surpris par le Pinot Noir Galpin Peak 2006 Walker Bay, Bouchard Finlayson, Afrique du Sud (45,25$; 10944241), une nouveauté, dégustée en primeur en août 2008, avec les autres pinots du Cellier. De l'un des domaines de référence, ce pinot se montre richement aromatique, mûr à point, exhalant des effluves complexes de lard fumé, de cerise à l'eau-de-vie, à la bouche pleine et sphérique, presque ramassée et compacte, aux tannins mûrs de vieilles vignes, au corps dense, sans être ferme, et aux saveurs très longues. Son profil est plus proche des vins de soleil à la californienne que de la fraîcheur néo-zélandaise. Réservez-lui un tataki de thon rouge aux quatre-épices ou risotto à la tomate parfumé à la cardamome.

Enfin, terminons avec un pinot provenant de l'un des secrets les mieux gardés du Nouveau Monde, la Tasmanie. Pinot Noir Kayena Vineyard 2005 Tasmania, Tamar Ridge Estates, Australie (29$; 28,10$; 10947732). Voilà une petite bombe qui devrait connaître un succès foudroyant. Contrairement à plusieurs pinots tasmaniens qui se montrent gorgés de fruits très frais et souples en bouche, ce cru présente une matière plus nourrie, ainsi qu'une complexité aromatique plus grande et plus mature, jouant dans la sphère de la cerise noire et des épices douces, avec une arrière-scène légèrement boisée. Les tannins sont tissés serrés, mais avec élégance. Du beau jus, à servir, après l'avoir soigneusement oxygéné en carafe 15 minutes, avec un risotto au jus de betteraves rouges parfumé au girofle ou avec un magret de canard rôti parfumé de baies roses - et pourquoi pas avec les deux!