Pendant 17 ans, André Trudel a produit de la bière. Beaucoup de bière. Mais entre deux brassins, le cofondateur de la microbrasserie Le Trou du diable à Shawinigan rêvait de vin. Son rêve prend forme aujourd’hui en Italie, où il s’est associé avec un autre ex-brasseur, Giovanni Campari. La première cuvée nommée Is This It est offerte en importation privée.

Dans sa maison en banlieue de Shawinigan, André Trudel boucle ses valises. L’ancien brasseur du Trou du diable se prépare pour un séjour de cinq semaines en Italie, avec comme objectif de goûter et d’embouteiller ses vins.

Car après avoir vendu Le Trou du diable à Molson en 2017, André Trudel devait se réinventer loin de l’univers de la bière. Le monde du vin est alors devenu une évidence.

Il y a plusieurs années, André Trudel s’était lié d’amitié avec le brasseur italien Giovanni Campari. Ensemble, ils ont créé plusieurs brassins. Tantôt au Québec, tantôt en Italie.

« Chaque fois qu’on se retrouvait, on buvait et on parlait de vin, se souvient-il. Ce sont les prémices de notre projet. »

Coup du hasard, Giovanni Campari a vendu son entreprise au même moment que M. Trudel. Les deux ex-brasseurs se sont retrouvés au bord de la mer, dans les vignes de la Ligurie.

PHOTO FOURNIE PAR WINE BREWERS

Giovanni Campari et André Trudel

Tout est dans tout

André Trudel l’avoue sans détour : il ne connaît pas la vigne et il ne veut pas travailler dans le champ.

« Je vois les efforts herculéens que font les vignerons partout dans le monde, raconte-t-il. Être vigneron, c’est d’abord être fermier. J’ai travaillé vraiment fort dans les 18 dernières années, et devenir vigneron, ce serait m’offrir une deuxième vie aussi occupée que la première. »

André Trudel et Giovanni Campari agissent à titre de négociants : ils achètent des raisins, puis les vinifient sous leur nom de marque Wine Brewers. Puisqu’ils ne possèdent ni cuve ni chai, ils se sont installés au domaine Cantina San Steva, qui fournit déjà les fruits.

Le duo a deux vendanges à son actif. Et selon la récente expérience de l’ancien brasseur, il semble moins complexe de produire du vin que de la bière.

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André Trudel au travail !

« Dans le vin, il y a un seul ingrédient, le raisin, alors que dans la bière, il y en a plusieurs, observe M. Trudel. La bière est plus fragile. Elle a peu de tannins et moins d’alcool. Il faut être hyper prudent. »

Pas évident

Si la vinification est un processus à la base simple, faire du bon vin n’est pas toujours évident, convient l’ex-brasseur. Surtout quand on travaille naturellement, sans levure ajoutée et avec très peu de sulfites.

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André Trudel brandit sa cuvée Is This It, un vin de macération.

Dans la bière, on contrôle presque tout, même la composition de l’eau. Tandis que dans le vin, on s’en remet complètement à la nature. On doit avoir l’humilité de la laisser faire sa job.

André Trudel

André Trudel refuse toutefois que ses vins nature possèdent des notes d’écurie, associées à la brett, les levures brettanomyces , ou des odeurs de vernis à ongles provenant de l’acide volatile. Bien que ces caractéristiques soient acceptées dans la bière, le néo-vigneron n’en veut pas dans son vin.

« Dans certains vins nature, le terroir ne parle plus, ce sont les bactéries qui prennent la place, dit-il. Je préfère boire une Cantillon qu’un vin nature qui goûte comme un lambic. »

La production des Wine Brewers est encore petite. La cuvée Is This It a donné environ 2500 bouteilles. Mais l’ex-brasseur voit grand. Le tandem planifie de vinifier dans différentes régions d’Italie et, pourquoi pas un jour, au Québec.

À boire

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Is This It, un vin de macération offert en importation privée au Québec par l’entremise de l’Agence La QV

Is This It

Ce vin de macération, vin orange, est beaucoup plus classique que les bières autrefois produites par André Trudel. Sa robe ambrée n’est pas trouble. Dans le verre, un parfum salin rappelle qu’au domaine Cantina San Steva, les vignes de vermentino regardent la Méditerranée. Des notes d’herbes fraîches et d’abricot frais complètent le bouquet. Bien que les peaux de raisin aient été en contact avec le jus pendant 30 jours, l’amertume est modérée. Les arômes de pelure d’orange se mêlent à ceux des fruits jaunes. À servir avec des antipastos. En importation privée par La QV.

Is This It, vin de macération, 2021, 40,75 $ l’unité, en caisse de 6

Consultez le site de La QV

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE LA DISTILLERIE DU QUAI

Le Bitter de luxe, un aperitivo québécois

Bitter de luxe

Au cours de ses voyages en Italie, André Trudel a découvert l’aperitivo, une liqueur amère à base de plantes. De retour au Québec, l’ex-brasseur a renoué avec son ancien partenaire d’affaires, Isaac Tremblay. Ce dernier travaille à la Distillerie du quai. Ils ont produit Bitter de luxe, une liqueur amère avec des agrumes biologiques et une vingtaine d’aromates du Québec. Le mariage du myrique baumier, du poivre des dunes et des feuilles de framboisier s’intègre à merveille avec le pamplemousse et l’orange. Une subtile amertume équilibre la finale sucrée. La boisson est en vente directement à la Distillerie du quai à Bécancour et en importation privée par l’agence Bulles, mousse et tannins. La liqueur est aussi servie dans plusieurs établissements, dont l’Isle de Garde et Pastaga, à Montréal, ainsi qu’à L’Affaire est Ketchup, à Québec.

Bitter de luxe, 45,93 $ l’unité, en caisse de 6

Consultez le site de la Distillerie du quai