Le temps des Fêtes. On l’associe aux réunions familiales, aux retrouvailles et aux agapes. Partager un bon repas, et se faire plaisir en ouvrant des bouteilles spéciales. Ce qui signifie immanquablement vins mousseux. Un style de vin trop souvent limité à ces occasions spéciales, alors qu’on pourrait en profiter toute l’année !

Des idées reçues persistent lorsqu’il est question de vins effervescents. D’abord, toutes les bulles ne sont pas du champagne. Seuls les vins issus de la région du même nom, en France, et élaborés selon un cahier des charges très strict peuvent s’appeler champagne.

Le Comité interprofessionnel du vin de Champagne (CIVC) dépense des millions chaque année en poursuites judiciaires pour protéger sa marque ; par exemple, Yves Saint Laurent a dû renoncer à un parfum s’appelant Champagne ou encore Perrier a cessé d’utiliser l’expression le « champagne des eaux minérales ».

Cela dit, d’excellents vins mousseux sont aussi produits ailleurs dans le monde.

Plusieurs modes d’élaboration existent pour rendre un vin effervescent. Le plus simple, le moins coûteux, et celui qui donne les vins les plus ordinaires, est le simple ajout de gaz carbonique à un vin tranquille. Comme on fait du Coca-Cola. Et ça donne le même type de bulles, plutôt grossières.

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La méthode traditionnelle est celle utilisée pour le champagne.

La méthode reconnue comme la meilleure est la méthode traditionnelle, celle qui est utilisée pour le champagne. Mais de nombreux vins moins coûteux sont élaborés selon la même méthode, ailleurs qu’en Champagne. Issus de cépages et de terroirs différents, ils ont différentes expressions et représentent souvent un très bon rapport qualité-prix. C’est le cas des crémants de France et des cavas d’Espagne, par exemple, mais aussi de nombreux vins ailleurs en Europe et dans le Nouveau Monde.

Une autre méthode, entre les deux précédentes, est la méthode Charmat, ou cuve close, qui donne des vins plus simples, axés sur le fruit, et destinés à une consommation rapide. Le meilleur exemple est le prosecco d’Italie, un vin apprécié pour son caractère très fruité.

Quant au pet nat (pétillant naturel), très tendance en ce moment, ce n’est rien de nouveau. Ces vins, qui s’inscrivent souvent dans une démarche de vin nature, sont élaborés selon la méthode ancestrale, fort probablement la plus ancienne méthode d’élaboration de vins effervescents. Ce sont des vins généralement faibles en alcool, plus pétillants que mousseux, qui peuvent avoir du sucre résiduel et des sédiments. Des vins plus simples, mais souvent bourrés de caractère — pour le meilleur ou pour le pire !

Comment bien apprécier vos bulles

Peu importe votre choix de vin, oubliez les flûtes ! Si vous voulez apprécier un vin effervescent à sa juste valeur, privilégiez un verre de forme tulipe : assez évasé à la base pour permettre au vin de pleinement s’exprimer. Un verre à vin blanc sera toujours plus approprié qu’une flûte, qui garde le vin trop à l’étroit. L’inverse n’est pas mieux : la coupe, très évasée, laisse les bulles et les arômes s’échapper trop rapidement. Réservez-la pour des cocktails.

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Bouchon à champagne Italesse, 18,95 $ chez Vinum Design

Comme pour n’importe quel vin, goûtez-y avant de le servir : un vin effervescent obturé avec un bouchon de liège peut aussi être bouchonné ! Et si vous ne buvez pas toute la bouteille, il suffit de vous équiper d’un bouchon adéquat pour la refermer, qu’on peut trouver dans toutes les bonnes boutiques d’accessoires de vin. Un bon vin mousseux peut très bien se conserver au réfrigérateur pendant un jour ou deux, voire plus. Il n’y a pas de raison de s’en priver si on ne veut qu’un verre ou deux !

Si la règle générale dit qu’on doit servir les vins effervescents très frais (autour de 8 oC), comme pour tous les vins, plus ils sont riches et complexes, plus ils profiteront d’une température de service un peu plus élevée (de 10 à 12 oC). Et comme pour tous les bons vins, observer leur évolution dans le verre alors qu’ils montent en température est un grand plaisir.

Ce sont aussi des vins qui peuvent très bien vieillir, surtout ceux issus de la méthode traditionnelle. La majorité peut bien se garder, et continuer d’évoluer, pendant au moins trois ou quatre ans. Et de nombreux autres, plus complexes et plus profonds, pourront se garder de 10 à 20 ans, voire plus. Mais pas au frigo !

Le froid est tout aussi nocif que la chaleur : idéalement, conservez vos bons vins effervescents à la cave ou dans un cellier, à une température avoisinant les 12 oC.

Au fond d’un frigo, ils ne vont que se détériorer plus rapidement.

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Les vins effervescents se servent dans diverses occasions.

Grande polyvalence

Et que dire de leur grande polyvalence à table ? Bien sûr, les vins effervescents font d’excellents apéritifs. Leur faible taux d’alcool et leur acidité généralement élevée sont tout indiqués pour ouvrir l’appétit. Mais ce n’est pas la seule façon de les apprécier !

Ces mêmes qualités sont entre autres ce qui en fait des vins tout indiqués pour la table. Ils brilleront avec des poissons et des fruits de mer, bien sûr, mais aussi avec tout ce qui est frit, gras ou salé. Poulet frit et champagne ? En tout temps ! Ils tiennent tête aux œufs comme nul autre : pensez œufs brouillés au saumon fumé, quiche aux poireaux, soufflé au fromage. Ainsi qu’aux légumes verts : plusieurs vins croulent sous leur amertume, les bons vins effervescents ne s’en trouvent que rehaussés.

Un effervescent rosé, pour sa part, tranche merveilleusement bien dans le gras des rillettes, et crée un accord surprenant avec un magret de canard aux gadelles ou aux canneberges.