La demande pour les vins du Québec a bondi au cours des dernières années. Les prix aussi. Un coût qui s’explique par des frais de production plus élevés et la popularité grandissante des produits locaux, expliquent les vignerons.

Rue Ontario Est, à Montréal, la boutique Vinologue se spécialise depuis 2017 dans la vente des vins du Québec. Il n’est pas rare que le propriétaire David Deschênes soit questionné sur le prix des bouteilles.

« C’est comme pour le fromage du Québec, dit-il. Ils sont bons, mais les gens disent souvent qu’ils sont trop chers. »

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Le vignoble Les Pervenches, à Farnham

Cyril Kerel représente plusieurs domaines du Québec, dont Les Pervenches à Farnham. L’agent importateur visite des régions viticoles partout dans le monde et il constate que les défis pour les producteurs d’ici sont particulièrement grands.

Le vigneron québécois, celui qui possède ses vignes, sa cave, sa terre, a tellement de défis et de problématiques avec les conditions climatiques et le type de culture. Ça se reflète dans le prix à la vente.

Cyril Kerel, propriétaire de l’agence d’importation La Qv

Les hivers froids du Québec obligent les vignerons d’ici à protéger les vignes. Certains les enterrent sous la terre. D’autres recouvrent les rangs d’une membrane géotextile. Dans un cas comme dans l’autre, ces travaux augmentent les coûts de production. Résultat, chaque bouteille coûte un peu plus cher à produire.

Selon les données recueillies par le Conseil des vins du Québec (CVQ), près de la moitié des vignobles de la province possède moins de trois hectares de vignes. Plus les domaines sont petits, plus les économies d’échelle sont difficiles à réaliser.

Les règles en vigueur exigent également que chaque vignoble possède son propre équipement viticole. Le pressoir ne sert que deux semaines par année et il coûte plus de 40 000 $ !

Selon Martin Laroche, vigneron au domaine Le Grand Saint-Charles, le coût très élevé du démarrage d’un vignoble influe aussi sur le prix du vin québécois.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Martin Laroche, vigneron au domaine Le Grand Saint-Charles

C’est long, rentabiliser un vignoble. Quelqu’un qui n’a pas de fortune derrière, ça va être long avant de sortir la tête de l’eau. Tu peux vendre ton vin à 17 $, alors attends-toi à avoir 11 ans de non-rentabilité.

Martin Laroche, vigneron au domaine Le Grand Saint-Charles

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Le vignoble Les Bacchantes, à Hemmingford

Vigneron au vignoble Les Bacchantes, Sébastien Daoust n’est pas surpris que le prix des vins du Québec soit en hausse. Il s’agit, selon lui, d’une simple question d’offre et de demande.

« C’est trop cher si ce n’est pas vendu, ajoute-t-il. Or, la majorité des vignerons vendent tous leurs vins dans l’année. »

En 2020, plus de 2,3 millions de bouteilles ont été produites au Québec. Ce chiffre devrait augmenter cette année, puisque la récolte 2021 a été abondante. Les prix risquent malgré tout d’être à la hausse, notent plusieurs intervenants, car la taxe d’accise et la consigne des bouteilles seront bientôt imposées.

Trois vins d’ici à déguster

Tout bon, tout blanc

PHOTO TIRÉE DU SITE DE LA SAQ

Union Libre UL Seyval Blanc-Vidal 2020

Sous la barre des 20 $, ce blanc du vignoble Union Libre à Dunham n’a rien à envier aux vins étrangers. Il réunit le classique duo seyval et vidal, deux variétés hybrides répandues dans la province. Dans le verre, les notes de fleurs s’ajoutent aux parfums de poire et de pomme. En bouche, l’attaque est croquante et saline. Le tout se prolonge avec une subtile amertume. Il fera un accord parfait avec la fondue au fromage.

Union Libre UL Seyval Blanc-Vidal 2020, 17,95 $ (13797979), 12 %.

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Bulles gourmandes

PHOTO TIRÉE DU SITE DE LA SAQ

L’Orpailleur Brut

Le vignoble de l’Orpailleur est l’un des plus anciens domaines au Québec. C’est pourquoi la majorité de ses bouteilles sont souvent très accessibles. Son mousseux est toutefois plus cher. La deuxième fermentation en bouteille, comme un champagne, et le temps d’élevage de presque deux ans expliquent la facture plus élevée du vin. Mais le prix en vaut la peine. Sous la robe dorée, les parfums de fleurs d’oranger, de tarte tatin et de biscuits remplissent le verre. Sur les papilles, les bulles sont toniques et se prolongent dans une finale gourmande. Avec la dinde, c’est le vin des Fêtes par excellence. Actuellement offert directement au vignoble et dans quelques épiceries fines de la province, le mousseux arrivera dans les rayons de la SAQ le 11 décembre prochain.

L’Orpailleur Brut, 30,50 $ (12685625), 12 %.

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Grand rouge

PHOTO TIRÉE DU SITE DE LA SAQ

Vignoble Côte des Limousins Limousin 2019

Chantal Gareau et Bernard Brodeur élevaient autrefois des vaches limousines sur la colline qui surplombe le réservoir Choinière, près du parc national de la Yamaska. Le couple cultive aujourd’hui la vigne selon les règles de l’agriculture biologique et leur rouge déconstruit plusieurs mythes sur les vins d’ici. À base de sabrevois et de frontenac, le vin est fruité et un peu corsé. Ses notes d’épices douces proviennent de l’élevage en fût de chêne et elles sont bien dosées. Il fera un tabac avec le cipaille.

Vignoble Côte des Limousins Limousin 2019, 23,50 $ (14590371), 12 %.

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