(Rougemont) La crise de la COVID-19 force les producteurs de vin et de cidre de la Montérégie à s’adapter à la nouvelle réalité et à modifier leur modèle d’affaires pour assurer la survie de leur entreprise. Il s’agit d’une nouvelle expérience qui est bien accueillie, ont convenu les producteurs rencontrés par La Presse canadienne.

« La COVID nous oblige à tout penser autrement. Nous ne savons pas combien cela va durer, mais il faut s’adapter. J’aime la manière dont cela fonctionne en ce moment parce que cela me permet de renouveler notre expérience client », mentionne Michel Jodoin, de la cidrerie du même nom.

L’achat en ligne, un must

Depuis le 25 juin dernier, les producteurs de vin et de cidre peuvent à nouveau organiser des dégustations. L’implantation des mesures sanitaires rendra très différent le déroulement de ces activités qui font la réputation de la région, obligeant les producteurs à se réinventer pour attirer à nouveau la clientèle.

M. Jodoin ne cache pas être en mode solutions avec la saison des pommes qui approche à grands pas. « Je n’ai pas d’idées fixes, mais je me permets de réfléchir et d’être à l’écoute de nos clients. Je m’adapte tous les jours », ajoute-t-il.

L’entreprise a profité de la crise actuelle pour changer son statut pour devenir conseiller en cidre. Même si elle ne fait pas de dégustation sur place, pour l’instant, le personnel de la cidrerie prend davantage de temps pour expliquer les différents produits aux clients. Il ajoute que sa production a d’ailleurs crû de 18 % depuis le 30 novembre dernier, car l’entreprise s’est rapidement tournée vers l’achat en ligne.

« Nous n’avons jamais vu autant de nouveaux clients comme nous en avons cette année et l’achat local, cela fonctionne. Les gens vont créer une plus grande habitude d’acheter localement et les achats en ligne, cela risque aussi d’être prometteur », dit Michel Jodoin.

Vivement la livraison !

Pour Jean-Pierre Potelle, du Domaine Cartier-Potelle, le fait de recommencer les dégustations est très bien perçu, mais il reconnaît toutefois que la partie n’est pas gagnée. « Nous travaillons fort pour tenter de nous accommoder au mieux à notre clientèle, tout en respectant les exigences du gouvernement », croit M. Potelle, qui siège aussi sur l’exécutif de l’Association des producteurs de cidre du Québec.

La pandémie a fait des ravages très importants parce que l’entreprise est aussi axée sur l’agrotourisme. M. Potelle affirme avoir essuyé une perte de revenus de l’ordre de 30 à 35 % en raison des différentes annulations faites pour Pâques, la fête des Mères et la fête des Pères. Il a pu limiter les dégâts en s’adaptant rapidement à la nouvelle réalité liée à l’achat local et à la livraison auprès des épiceries et des particuliers.

« Cette situation coïncide avec notre première année où nos vins rentrent à la SAQ. Cela est donc devenu très intéressant, pour rejoindre une clientèle qui ne peut pas nécessairement se déplacer. Nous sommes donc parvenus à rééquilibrer le tout », enchaîne Jean-Pierre Potelle.

Exploiter les réseaux sociaux

La cidrerie Michel Jodoin, le Domaine Cartier-Potelle et le vignoble et cidrerie Coteau Rougemont sont tous unanimes : l’utilisation des réseaux sociaux, notamment Facebook et Instagram, a été très déterminante dans la mise en place de promotions. Les trois producteurs l’utilisaient peu avant la crise, mais l’effet de la pandémie s’est avéré une révélation sur l’utilisation de cet outil pour attirer à nouveau la clientèle.

PHOTO FRANCOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Le vignoble et cidrerie Coteau Rougemont

« Nous avons aussi ouvert une boutique en ligne en l’espace de quelques heures. Nous avons élargi ainsi notre clientèle et avec l’engouement pour l’achat local, nous constatons maintenant qu’il y a de plus en plus de gens qui nous suivent », soutient Michel Robert, de Coteau Rougemont.

« Exploiter l’aspect humain par le biais de nos publications et les émotions via les réseaux sociaux, c’est gagnant », se permet d’ajouter Jean-Pierre Potelle.

Demeurer à l’écoute

Les trois producteurs rencontrés s’entendent pour dire que la situation unique dans laquelle le Québec est plongé depuis les derniers mois doit leur permettre de développer de nouvelles façons de faire qui seront gagnantes au développement de leur entreprise respective.

« Nous devons nous adapter à la volonté de notre clientèle. Nous avons beaucoup d’idées que nous souhaitons mettre en place, mais nous sommes encore à regarder comment nous pouvons les appliquer », dit Michel Jodoin.

« Nous demeurons prudents et nous ne voulons pas aller trop loin afin de ne pas chambouler les habitudes des consommateurs. Les gens trouvent la situation dommage, mais la clientèle est très compréhensive de la situation », ajoute pour sa part Michel Robert.