(Paris) Après le succès du cognac, du bourgogne et des vins de Loire en 2019 à l’étranger, la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux craint une année 2020 « difficile » en raison des incertitudes pesant sur ses trois principaux marchés, États-Unis, Chine et Grande-Bretagne.

Entre les taxes américaines, l’impact économique du coronavirus en Chine et le Brexit, ces trois pays qui représentent plus de 50 % des exportations françaises d’alcool subissent un « environnement commercial particulièrement incertain », a souligné la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux lors d’une conférence de presse mercredi au salon Wine Paris-Vinexpo.

Aux États-Unis, premier marché d’exportation, « nous sommes face à une année d’incertitudes majeures », a commenté Antoine Leccia, président de la FEVS et patron de la maison de vins de terroirs AdVini.

« Nous saurons probablement le 14 février au soir ou le 15 si les États-Unis vont modifier les produits soumis aux taxes, s’ils en retirent, ou s’ils en ajoutent », a souligné M. Leccia en évoquant le système « carrousel » de taxes douanières tournantes en vigueur aux États-Unis.

Déjà avec l’imposition de surtaxes de 25 % par l’administration Trump le 18 octobre sur certains alcools, un tiers des entreprises du secteur anticipent une perte de plus de 50 % de leur chiffre d’affaires aux États-Unis en 2020, a-t-il dit.

Les taxes, qui ne touchent ni les vins italiens ni les portugais, ont mis un sérieux coup d’arrêt aux expéditions françaises vers ce pays, et menacent les efforts réalisés depuis une dizaine d’années par les grandes maisons françaises sur le marché américain, premier pays consommateur de vin au monde.

L’Association du whisky écossais a déjà fait part mardi d’une chute de 25 % des exportations de ce produit vers les États-Unis au quatrième trimestre.

La guerre commerciale frappant des deux côtés de l’Atlantique, la fédération américaine des spiritueux a aussi annoncé mercredi que les exportations de whiskys américains vers l’Union européenne avaient chuté de 27 % en 2019. Elles sont frappées par une taxe de 25 % imposée depuis juin 2018 par Bruxelles en représailles à des sanctions américaines touchant l’acier et l’aluminium.

Les exportateurs s’estiment victimes de conflits qui ne les concernent pas.

« Airbus a pris 170 millions d’euros de taxes américaines dans le conflit Airbus-Boeing et la filière viticole française 300 millions d’euros », souligne un responsable pour justifier la demande de création d’un fonds de compensation adressée au gouvernement français. Le président de la FEVS rencontrera le PDG d’Airbus vendredi prochain pour lui exposer la situation.

La Bourgogne vend plus et mieux

Sur le marché chinois, où les ventes de vins français ont reculé de 16 % en volume et de près de 15 % en valeur en 2019, les exportateurs craignent autant le ralentissement de la croissance du pays que les effets de l’épidémie de Covid-19, le nouveau coronavirus isolé en Chine.

L’épidémie a notamment provoqué l’annulation du grand salon du vin de Chengdu du 26 au 28 mars.

Finalement, le sujet Brexit, qui a longtemps inquiété la sphère viticole, paraît être le moins difficile. En 2019, les ventes de vins français se sont envolées outre-Manche (+7 % en valeur, +3 % en volume).

Au total, sur l’année, les exportations françaises affichent d’ailleurs un bilan très flatteur, même s’il est en « trompe-l’œil » en raison des incertitudes qui planent : hausse de 5,9 % en valeur à 14 milliards d’euros, et de 0,7 % en volume (195 millions de caisses).

Soit un excédent commercial en croissance de 8,5 % à 12,7 milliards d’euros, qui s’affiche en deuxième position, derrière celui de l’aéronautique (31 milliards d’euros), et juste devant celui du secteur du luxe (cosmétiques et parfums), à 12,5 milliards d’euros.

Dans le détail, la hausse la plus importante du chiffre d’affaires export revient aux vins de Bourgogne (+8,1 %), suivis par les mousseux (+7,9 %) et les vins de Loire (+6,1 %), ainsi qu’aux vins sans indication géographique (+5,3 %).

Viennent ensuite les vins du Val de Loire (+8,6 %) et ceux de Provence (+8 %).

Dans le domaine des alcools, le cognac continue de régner en maître, avec +11,4 % en valeur à 3,4 milliards d’euros de ventes, et +6,6 % en volume à 17,8 millions de caisses de 12 bouteilles.