Alice Feiring fait partie, à n’en point douter, de ceux qui ont fait connaître le vin naturel en Amérique. Elle vient de publier un cinquième livre sur le sujet. Dans Natural Wine for the People, elle revient à la base, offrant des outils aux néophytes qui souhaitent mieux apprécier ces vins bruts échappant bien souvent aux grilles de dégustation classiques.

Nous avons rencontré l’autrice au restaurant Alma, où avait été organisé un petit lancement de son livre, en compagnie de son amie Deirdre Heekin (alias La Garagista), vigneronne vermontoise. Les vins de cette dernière, produits sans aucun additif à trois heures de chez nous, coulaient à flots, ainsi qu’une foule d’autres cuvées d’origines diverses. Mme Feiring vient régulièrement faire son tour à Montréal, qu’elle considère comme l’une des capitales mondiales du vin naturel.

Ses trois premiers ouvrages, La bataille du vin et de l’amour, Le vin nu et Skin contact : voyage aux origines du vin nu, sont traduits en français. Récits fort personnels et colorés, ils se lisent comme des romans. En prime, on y apprend une foule de choses sur les origines du vin, sur les grands mouvements de l’histoire de la vini-viticulture, sur les hommes et les femmes qui travaillent la vigne, etc.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

La vigneronne Deirdre Heekin

Il y a deux ans, la spécialiste des jus vrais faisait équipe avec une autre grande force du vin naturel, Pascaline Lepeltier (Master sommelier et Meilleur ouvrier de France), pour livrer The Dirty Guide to Wine. Ce guide analyse les vins d’une perspective géologique, c’est-à-dire en partant des sols dans lesquels la vigne a poussé, plutôt qu’en s’intéressant uniquement aux cépages.

Natural Wine for the People est encore plus pratico-pratique. Il propose des définitions, des listes de vignerons, de cavistes, de restaurants américains qui célèbrent le vin produit avec le moins d’intervention possible. Il n’est malheureusement pas encore traduit en français. Il faudra donc, pour l’instant, se contenter d’apprendre le vocabulaire du vin naturel en anglais. Mousy (goût de souris), volatility, reduction, etc. !

C’est lors d’une visite chez l’un de ses cavistes new-yorkais préférés, avec l’éditeur du magazine virtuel Punch, que l’idée de ce livre est devenue une évidence. Alice Feiring le voit presque comme un service à la société. Elle aurait préféré écrire un autre récit, mais ce guide tout simple qui déboulonne de nombreux mythes se devait d’exister.

IMAGE FOURNIE PAR LES ÉDITIONS TEN SPEED PRESS

Natural Wine for the People, par Alice Fiering, Ten Speed Press, 175 pages, 24,99 $

Mon ami caviste me disait que des clients entraient dans sa boutique en demandant des vins troubles. Mais tout vin trouble n’est pas naturel et tout vin naturel n’est pas trouble ! Il était temps de remettre certaines pendules à l’heure.

Alice Feiring

Les aventures d’Alice Feiring dans les vignes sans pesticides ont commencé il y a une quinzaine d’années. « J’avais travaillé sur un guide de vins pour Food & Wine. À l’époque, beaucoup de vignerons succombaient aux critères de Robert Parker [critique américain si influent que certains domaines trafiquaient leurs jus pour lui plaire]. Je n’aimais pas les vins. Alors je suis partie en mission pour essayer de comprendre ce qui me déplaisait. » Ça a donné le livre The Battle for Wine and Love, or How I Saved the World from Parkerization.

« Peut-être que je suis attirée par le monde du vin naturel parce que c’est un milieu dans lequel je pense pouvoir faire bouger les choses un peu. Je veux que les gens réalisent que l’aberration, ce n’est pas le vin naturel, même s’il peut être fait de manière maladroite, parfois. L’aberration, c’est le vin courant, plein d’ajouts malsains ! Il faut revenir à la viticulture biologique, au gros bon sens, un point c’est tout ! »

Natural Wine for the People, par Alice Fiering, Ten Speed Press, 175 pages, 24,99 $.