La lutte contre la contrefaçon du vin, phénomène qui s'est accentué depuis l'ouverture du marché chinois, unit aujourd'hui tous les acteurs de la filière, auxquels Vinexpo, plus grand salon mondial du vin qui se tient jusqu'à jeudi à Bordeaux, tente de présenter des solutions, souvent à base de QR codes.

Il n'y a pas de chiffre officiel sur la contrefaçon du vin en Chine, mais certains experts avancent que jusqu'à 40% des vins importés qui y ont été, ou sont encore consommés, seraient des faux : étiquettes imitées, voire mauvais vin embouteillé dans d'authentiques bouteilles de grands crus vides vendues au marché noir.

Une situation qui suscite la vigilance des autorités chinoises, notamment après le scandale du lait en poudre frelaté, qui avait causé en 2008 la mort d'au moins six enfants dans le pays.

«Le gouvernement chinois prend la chose très au sérieux», confirme le directeur de Vinexpo, Robert Beynat. «Il fait aujourd'hui preuve d'une coopération extrêmement positive, ce qui n'était pas forcément le cas il y a une dizaine d'années».

L'organisation internationale de standardisation à but non lucratif, GS1, avance une solution reposant sur les QR codes, qui permettent, grâce à untéléphone intelligent et une connexion internet, d'obtenir des informations d'authentification sur le parcours de la bouteille. De telle sorte que les incongruités, notamment géographiques, se voient vite.

«On ne fait que transposer sur d'autres produits cette solution, imposée par la loi sur les médicaments en Europe», indique Pierre Georget, directeur général de GS1 France.

Partant du constat que «tout marquage sur un produit peut-être reproduit un jour par un contrefacteur», le seul moyen selon lui de pouvoir garantir une authenticité «c'est d'avoir accès, comme avec les QR codes, à l'ensemble de la vie du produit».

Également, contre le risque sanitaire

Système «simple et non coûteux» selon lui, il ne nécessite pour l'heure qu'une mise à disposition à des tiers de ces données qui n'appartiennent aujourd'hui qu'à l'entreprise.

L'organisation mondiale des douanes a d'ailleurs adopté ce système et développé son propre portail internet pour que les agents du monde entier aient accès à de telles données.

«C'est une solution standardisée qui est en train de s'imposer» et «tout producteur de vin peut rapidement l'utiliser», a ajouté M. Georget, prévoyant ainsi que ces QR codes vont désormais fleurir sur toutes les étiquettes.

Un QR code est d'ailleurs aussi présent dans la solution proposée par la firme Tesa scribos. Sur l'étiquette autocollante rajoutée sur la bouteille figure également une structure holographique à la technologie unique à trois niveaux d'identification.

Un premier code propre à chaque bouteille est visible à l'oeil nu. Un second en microtexte se déchiffre à l'aide d'une loupe. Et un troisième niveau d'identification caché, et réservé à un expert ou un grand distributeur, nécessite un filtre spécifique pour être lu.

Le QR code permet au consommateur d'entrer sur le site internet du vin, où il lui faudra encore taper le code visible à l'oeil nu. Ce système payant, de 4,5 à 5,5 centimes, permet au producteur de montrer qu'il lutte de façon engagée contre la contrefaçon.

Pour Damien Guille,  directeur commercial Europe Sud Ouest de Tesa scribos, tout ce système rend la contrefaçon «impossible».

«Le producteur, l'importateur et le consommateur, tous sont demandeurs de ces contrôles et tirent ainsi dans le même sens pour que se développent ces systèmes», estime-t-il.

Le syndicat viticole des Bordeaux et Bordeaux supérieurs, qui effectue 30% de ses exportations vers la Chine et représente une bouteille de vin français sur cinq vendues, a adopté ce système.

Grâce à lui, il souhaite aussi se prémunir «contre le risque sanitaire», explique son président, Bernard Farges.

«Un produit identifié Bordeaux qui contiendrait un produit nocif pour la population après avoir été contrefait, cela serait dramatique en terme d'image», souligne-t-il.