Certains ne s’en souviennent peut-être pas, mais il fut un temps à Montréal où, pour avoir un bon café, il fallait aller dans les troquets des quartiers italiens ou portugais. Et pendant des années, avant d’être remis ensuite au goût du jour par des amateurs épris de café bien peu torréfié, le café filtre a eu la pire des presses.

Bref, le café, la boisson, a traversé les années en se transformant, en renouant avec le passé, pour plonger dans le futur, laissant derrière lui d’incontournables cafés — des lieux — attachés à chacun de ces passages. En voici quatre.

Caffè Italia

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Le Caffè Italia, boulevard Saint-Laurent

Dans les années 80 et 90, à Montréal, si on voulait un bon cappuccino, il fallait aller au Caffè Italia, centre névralgique de la communauté italienne de la Petite Italie, sur le boulevard Saint-Laurent, près du marché Jean-Talon. Ce « bar », puisque c’est ainsi qu’on appelle les cafés en Italie, était tellement emblématique qu’on en a même fait un film en 1985. Avec sa décoration minimale sans facétie, voire un peu terne, et conservée ainsi, volontairement, même avec des rénovations, ce café a traversé les époques. Toujours piloté par différentes générations de la famille Serri, celle du fondateur qui a ouvert l’établissement en 1956. Particularité, contrairement à ce qu’on voit en Italie, on peut s’asseoir au bar. Et on y propose toujours du café bien torréfié, à l’italienne, d’un goût qui évoque celui que l’on boit en Italie, partout, autant dans les arrêts routiers, où le cappuccino est souvent impeccable, que dans les cafés de Naples, où on fait les plus courts espressos du pays.

6840, boulevard Saint-Laurent, Montréal, 514 495-0059

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Café Olimpico

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Le café Olimpico, rue Saint-Viateur Ouest

Autre endroit classique pour boire un café à l’italienne, donc préparé avec des grains bien noirs : le café Olimpico, dans le Mile End. Il y a aussi des succursales au centre-ville, boulevard Robert-Bourassa et dans le Vieux-Montréal, en bas de l’hôtel William Gray, mais celui de la rue Saint-Viateur Ouest est vraiment le plus emblématique. On dit que le café peu ou sous-torréfié, qui a conquis les cœurs des milléniaux ces dernières années, est le plus prisé des amateurs. Mais dans le Mile End, ils font quand même honneur à cette institution fondée en 1970, dont la décoration axée sur le sport n’a pas changé depuis.

124, rue Saint-Viateur Ouest, Montréal, 514 495-0746

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Café Saint-Henri 

PHOTO YAN DOUBLET, ARCHIVES LE SOLEIL

Le café Saint-Henri, un incontournable

J’ai commencé à suivre les aventures du torréfacteur Jean-François Leduc en 2006, après avoir entendu parler de son projet d’amener le café troisième vague (third wave), donc post-Starbucks, à Montréal par… sa mère ! C’est trois ans après avoir ouvert et tenu le Café In Gamba, en 2007, où il vendait des grains torréfiés par d’autres petites entreprises artisanales vouées à faire connaître le café de qualité, provenant de cultivateurs indépendants, post-industriels, que le diplômé en droit a décidé de se lancer lui-même dans l’aventure en 2010. Ainsi est né le café Saint-Henri, rue Notre-Dame, près du marché Atwater, dans un quartier encore très peu transformé. Il s’agissait d’abord d’un lieu où boire une bonne tasse et d’un atelier de torréfaction, mais aussi d’éducation sur la complexité du café. Depuis ce temps, Leduc et son équipe ont ouvert plusieurs autres succursales et une petite usine de torréfaction près du parc Jarry, mais le café de Saint-Henri demeure un incontournable, surtout si vous aimez le café filtre bien préparé, puisque cela fait partie de ce que cet endroit nous a fait réapprendre.

3632, rue Notre-Dame Ouest, Montréal, 514 543-7468

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Café Myriade

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Le café Myriade du centre-ville

Au milieu des années 2000, il y avait donc Jean-François Leduc de Saint-Henri qui voulait faire connaître le café de qualité, mais aussi Anthony Benda, que j’ai d’abord connu dans un café du boulevard Saint-Laurent, depuis fermé. Déjà à cette époque, il servait des grains torréfiés par l’entreprise 49th Parallel de Vancouver, une nouveauté alors sur le marché. Puis en 2009, Benda est parti au centre-ville avec un associé, à deux pas de l’Université Concordia, rue MacKay, pour ouvrir son propre café, où il a continué de préparer ristretti et autres latte avec les grains de 49th, mais aussi en important d’autres marques indépendantes. Et rapidement aussi, il a été un précurseur dans ses choix de laits de qualité proposés par des marques artisanales. Depuis, plusieurs autres café Myriade ont ouvert, mais je continue d’aller rue MacKay, si je suis au centre-ville, pour un cappuccino matinal toujours impeccable. On peut aussi y boire des cafés préparés avec les autres techniques remises au goût du jour, comme le filtre et l’infusion.

1432, rue Mackay, Montréal, 514 939-1717

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