(Paris) Une bière « au goût de liberté », l’émotion d’un café en terrasse, un « grand jour » pour les restaurateurs : les Français ont retrouvé avec plaisir mardi les terrasses des cafés et restaurants autorisées à rouvrir après de longues semaines de confinement.

À l’heure de l’apéritif, en cette après-midi ensoleillée, les terrasses du populaire 10e arrondissement de Paris sont bondées.

Dès 17 h, les premiers habitués se sont précipités : « On guettait l’ouverture de la terrasse, on était là les premiers », rigolent Yoann, Vincent, Paul et Antoine, trois bières et une grenadine sur la table.

« Ça fait du bien d’être entre copains aussi », explique Yoann, quand Vincent décrit cette première bière et son « goût de “reviens-y” ».

Pour Gaspard, 33 ans, qui entame sa deuxième pinte : « c’est plus qu’une simple bière ». Quelques rues plus loin, dans un autre bar, Adèle, 21 ans, fait le même constat, en sirotant sa bière « au goût de liberté ».

La France a été durement touchée par l’épidémie de COVID-19 qui a fait près de 30 000 morts et provoqué un quasi-arrêt de l’économie. Mais grâce à la poursuite du ralentissement de l’épidémie depuis le début du déconfinement le 11 mai, le gouvernement a décidé le passage en phase 2 de ce déconfinement, synonyme d’un quasi-retour à la normale.

En région parisienne, seules les terrasses des restaurants et cafés ont toutefois été autorisées à rouvrir, avec une distance minimum entre chaque table.

Et même si cette contrainte a obligé les restaurateurs à réduire le nombre de tables disponibles, ils partagent le plaisir de pouvoir à nouveau recevoir des clients.

« On revit », se réjouissent en cœur Kevin Amar et Matthias Leveque, patrons du Verre Taquin, près du canal Saint-Martin.

« Ça fait du bien »

PHOTO BERTRAND GUAY, AGENCE FRANCE-PRESSE

Les cafés, bars et restaurants sinistrés par plus de deux mois de fermeture sont enfin autorisés à accueillir du public. Mais en zone orange (Paris et sa région, Guyane, Mayotte) encore placée en vigilance face au coronavirus, seules les terrasses peuvent accueillir des clients.

Dès ce matin, le soleil qui baignait la capitale avait poussé les Parisiens à profiter de cette réouverture.

« Le café en terrasse, c’est Paris ! » lance à l’AFP Martine Depagniat, installée à une table au Café de la Comédie, au cœur de la capitale.

Cette employée au Musée du Louvre voisin, portant masque et lunettes de soleil, se dit « presque émue » en appréciant son café fumant, confiant que le « goût de l’espresso » lui avait bien manqué. « Je pense que les gens ont besoin de retrouver une normalité », même s’« il y a aussi une part d’appréhension », confie-t-elle. « S’il y a trop d’insouciance trop vite... faudrait pas qu’il y ait un retour de l’épidémie ».

« Ça m’a énormément manqué... je suis une afficionada des terrasses ! » lance à l’AFP Rachida, Parisienne de 70 ans, dans un grand sourire qui se devine derrière son masque.

Elle ne boude pas son plaisir en rejoignant la grande terrasse ouverte du restaurant La Consigne à Romainville, proche banlieue populaire de Paris.

Et chez les passants qui s’arrêtent pour entamer la conversation avec certains clients, les mots « ça fait du bien » reviennent souvent.

Quelques tables plus loin, Thérèse Houdry, 85 ans, contemple son espresso avec gourmandise. Le café du matin en terrasse ? « C’est indispensable, ça fait du bien, on revit ! », lâche cette retraitée originaire du nord de la France, où la vie des cafés est particulièrement importante dans le quotidien des habitants.

S’affairant autour de la machine à café de La Consigne, des yeux verts pétillants surmontant son masque, Emma Gil, 35 ans estime ne pas avoir eu l’impression de perdre le lien avec les clients, grâce à la vente à emporter qu’elle a assurée depuis quelques semaines.

Mais aujourd’hui, « c’est la libération ! c’est un grand jour, on est très content... », lance la serveuse.

Pour le propriétaire Marc Durand, 50 ans, la décision de fermeture prise par le gouvernement français était « nécessaire » pour endiguer l’épidémie de nouveau coronavirus, même si cela a été « catastrophique pour notre métier ».

Son confrère, Petro Jaupi, restaurateur à l’Auberge de la Butte aux Cailles, dans le quartier éponyme du sud de Paris, espère de son côté que les clients vont revenir.

« Nous on veut juste pouvoir faire notre travail », conclut-il.