Il fait bon troquer les bouchons de Montréal contre les vallées de Lanaudière. Voici un circuit de cinq adresses gourmandes, pour vous donner le goût de cuisiner au retour. Départ dans les terres de Saint-Norbert et arrivée au bord du fleuve Saint-Laurent, à Lanoraie. Sortez vos glacières.

Les Canards d’abord

Il y a six ou sept ans, Christian Biron et Isabelle Chasse, un couple urbain, cherchaient une érablière.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Christian Biron, sa fille Constance et un canard de Barbarie coloré, né le 25 février. Les canards sont élevés pendant 90 jours avant d’être menés à l’abattoir, à l’île d’Orléans.

« Lanaudière nous plaisait », dit Christian, qui a longtemps travaillé en cinéma. Sur Kijiji, le couple a trouvé une ferme à vendre au fond d’un rang, à Saint-Norbert.

Le jour même de leur visite, ils ont acheté ce qui a d’abord été leur résidence secondaire. Depuis quatre ans, ils habitent à temps plein à Saint-Norbert, avec des centaines de colocs : des canards de Barbarie, qui passent leurs journées dans un pâturage.

« J’avais vu Le bonheur est dans le pré d’Étienne Chatiliez, se souvient Christian. Dans ce film, il y a un élevage de canards. Je m’étais dit : “Tiens, ça a l’air le fun.” Quand on a acheté ici, cette idée est revenue. Isabelle m’a dit : “Parfait, fais-moi un plan d’affaires…” »

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« Nous recherchons dans le patrimoine culinaire québécois et dans notre histoire des recettes pour la transformation de nos canards et la préparation de nos terrines, dit Christian Biron, des Canards d’abord. C’est un pivot central de notre démarche. »

Cette année, de 600 à 700 canards de Barbarie colorés — certifiés bios — seront élevés aux Canards d’abord, en plus de 40 oies. Si les canards ne se sauvent pas d’un coup d’aile, c’est qu’ils n’en ont pas envie.

« Ce sont des animaux de basse-cour, explique Christian. S’ils partent, ils savent qu’ils perdent leur accès à la sécurité et à la nourriture. La seule altération qu’on fait, c’est après la naissance, quand on coupe le bout de leur bec au laser. »

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Les canards sont élevés sans antibiotiques, sans hormones de croissance, sans pesticides ni OGM.

Sinon, les oiseaux — plus canards que copains d’abord — s’infligent trop de blessures… Sur place, on peut acheter des découpes (poitrine, cuisse, aiguillette, etc.), de la viande séchée ou confite ainsi que des produits transformés, comme des terrines, des saucisses et des burgers.

Appelez avant de passer.

3921, rang Sainte-Anne, Saint-Norbert

https://www.lescanardsdabord.com/elevage/

Les p’tits fruits de Marie

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Marie-Pier Dubé et Francis Richard, des P’tits fruits de Marie à Saint-Norbert. Leur kiosque est ouvert pour le troisième été, jusqu’à la fin d’octobre.

Marie-Pier Dubé tend une asperge violette Purple Passion, dont elle vient de casser la tige, accroupie dans son jardin. « Goûte », nous enjoint-elle.

Croquer dans une asperge crue ? Oui, et c’est fantastique, pas fibreux du tout. « C’est le temps d’entreposage qui rend l’asperge fibreuse », explique la copropriétaire des P’tits fruits de Marie, avec son conjoint Francis Richard.

On aurait tort de ne pas s’arrêter au joli kiosque de Marie-Pier, où l’on peut acheter des fruits et légumes, des œufs de caille et de poule, en plus de produits (miel, agneau, etc.) d’une douzaine de producteurs des alentours.

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Œufs de cailles élevées par Marie-Pier Dubé. Elle en met, cuits durs, dans le lunch de ses enfants !

Si on a du temps, il est possible de cueillir soi-même ses asperges, fraises, concombres, cerises de terre, etc.

Cette ex-serveuse, qui a de l’énergie à revendre, a plein d’autres projets : un élevage d’escargots complétera bientôt sa champignonnière et un sentier d’interprétation doit être mis en place.

Ses cultures ne sont pas certifiées bios, mais Marie-Pier assure ne pas utiliser de pesticides.

Ouvert tous les jours de 9 h à 19 h, mais mieux vaut appeler pour s’annoncer.

2475, chemin du Lac, Saint-Norbert

https://www.facebook.com/lesptitsfruitsdemarie/

Fromagerie Domaine Féodal

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Guy Dessureault et Lise Mercier, propriétaires de la fromagerie Domaine Féodal, proposent 12 fromages faits avec le lait de vaches vivant dans un rayon de 5 km.

Le Noble, un fromage à l’arôme de champignon frais, a remporté le prix du meilleur fromage à pâte molle et fleurie au Concours international des fromages SIAL, tenu en avril à Toronto.

Ça tombe bien : la fromagerie Domaine Féodal, qui produit Le Noble, est sur notre chemin. On y trouve une agréable boutique, ouverte tous les jours à l’exception du dimanche.

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Le Noble de la fromagerie Domaine Féodal, aux saveurs de beurre et de crème, a remporté le prix du meilleur fromage à pâte molle et fleurie au Concours international des fromages SIAL, tenu à la fin d’avril à Toronto.

Lise Mercier et Guy Dessureault, propriétaires du Domaine Féodal, y proposent 12 fromages faits avec le lait de vaches vivant dans un rayon de 5 km.

Quant au lactosérum, il est envoyé par canalisation dans la porcherie voisine. « Les petits cochons regardent l’heure tellement ils ont hâte d’avoir le lacto, plaisante Guy Dessureault. Ils adorent ça. »

Quant à Lise et Guy, ce qu’ils regardent, ce sont leurs chiffres des ventes. Depuis septembre 2017, l’Union européenne peut progressivement exporter au Canada 17 700 tonnes de fromages, ce qui entraîne des pertes de marché de 100 millions par année, selon les Producteurs de lait du Québec.

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La fromagerie Domaine Féodal est sur notre chemin. On y trouve une agréable boutique, ouverte tous les jours, à l’exception du dimanche.

« Il faut dire aux gens de venir nous voir en région », souligne Lise.

Ouvert tous les jours, sauf le dimanche.

1303, rang Bayonne Sud, Berthierville

https://fromageriedomainefeodal.com/

Jardin bio Mattéo

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« Mon gros bonheur, c’est d’aller dans la serre en février, pour jouer dans la terre », dit Mattéo Picone, du Jardin bio Mattéo.

On connaît les postes d’essence en libre-service. Moins les kiosques maraîchers qui fonctionnent « sur l’honneur ».

Au Jardin bio Mattéo, s’il n’y a pas d’employé en vue, on choisit ses légumes, ses œufs et son pesto, puis on laisse la somme d’argent de son choix, en s’inspirant d’une liste de prix suggérés. « C’est une formule que je mets à l’essai », dit Mattéo Picone, propriétaire.

Élevé dans le béton de Montréal-Nord, ce grand gaillard s’est établi à Saint-Cuthbert en 2002, pour élever ses enfants — il en a quatre — à la campagne.

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« Ça ne goûte pas pantoute la même chose qu’à l’épicerie », souligne en souriant le maraîcher.

Conseiller pédagogique à Montréal, il a créé son entreprise de maraîchage biologique il y a deux ans, après des années de jardinage en dilettante.

« Je m’étais dit : à 40 ans, je fais juste ce que j’aime, explique-t-il. J’ai un métier intellectuel. Quand j’arrive ici, je baisse la tête pour travailler la terre et quand je la relève, trois heures ont passé. »

Cette année, les cultures extérieures ont du retard, en raison du printemps froid et peu ensoleillé. Mais dans les deux serres de Mattéo, c’est le jardin d’Éden : les plants de concombres grimpent comme des haricots magiques, les laitues sont luxuriantes et les carottes, prêtes à être croquées.

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Dans les deux serres de Mattéo, c’est le jardin d’Éden.

« Ça ne goûte pas pantoute la même chose qu’à l’épicerie », souligne en souriant le maraîcher. « J’ai investi 250 000 $ en deux ans et demi, précise Mattéo. C’est ce que ça coûte. Quand tu paies ta laitue 1,25 $, je suis triste pour le producteur. »

Pourquoi avoir choisi le bio ? « Parce qu’on fonce dans un mur, répond-il. Je veux laisser à mes enfants quelque chose de beau. »

Ouvert tous les jours.

1451, route 138, Saint-Cuthbert

http://jardinbiomatteo.com/

Folle farine

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Denis Champagne et Diane Destrempes dans un de leurs champs de blé, semé l’automne dernier.

« C’est frais moulu », dit Diane Destrempes. Elle ne parle pas de café, mais de ses farines. Les nombreux tracteurs — et les hauts silos à grains — ne trompent personne : nous sommes à la ferme céréalière Diane & Denis, qui a la chance de jouxter le fleuve Saint-Laurent, à Lanoraie.

« C’est la ferme de mon arrière-grand-père », indique Denis Champagne, conjoint de Diane, en nous emmenant au champ de blé dans sa camionnette. En 2014, les agriculteurs ont pris le virage biologique, pour diverses raisons. « Ça nous ramène à la base », résume Diane.

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Présentées dans un mignon emballage sous le nom de Folle farine, ces farines sont offertes dans une quarantaine de points de vente et à la ferme (à condition de téléphoner avant).

Elle a eu l’idée d’acheter un moulin, pour moudre à la ferme une partie de leurs grains. À l’hiver 2018, la production de farines d’épeautre, de blé, de sarrasin et de seigle (toutes intégrales et bios) a commencé.

Présentées dans un mignon emballage sous le nom Folle farine, elles sont offertes dans une quarantaine de points de vente et à la ferme (à condition de téléphoner avant).

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Les nombreux tracteurs — et les hauts silos à grains — ne trompent personne : nous sommes à la ferme céréalière Diane & Denis, qui a la chance de jouxter le fleuve Saint-Laurent, à Lanoraie.

L’aménagement d’une vraie boutique, où il sera possible d’acheter la farine en vrac, est prévu. « On s’aperçoit que la demande est là », constate Diane, dont l’idée n’était pas aussi folle que la farine.

Appelez avant de passer.

327, Grande-Côte Est, Lanoraie

http://follefarine.com/

Merci à Julie Armstrong-Boileau, responsable des communications et du marketing au Musée d’art de Joliette, à Éliane Neveu, directrice générale des Fêtes gourmandes de Lanaudière, et à Éliane Larouche, de Tourisme Lanaudière, pour leurs suggestions.