Voilà sept ans maintenant que la cuisine de rue est finalement revenue à Montréal, où elle était interdite depuis les années 60. Il était temps, quand tout a commencé à bouger en 2012, que la ville redécouvre le plaisir de manger dehors en donnant la chance à des marchands ambulants d’apporter de la diversité et de la qualité en plein air, que ce soit dans des déserts alimentaires ou à notre carrefour préféré.

D’année en année, le projet a évolué. Les camions sont apparus, ils ont disparu, ils ont changé. L’offre est surtout diversifiée dans les festivals et événements et pour les partys privés. Et à mon goût, il pourrait y avoir un nombre plus grand de bons camions qui sillonnent les rues le midi. Et plus de fattouche, de falafels et de laksa et moins de burgers et de poutine. Mais bref, où en est-on aujourd’hui ? Quels sont nos fournisseurs préférés ? En voici quatre.

Grumman78

Choisi meilleur camion de l’année aux Lauriers de la gastronomie, le Grumman78 a été la première cantine à roulettes à recommencer à sillonner les rues de Montréal avec ses tacos revisités. Aujourd’hui, ce camion de cuisine d’inspiration mexicaine créative demeure un des meilleurs en ville. Et un des plus riches, avec son long menu. Les tacos sont soignés, originaux. Pensez poulet jerk, crevettes & chorizo ou fromage et courge pour les végés. On aime le ceviche de crevettes aussi, ou encore la salade au pain de maïs et aux tomates, un classique depuis les tout débuts. Comme le veut le règlement, le Grumman78 a également pignon sur rue, à Saint-Henri. Et c’est aussi un endroit décontracté et sympathique, avec une excellente carte de vins nature.

Ô sœurs volantes

Je suis allée essayer les camions de cuisine de rue le premier vendredi de juin, où, comme le veut la tradition des premiers vendredis du mois, tous les camions se retrouvent sur l’esplanade du Parc olympique. Il y avait une foule incroyable, pour ne pas dire insupportable, et des files d’attente vraiment très longues partout, notamment au camion de Mignon, des spécialistes des churros qui font un tabac. Je n’ai jamais réussi à goûter aux beignets en question, mais je me suis commandé des boulettes et une salade chez Ô sœurs volantes, où la file était courte. Et ce fut très chouette. Autant la salade au gravlax, toute simple, servie dans une tortilla que les boulettes « bcbg » au bœuf, cheddar, bacon et grains. Il y avait même des boulettes « tao » au tofu, avec une sauce gingembre et échalote, malheureusement un brin trop sucrée à mon goût, mais sympathique. Le genre de camion où on propose aussi de la limonade à la clémentine ou de la soupe froide aux petits pois et à la menthe. Chouette.

Traiteur Guru

Je me suis retrouvée un midi de semaine au pied de la tour olympique, pour essayer la cuisine de Traiteur Guru. En arrivant sur place, au beau milieu d’un champ de béton, je me suis dit que c’était exactement ce que j’avais toujours espéré pour ce mode de restauration. Qu’on apporte, dans les déserts alimentaires, de la cuisine de qualité et diversifiée. En plus, les gens de ce camion joliment décoré avaient un grand sourire – contrairement au vendeur du pas formidable Montréal Dim Sum, croisé plus tard, qui n’a jamais quitté son air renfrogné –, ce qui ajoutait de la gaieté à la scène. Au menu, on s’en tient aux classiques : du poulet au beurre et des samosas. Le poulet au beurre, servi avec du riz, est réconfortant et crémeux à souhait. Les samosas manquent de croustillant. Mais la sauce à la menthe rachète partiellement le tout.

Satay Brothers

Les Satay Brothers ne se baladent pas en camion, mais ils proposent de manger de la cuisine de rue façon Singapour. Leur comptoir est extérieur mais fixe dans un marché – le marché Atwater –, exactement comme on les trouve dans ce petit pays asiatique. Et en plus, le menu est composé de plats singapouriens, pays d’origine de la mère des frères Alex et Mat Winnicki. Donc pensez brochettes de poulet sauce aux arachides, pains de riz briochés cuits à la vapeur, au porc et à la sauce hoisin, légumes sautés, laksa, salade de papaye. Les classiques sont au menu. La file d’attente est parfois longue, mais ça ouvre dès 10 h 30. Et ça vaut la peine, pour un petit dépaysement savoureux et exotique, en plein Saint-Henri. Délicieux.